
Co-financé par l’Éducation nationale et le ministère de l’Intérieur, le dispositif "Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants" (OEPRE) propose aux parents étrangers d’enfants scolarisés en France des ateliers mêlant français et compréhension du système éducatif. Un moyen de faire entrer les parents dans les établissements scolaires pour leur permettre de mieux suivre la scolarité de leurs enfants. À Bonneuil-sur-Marne, InfoMigrants a suivi ces ateliers au collège Paul Éluard. Reportage.
Dressé au milieu d’un ensemble de tours de logements sociaux, le collège Paul Éluard de Bonneuil-sur-Marne est en pleine transformation. Entre les bâtiments déjà rénovés et les préfabriqués qui accueillent les salles de classe et les bureaux le temps des travaux, l’établissement est devenu un vrai labyrinthe.
Dans cet environnement de sacs de ciment et plaques d’isolation, deux fois par semaine, une quinzaine de femmes se fraient un chemin pour assister aux ateliers du dispositif OEPRE (Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants). Certaines viennent accompagnées d’un enfant en bas âge en poussette. Pour qu’elles puissent suivre librement les ateliers, le collège Paul Éluard dispose d’une crèche éphémère au sein même de l’établissement. Un impératif pour permettre à ces mères de famille, qui n’ont généralement pas de mode de garde, de prendre un temps pour elles. (...)
Créé en 2008 et co-financé par l’Éducation nationale et le ministère de l’Intérieur, l’OEPRE a pour mission de créer des liens entre le monde scolaire et les parents étrangers qui en seraient éloignés. Cela passe par des interventions sur des thèmes tels que la laïcité, la santé, les dangers des écrans chez les enfants, les démarches administratives, mais aussi la vie affective et sexuelle etc.
Le tout saupoudré de notions de grammaire, conjugaison et orthographe. "L’OEPRE ne sert pas à apprendre le français au sens des cours de langue classiques, mais à apprendre le français pour que les parents puissent avoir un niveau de français qui leur permette d’être parent et de suivre la scolarité de leur enfant", explique Virginie Salvan, conseillère technique pour l’éducation prioritaire et la politique de la ville pour le Val de Marne. (...)
La seule condition d’accès aux ateliers est d’être un parent étranger (allophone ou francophone) d’un enfant scolarisé en France, quelle que soit la situation administrative de la famille.
À Bonneuil-sur-Marne, les participantes reçoivent aussi des formations sur le numérique dispensées par l’association de parents d’élèves PEP94 pour apprendre à utiliser les logiciels éducatifs tels que Pronote ou EduConnect, indispensables pour pouvoir consulter les bulletins de son enfant, écrire à un professeur ou suivre l’organisation d’une sortie scolaire. (...)
Le dispositif OEPRE fait le pari d’une meilleure scolarité des élèves par un plus grand investissement des parents dans la scolarité de leurs enfants. (...) (...)
L’importance de l’implication des parents a été validée par l’École d’économie de Paris dans l’étude d’un programme de mise en relations des professeurs et des parents de collégiens à titre expérimental durant l’année scolaire 2008-2009 dans le Val de Marne.
L’auteur de l’étude note dans son résumé que ces rencontres ont entraîné une plus grande implication des parents dans la scolarité de leurs enfants. "Ce surcroît d’implication s’est également traduit par une amélioration très sensible du comportement des enfants : moins d’absentéisme, moins d’exclusions temporaires, moins d’avertissements en conseil de classe, plus grande fréquence des distinctions lors du conseil de classe (félicitations, encouragements…)", détaille-t-il.
Pour des mères de familles habituées à garder leurs enfants chez elle et à se tenir à l’écart des institutions, franchir la porte d’un établissement scolaire est parfois une épreuve.
"L’idée, c’est que les mamans prennent confiance en elles et osent s’affirmer". Et la recette fonctionne. La dynamique travailleuse sociale assure avoir vu les femmes de l’OEPRE changer. (...)
Certaines ont aussi pu passer un Delf (Diplôme d’études en langue française)".
Réunions parents-profs (...)
Pour d’autres parents, c’est le rapport avec l’école en général qu’il faut améliorer. Faouz est vite gagnée par l’émotion lorsqu’elle évoque les brimades et coups dont elle a été victime durant sa scolarité en Tunisie. Harcelée et humiliée par une professeure, cette mère de trois jeunes enfants s’est montrée méfiante lorsqu’on lui a proposé de mettre son aînée en toute petite section de maternelle, à deux ans et demi. (...)
Finalement, Faouz a parlé de son expérience devant les autres mamans de l’OEPRE et l’entrée à l’école de sa fille lui a permis de faire la paix avec le sujet. (...)