
Comment casser un coup d’Etat et accéder à la démocratie, par la force mais sans la violence, c’est à dire par la détermination du peuple et par des méthodes qui ont fait leur preuve et qui sont devenues de véritables stratégies.
Les supporters de la démocratie politique, des droits de l’homme et de la justice sociale s’inquiètent à juste titre des coups d’État. Ces prises de contrôle brutales de l’appareil d’État se sont produites à maintes reprises au cours des dernières décennies. Des coups d’État ont renversé des gouvernements démocratiques constitutionnels, stoppé des mouvements pour une plus grande démocratie, et imposé des régimes brutaux et oppressifs. Les coups d’État sont l’un des moyens principaux par lesquels les nouvelles dictatures se mettent en place. Ils peuvent aussi entraîner des guerres civiles et des crises internationales. En termes de défense, les coups d’État restent l’un des problèmes majeurs non résolus.
Un coup d’État est une rapide prise de contrôle physique et politique, de l’appareil d’État, par un groupe de conspirateurs s’appuyant sur la menace ou le recours à la violence (...)
Au cours des dernières décennies, des coups d’État ont eu lieu dans des dizaines de pays, dans presque toutes les régions du monde (...)
De gros moyens et des fonds importants sont consacrés aux préparatifs pour résister à une éventuelle invasion étrangère. Pourtant rien ou presque n’est prévu pour préparer les sociétés à faire face au problème de défense posé par les coups d’État, malgré leur fréquence dans la politique mondiale. Il est grand temps d’aborder la défense « anti-coup ».
Comment se déroulent les coups d’État ?De gros moyens et des fonds importants sont consacrés aux préparatifs pour résister à une éventuelle invasion étrangère. Pourtant rien ou presque n’est prévu pour préparer les sociétés à faire face au problème de défense posé par les coups d’État, malgré leur fréquence dans la politique mondiale. Il est grand temps d’aborder la défense « anti-coup ».
Comment se déroulent les coups d’État ? (...)
De gros moyens et des fonds importants sont consacrés aux préparatifs pour résister à une éventuelle invasion étrangère. Pourtant rien ou presque n’est prévu pour préparer les sociétés à faire face au problème de défense posé par les coups d’État, malgré leur fréquence dans la politique mondiale. Il est grand temps d’aborder la défense « anti-coup ».
Comment se déroulent les coups d’État ? (...)
Ceux qui tentent un coup d’État supposent que, lorsqu’ils seront au pouvoir, ils ne rencontreront qu’une résistance minime de l’administration et du peuple. Ils ne peuvent s’appuyer sur cette assomption si la population est mobilisée politiquement, engagée et puissante.
Soutien aux coups d’État
Pour qu’il y ait coup d’État, la condition préalable du succès est que l’on estime les forces d’organisation et de répression des putschistes plus puissantes que les autres institutions et courants d’influence de la société. En bref, la société civile est plus faible que les forces armées. En fait, au cours des dernières décennies, les forces armées de nombreux pays se sont développées au point de devenir les institutions les plus puissantes de la société. Ces forces armées ont souvent été retournées contre la société et la population même qu’elles étaient censé protéger et dont dépendait leur existence. Un coup d’État militaire de ce type est possible si les soldats sont plus loyaux envers leurs officiers qu’envers le gouvernement démocratique. (...)
Tentatives pour prévenir les coups d’État
Bien évidemment, il est préférable d’avoir prévenu les tentatives de coups d’État que d’avoir à se défendre contre elles. Il est donc primordial de savoir comment prévenir et bloquer les coups d’État.
Dans beaucoup de démocraties constitutionnelles, on présume que la démocratie est à l’abri si la constitution et la loi interdisent les coups d’État. L’histoire prouve que cela est faux (...)
Ceux-ci sont en fait toujours fomentés par des groupes qui n’ont aucun scrupule à violer les barrières constitutionnelles et légales pour atteindre leur objectif. Ces dispositions constitutionnelles et légales ne sont pas inutiles, mais elles sont insuffisantes. Il faut se donner les moyens de les faire respecter.
