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L’antifascisme s’étend au-delà des grandes villes
#antifascisme
Article mis en ligne le 10 janvier 2025
dernière modification le 8 janvier 2025

Tags nazis, anti-migrants, attaques antisémites... Face à la montée des actes racistes sur tout le territoire, l’antifascisme opère un retour au local. Après ses actions dans les villes emblématiques comme Lyon, Rennes, Paris ou Marseille, il agit désormais dans l’Ain ou les Côtes-d’Armor.

(...) Loin des grandes villes, l’antifascisme se structure. « Mouvement assez logique quand on voit ressurgir, en particulier en milieu rural, des groupes informels d’extrême droite, peu ou pas structurés, qui rassemblent autour d’un passé rural fantasmé », explique Seb ], membre de La Horde, plateforme d’information sur l’antifascisme.
« Un front autonome est nécessaire »

C’est notamment le cas à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), où le Collectif de vigilance antifasciste CVA 22 a rejoint le front commun antifasciste breton, fondé en 2023. Regroupant des militants d’horizons divers, ils partagent le besoin de s’unir face à une extrême droite, institutionnelle comme informelle, décomplexée.

Le point de bascule a été l’abandon, en 2023, d’un projet d’accueil de migrants à Callac après des pressions exercées par l’extrême droite. (...)

En Bretagne, les multiples visages de l’extrême droite ont la particularité de pouvoir s’agréger : des indépendantistes bretons aux membres du groupuscule néonazi rennais l’Oriflamme, en passant par les antennes bretonnes du syndicat agricole la Coordination rurale. « D’où la nécessité de construire un front aussi large de notre côté », dit Camille. (...)

Dernièrement, la tentative d’implantation du syndicat d’extrême droite La Cocarde à l’université de Besançon, mais aussi les incursions violentes du groupuscule néonazi et paramilitaire Vandal de Besak, parmi lesquelles la dégradation de la librairie anarchiste L’Autodidacte et les pressions exercées sur la radio indépendante locale BIP, n’ont fait que renforcer leurs intentions. « Si Besançon a de fortes traditions antifascistes, la création d’un jeune collectif antifasciste dans la petite commune de Montbéliard, ce n’était jamais arrivé », ajoute Luc. (...)

D’autres exemples confirment une percée de l’antifascisme en dehors de ses villes d’implantation ancienne. En 2023 est né le Collectif antifasciste du bassin minier, créé par des habitants d’Isbergues (Pas-de-Calais), une commune de 9 000 habitants située entre Saint-Omer et Arras, dans une région où dix sur douze circonscriptions ont élu des députés du Rassemblement national (RN).

Le Réseau angevin antifasciste (RAAF) a lui aussi retrouvé une certaine vitalité, notamment en luttant contre les universités d’été d’Academia Christiana — une organisation identitaire et catholique traditionaliste fondée par Julien Langella, cofondateur de Génération identitaire —, qui se déroulaient à Bécon-les-Granits, près d’Angers.
Écologistes et antifascistes

Cette restructuration de l’antifascisme dans les territoires se fait en partie main dans la main avec des militants écologistes, notamment par le biais de la lutte contre les grands projets imposés. (...)

Le 5 octobre dernier, plus de 100 bateaux étaient prêts à prendre le large vers l’île du Loc’h, propriété du milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré, pour mettre en lumière la présence de son gardien à terre, le néonazi et ancien du Groupe union défense (GUD) Marc de Cacqueray-Valménier. Les rafales à 30 nœuds ont finalement redirigé la manifestation vers le port de Concarneau où, selon Les Soulèvements de la Terre, « une vague antifasciste a déferlé ». (...)

Des bénéfices mutuels

Face à des adversaires communs, l’alliance entre écologistes et antifascistes sonne avec plus d’évidence. Encore faut-il s’accorder sur les lignes de conduite. Depuis un an, La Nuée et Les Soulèvements de la Terre se réunissent au moins une fois par mois dans l’écoquartier des Vaîtes à Besançon, pour discuter méthodes de lutte. (...)

« Prendre part au combat pour l’écologie sociale est un excellent moyen de renforcer les dynamiques antifascistes sur un territoire, notamment rural. Ces luttes rassemblent et fédèrent, posent la question des communs, permettent de sortir de l’entre-soi militant et de construire de nouvelles alliances », peut-on lire dans l’ouvrage Dix questions sur l’antifascisme, du collectif La Horde, édité chez Libertalia.

Ce n’est toutefois pas la première fois que les antifascistes participent aux mobilisations écologistes. (...)

« Au vu du harcèlement policier disproportionné dont on fait déjà l’objet, des accusations d’écoterrorisme, de la tentative de dissolution des Soulèvements de la Terre et des interdictions de territoire visant les militants contre le projet autoroutier A69, nous avons au contraire tout intérêt à combattre le fascisme et la fascisation de l’État en tant que militants écologistes. »