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Israël multiplie les opérations militaires illégales en Syrie
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #Syrie
Article mis en ligne le 30 décembre 2024
dernière modification le 28 décembre 2024

Ses habitants ont à peine le temps de célébrer la chute du régime sanguinaire de Bachar al-Assad qu’Israël avance déjà ses pions dans le Golan, suscitant doutes et questionnements.

« Je suis très heureuse que Bachar al-Assad soit tombé, mais en même temps, je ne peux pas me réjouir totalement lorsque je vois qu’Israël bombarde la Syrie », souffle Heba Albene, 42 ans, Druze syrienne de Damas, en référence aux près de 500 frappes israéliennes contre les installations militaires du pays comptabilisées par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). En 2012, cette professeure d’anglais dans une école privée a suivi son mari pour s’installer à Majdal Shams, petit bourg situé au nord du plateau basaltique du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Elle se remémore les espoirs initiaux de la révolution syrienne en 2011 et se rappelle avec stupeur ce moment où ses voisins osaient critiquer le pouvoir . « Moi je n’avais pas ce courage-là » avoue-t-elle, dénonçant en larmes l’éclatement de sa famille disséminée partout dans le monde. (...)

« D’après ce qu’on raconte, les soldats de Tsahal seraient en train d’essayer de convaincre les habitants du Golan syrien de vivre sous leur autorité en disant qu’elles vont les protéger des terroristes de Daesh encore présents », confie-t-elle en pointant du doigt les maisons du Golan près de la ligne Alpha, côté syrien, visibles depuis sa terrasse offrant une vue panoramique sur des collines aux terres brunes. (...)

Cette zone tampon démilitarisée, établie en 1974 et supervisée par la Force des Nations Unies pour l’observation du désengagement (FNUOD), est marquée par des barbelés qui séparent les 1 200 kilomètres carrés du plateau administrés par Israël des 600 autres sous contrôle syrien.

À ce jour, environ 31 000 israéliens vivent là dans des colonies - illégales au regard du droit international - aux côtés de quelque 20 000 Druzes, arabophones, issus d’une communauté religieuse ésotérique d’origine islamique, distincte du sunnisme et du chiisme. La semaine dernière, la Knesset entérinait un projet visant à doubler le nombre de colons dans le Golan occupé a été entériné par la Knesset, le Parlement israélien - et aussitôt dénoncé par l’Arabie saoudite, la Turquie et l’Allemagne. (...)

Les souvenirs lancinants de la dynastie al-Assad et l’annexion israélienne du Golan en 1981 - non reconnue par le droit international - continuent d’alimenter les souffrances des Druzes, séparés de leurs proches en Syrie. (...)

Une première depuis 1974

Ce 11 décembre 2024, des chars et des soldats israéliens continuent à investir la zone tampon, sous le regard vif et curieux d’une vingtaine de journalistes internationaux. « Je n’arrive pas à comprendre ce que fait l’armée exactement » commente Atef Safadi, un photographe druze de Majdal Shams qui travaille pour l’Agence européenne de presse (EPA). « De toute façon, c’est toujours comme ça. Israël ne peut pas s’empêcher d’occuper les territoires des autres. C’est totalement irrespectueux », fustige une habitante anonyme, en observant, sidérée, le ballet des jeeps militaires derrière la ligne de désengagement.

Quelques heures avant l’effondrement du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier, Tsahal franchissait la zone tampon pour la première fois depuis 1974. « L’accord de désengagement entre Israël et la Syrie qui régissait la région depuis près de cinquante ans est désormais caduc. Nous ne permettrons à aucune force hostile de s’établir près de notre frontière », déclarait le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu dont l’initiative a été dénoncée par l’ONU. Le 9 décembre, les forces israéliennes pénétraient sur le versant syrien du Mont Hermon, culminant à 2 814 mètres. (...)

Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2024, le Service géographique israélien déclarait qu’un tremblement de terre de magnitude 3,1 a été enregistré au même moment où d’intenses frappes de Tsahal pleuvaient sur des sites de dépôts de munition, dans la région côtière de Tartous en Syrie, provoquant la panique des habitants. L’État hébreu jure ne vouloir détruire que des armes susceptibles de tomber entre de mauvaises mains et se félicite que la flotte syrienne soit désormais inutilisable. Le ministre de la Défense, Israël Katz, indique de son côté que ses troupes resteront en Syrie au moins jusqu’à la fin de l’hiver.

« Pas de paix en mettant à genoux les autres »

« Israël commet une erreur fatale en violant l’accord de désengagement de 1974, lui qui avait l’occasion de repartir de zéro et d’établir de nouvelles relations avec la Syrie. Que feriez-vous si votre voisin entrait chez vous brutalement ? » questionne Taysser Maray, 65 ans et directeur de l’organisation Golan For Development qui défend les droits des Druzes du Golan occupé. (...)

Dans le Golan occupé, les habitants ne rêvent que de tranquillité. À Majdal Shams, on raconte qu’après la guerre des Six Jours, les Druzes utilisaient des mégaphones pour communiquer avec leurs proches restés de l’autre côté de la ligne Alpha. Aujourd’hui, Najah Abu Jabal, 58 ans, a pour habitude de passer des appels vidéos, depuis sa terrasse, où elle aperçoit à quelques mètres la maison de son frère Nazeh, de onze ans son aîné, qu’elle n’a vu que deux fois en trente ans. (...)

Si toute la famille se dit fière de ses origines syriennes, le petit-fils de Nahela espère que le Golan restera sous contrôle israélien. « On vit relativement en sécurité ici. Tout ce sang versé en Syrie m’a traumatisé et ne me donne pas envie d’y aller » confie le jeune homme de 20 ans en agitant des photos de victimes de la prison Saidnaya, symbole de la répression sanguinaire de Bachar al-Assad, dont les supplices ont été révélés au grand jour. (...)

Pour Taiseer Maray, nul doute que HTC entamera des négociations de paix avec Israël tout en exigeant la restitution du Golan. « Il est temps pour l’Etat hebreu de tendre la main et d’établir une paix durable au Moyen-Orient. Assez de sang et de larmes versées. »