Splann ! a enquêté sur la casse organisée d’un service public indispensable, notre hôpital. Des ressources humaines aux bâtiments, en passant par le nombre de lits et le système de financement. Nous décryptons tous les aspects d’une destruction programmée, au profit du secteur privé.
Fin 2019, le collectif inter-hôpitaux tirait le signal d’alarme sur l’état du système hospitalier, avec plus de 1.000 chefs de service démissionnant de leurs fonctions administratives dans toute la France. Mars 2020, en pleine pandémie du Covid, chacun applaudissait les soignants aux fenêtres. Cinq ans plus tard, les mesures financières mises en œuvre, Ségur de la santé en tête, n’ont rien résolu, bien au contraire. L’hôpital public doit se saigner, encore et toujours, avec 700 millions d’euros d’économies décidé par le gouvernement pour tout le secteur hospitalier et médico-social.
Splann ! a choisi de faire un état des lieux de l’hôpital public en Bretagne : des cartographies exclusives et un long travail d’enquête permettent d’évaluer précisément l’étendue des dégâts et les attaques répétées contre un droit fondamental : celui de l’accès aux soins pour tous et toutes. Des urgences aux abois, des hôpitaux au bord du gouffre financier, dirigés comme des entreprises, leurs bâtiments vétustes, leurs médecins à bout. Des personnes, les plus fragiles, qui renoncent à se soigner et un secteur privé qui tire son épingle du jeu, sur un marché porteur. (...)
C’est une bataille qui se joue dans les coulisses du droit d’informer. Une bataille que nous livrons depuis maintenant près d’un an. Et qui consiste simplement à récupérer des documents administratifs : les procès-verbaux des conseils de surveillance des hôpitaux publics.
Malgré l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, attaché à la Constitution de 1958, qui dispose que « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration », certains hôpitaux sollicités n’ont pas joué le jeu de la transparence, en refusant de nous transmettre ces PV. Ainsi du CHU de Rennes, de celui de Brocéliande et de Vitré qui ont non seulement refusé de communiquer ces PV mais ont même demandé notre condamnation pour « procédure abusive ».
Un argument balayé par la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) – autorité indépendante qui veille à la liberté d’accès aux documents administratifs – dans un courrier daté du 7 mai 2025 mais qui nous est parvenu le… 29 août. Une latence dans laquelle se sont engouffrés ces hôpitaux qui ont demandé au tribunal administratif de Rennes de « condamner Madame Isabelle JARJAILLE [co-autrice de cette enquête pour Splann !, NDLR] à verser […] la somme de 2000 euros » au centre hospitalier de Brocéliande d’une part et au CHU de Rennes d’autre part, soit 4.000 euros. Lui aussi sans nouvelles de la Cada, le Centre hospitalier de Vitré a également demandé, début juillet, la condamnation de notre journaliste à lui verser 1.500 euros.
Fort de l’avis de la Cada, nous maintenons notre requête. Tout comme celles, concernant le groupement hospitalier Rance-Emeraude, Dinan et Saint Malo, toujours en cours d’instruction auprès du tribunal administratif de Rennes. (...)