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"J’ai fini dans la rue" : en Éthiopie, les réfugiés soudanais dans une grande précarité
#Soudan #refugies #migrants #immigration
Article mis en ligne le 15 juin 2025
dernière modification le 14 juin 2025

Depuis le début de la guerre au Soudan il y a un peu plus de deux ans, des millions de personnes ont fui le pays dans les pays voisins, y compris en Éthiopie. Othman, Amjad et Wegdan se sont installés dans la capitale, à Addis Abeba. Entre situation administrative complexe et manque total de ressources, ils se disent aujourd’hui "dans l’impasse". Reportage

(...) depuis deux ans et le début de la guerre au Soudan qui oppose les Forces armées soudanaises (FAS) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), plus de 4 millions de personnes ont quitté le pays, d’après l’ONU. Soit "la plus grave crise de déplacement de population au monde", a déclaré le 3 juin Eujin Byun, porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). Toujours d’après l’institution, un peu plus de 163 000 personnes, dont 73 000 Soudanais, ont fui en Éthiopie.

Pour ceux qui souhaitent déposer une demande d’asile, "il faut s’enregistrer aux points d’enregistrement désignés" par le HCR et le Service des réfugiés et des rapatriés (RRS) du gouvernement éthiopien, explique Tarik Argaz, en charge de la communication du HCR en Éthiopie. Ceux-là sont situés le long de la frontière, à Metemma en région Amhara ou à Kurmuk dans le district de Benishangul Gumuz, à l’ouest de l’Éthiopie. En attendant d’obtenir le statut de réfugié, les exilés patientent dans les camps alentours d’Ura et d’Aftit, où ils peuvent bénéficier d’un toit, de nourriture et de soins médicaux. (...)

Mais tous les exilés ne souhaitent pas vivre dans les camps qui leur sont dédiés. En région Amhara, le conflit qui oppose les Fano - milice régionale - et l’armée fédérale, impacte les réfugiés et demandeurs d’asile, qui se retrouvent malgré eux au cœur de nouvelles violences. D’après Human Rights Watch, en 2024, des camps ont été attaqués par des "bandits et des milices". Ceux-ci se livrent à "des meurtres, des passages à tabac, des pillages, des enlèvements contre rançon et des travaux forcés". De nombreux réfugiés préfèrent donc quitter ces endroits pour les zones urbaines, plus sûres. (...)

"Actuellement, aucun enregistrement n’est possible à Addis-Abeba pour les réfugiés soudanais", confirme Tarik Argaz, du HCR. Un procédé "illégal au regard du droit international. On ne peut pas empêcher les gens de déposer leur demande d’asile", souligne un avocat éthiopien spécialiste des questions migratoires, qui souhaite garder l’anonymat. (...)

Jusqu’à l’automne dernier, les exilés soudanais pouvaient vivre à l’extérieur des camps sans visa, grâce à une décision du gouvernement en ce sens, prise au début de la guerre au Soudan. Mais depuis octobre 2024, cette exemption est suspendue. Les personnes - non reconnues comme réfugiés - souhaitant vivre en dehors des camps doivent désormais s’acquitter d’un visa de 100 dollars à renouveler tous les mois. Dix dollars d’amende sont aussi décomptés chaque jour pour les personnes dont le titre a expiré.

Une situation intenable pour la grande majorité des exilés, et qui a plongé Wegdan dans la précarité et l’angoisse. (...)

"En l’absence d’un soutien adéquat dans les pays voisins du Soudan, certains réfugiés sont contraints de poursuivre leur exil ailleurs, y compris en Libye ou en Europe, affirme le HCR dans un communiqué. Au cours des deux premiers mois de 2025, les arrivées sur le Vieux continent ont augmenté de 38 % par rapport à l’année précédente". (...)