Des personnes et des groupes qui n’hésitent pas à pousser à l’écart ou à assassiner des membres de l’exécutif afin de prendre le pouvoir, n’auront aucun scrupule à enfreindre les barrières constitutionnelles ou légales. Des groupes armés déterminés à « sauver la nation » ou à établir leur propre domination, ne s’arrêteront pas à des considérations légales. Des partis politiques disciplinés qui se considèrent comme les sauveurs du peuple et les bâtisseurs d’une société future idéale ne reculeront devant aucun obstacle pour prendre le pouvoir afin d’accomplir leur mission.
Il faut s’efforcer d’éradiquer les griefs légitimes de la société, mais cela non plus ne suffit pas. (...)
Condamnations et sanctions internationales ont également peu de chances de dissuader des putschistes déterminés. (...) Au mieux elles pourront renforcer les capacités d’une population motivée pour bloquer les tentatives d’usurpation. (...)
II faut donc à l’évidence quelque chose de plus : il faut opposer des barrières fortes aux coups d’État. Ce livret montrera comment ériger ces barrières à l’intérieur du pays, en préparant une politique de défense anti-coups. Cette politique n’aurait pas uniquement le potentiel de mettre en échec les coups d’État. Elle pourrait aussi faire office de dissuasion envers ces attaques, s’appuyant sur la capacité d’une défense efficace.
Les coups d’État ont si souvent réussi que les populations ont tendance à penser qu’il n’existe pas de parade, qu’on ne peut ériger des barrières efficaces. La confusion et le sentiment d’impuissance qui accompagnent souvent les putschs sont aggravés par l’absence de planification, de préparation et de formation de la population. Souvent le coup est soutenu par les forces armées supposées protéger la société, contre lesquelles on ne peut s’opposer militairement, l’angoisse et le désespoir augmentent alors au sein de la population.
Des coups d’État ont été vaincus
Le problème de la mise en échec des coups d’État semblerait insoluble, si l’on oubliait que certains coups d’État ont été vaincus. Malgré des conditions souvent adverses, des civils ont parfois été capables d’empêcher des prises de pouvoir illégales. Ces exemples sont remarquables.
Des coups d’État ont échoué parce que le refus de coopérer et d’obéir avait rompu la liaison prévue entre le contrôle physique des organes officiels et le contrôle politique de l’État. (...)
Les putschistes ont besoin que leur contrôle de l’appareil d’État soit accepté par les personnes et institutions qui détiennent l’autorité politique morale et légitime, qu’il s’agisse d’officiels élus, de leaders moraux, ou de membres de la famille royale.
Le premier principe fondamental de la défense anti-coup est donc de nier toute légitimité aux putschistes. (...)
Le second principe fondamental de la défense anti-coup est de résister aux putschistes par la noncoopération et la défiance. (...)
L’importance de la stratégie
La lutte nonviolente s’est avérée la technique générale la plus efficace en cas de défense anti-coup d’État. Elle évite d’affronter les putschistes avec des armes militaires, domaine où ils ont en général l’avantage. La technique nonviolente maximise aussi le pouvoir des défenseurs, multiplie le nombre potentiel de résistants en face de ceux qui ont la capacité et la volonté de recourir à la violence, et surtout elle contribue à saper le moral et la fiabilité des soldats putschistes.
Les armes, ou méthodes, de la lutte nonviolente - telles que les grèves, les boycotts, la noncoopération politique et les mutineries - ne doivent pas être appliquées au hasard. Ces méthodes ne doivent pas être le fait d’improvisations individuelles, ni venir en réponse d’événements mineurs, ou être appliquées de manière confuse, intuitive ou improvisée. Ces méthodes seront des plus efficaces si elles sont appliquées comme composantes d’une stratégie de défense anti-coup minutieuse, planifiée avec soin.
Il serait téméraire de tenter une défense sans formuler une stratégie de lutte. C’est potentiellement désastreux. L’une des raisons principales d’échec de certaines luttes nonviolentes a été le choix d’une mauvaise stratégie ou très souvent l’absence d’une quelconque stratégie. La stratégie est tout aussi importante pour la lutte nonviolente que pour un combat armé.
Il faut un plan d’ensemble pour gérer le conflit jusqu’au bout. C’est ce qu’on appelle la stratégie globale. (...)