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le Point
« L’ASE est un service public en ruine » : le cri de colère de Lyes Louffok après le drame de Benfeld
#ASE #enfance #servicepublic
Article mis en ligne le 30 septembre 2025
dernière modification le 27 septembre 2025

ENTRETIEN. Le militant pour les droits des enfants dénonce la violence à laquelle sont confrontés les mineurs placés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Un adolescent de 14 ans a poignardé sa professeure de musique, mercredi 24 septembre, à Benfeld, dans le Bas-Rhin. Au moment où les gendarmes ont voulu l’arrêter, il s’est lui-même poignardé au cou, notamment à la carotide. Il a été pris en charge par les secours avec un pronostic vital engagé. La procureure de Strasbourg a indiqué qu’il souffrait d’une maladie génétique et d’un handicap psychologique. Au collège, il avait fait deux dessins en lien avec le nazisme et était fasciné par les armes. Placé à l’Aide sociale à l’enfance quand il était encore bébé, il a subi des violences en famille d’accueil. Violences pour lesquelles son assistante familiale a été condamnée en justice. Depuis, il était placé en foyer. (...)

Vicent Montalbán Aroca sur Linked In

💬 Un adolescent de 14 ans a poignardé sa professeure de musique, mercredi 24 septembre, à Benfeld, dans le Bas-Rhin. Au moment où les gendarmes ont voulu l’arrêter, il s’est lui-même poignardé au cou, notamment à la carotide. Il a été pris en charge par les secours avec un pronostic vital engagé.

La procureure de Strasbourg a indiqué qu’il souffrait d’une maladie génétique et d’un handicap psychologique. Au collège, il avait fait deux dessins en lien avec le nazisme et était fasciné par les armes. Placé à l’Aide sociale à l’enfance quand il était encore bébé, il a subi des violences en famille d’accueil. Violences pour lesquelles son assistante familiale a été condamnée en justice. Depuis, il était placé en foyer.

L’affaire a rapidement pris une dimension politique, focalisée sur les dessins nazis. Lyes LOUFFOK, ancien enfant placé devenu militant pour les droits des enfants, refuse cette approche réductrice et alerte sur le parcours traumatique de l’adolescent. Dans cet entretien, il dénonce la récupération politique de ce drame et exprime sa colère face à des défaillances chroniques de l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Pour lui, cet adolescent n’est pas seulement un agresseur, c’est aussi une victime d’un système de protection de l’enfance « en ruine », qui n’est plus à même de protéger les mineurs qui lui sont confiés.

Lire aussi :

 (Club de Mediapart)

L’enfer des foyers : le cri actuel de Lyes Louffok contre une maltraitance systémique

Dans L’Enfer des foyers, Lyes Louffok livre un témoignage à la fois intime et implacable sur ce que subissent de nombreux enfants pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Enfant placé lui-même, il raconte l’envers du décor d’un système qui se veut protecteur mais qui, trop souvent, maltraite, abandonne, détruit.

Des familles d’accueil négligentes ou violentes, des foyers où l’on apprend plus à survivre qu’à vivre, puis l’abandon à la majorité sans ressources ni repères : le parcours de nombreux jeunes placés ressemble davantage à un parcours de guerre qu’à une trajectoire de soin. (...)

Le documentaire réalisé par Louffok en prolongement de son livre, Enfants placés : les sacrifiés de la République, vient renforcer cette dénonciation. À travers les visages et les voix de ceux que l’on appelle trop souvent "les enfants de personne", le film donne chair à cette violence institutionnelle que le grand public méconnaît ou préfère ignorer. L’image des enfants ballotés de lieu en lieu, souvent séparés de leur fratrie, privés de parole, surveillés mais rarement écoutés, révèle une mécanique d’effacement de leur humanité. Une mécanique froide, bureaucratique, parfois (souvent de manière dogmatique) franchement inhumaine.

Certes, toutes les histoires ne sont pas tragiques. Il y a des éducateurs admirables, des familles d’accueil engagées, des parcours de résilience. Mais ces exceptions ne doivent pas masquer une réalité systémique de sous-financement, de désintérêt politique, de maltraitance ordinaire. Comme le dit Louffok lui-même : il ne s’agit pas de pointer quelques brebis galeuses, mais bien un système défaillant. Un système qui, malgré les lois et les discours, continue de broyer celles et ceux qu’il prétend protéger, mais également les protecteurs eux mêmes qui souffrent au point de renoncer la mort dans l’âme. (...)

Trop souvent, les éducateurs et les institutions ne cherchent pas à élever les enfants, mais à se protéger d’eux.

Les règles et les protocoles deviennent autant de murs dressés pour éviter la responsabilité morale de l’engagement humain. Dans ces foyers, ce n’est pas l’amour qui soigne, mais la routine qui étouffe. L’autorité sans lien, la surveillance sans écoute, la gestion sans présence. Bref... du Retailleau ou du Darmanin.

Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas seulement le destin de quelques milliers d’enfants. C’est le visage même d’une société. Une société qui tolère que des mineurs (parmi les plus vulnérables) soient maltraités sous sa responsabilité, qui détourne le regard quand l’État devient le premier pourvoyeur d’instabilité, de précarité, de souffrance. Une société qui consacre des milliards à d’autres priorités, mais rogne sur les budgets de l’ASE, refuse de penser en termes d’accompagnement humain, ferme les yeux sur les tragédies du quotidien. Mais enfin les gens...! Que vous faut il de plus ???

Le combat de Lyes Louffok, porté avec courage et détermination, ne peut rester isolé.

Il appelle à une mobilisation citoyenne, politique, éthique. Non pour réformer à la marge, mais pour transformer en profondeur notre conception de la protection de l’enfance. (...)