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Mediapart
L’Assemblée nationale réaffirme le soutien français à l’Ukraine mais expose ses divisions
#guerreenUkraine #Macron #Assembleenationale #Senat
Article mis en ligne le 14 mars 2024

Malgré l’abstention du RN et l’opposition de LFI et du PCF, l’Assemblée a largement validé l’accord de sécurité bilatéral entre la France et l’Ukraine. L’occasion pour les parlementaires français de redire leur soutien à Kyiv, mais aussi d’afficher d’importants différends stratégiques, ainsi que des désaccords sur l’intégration à l’UE et à l’Otan.

Certains s’attendaient à des débats très tendus. C’est finalement dans un calme relatif que se sont déroulées les quatre heures de discussions dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, mardi 12 mars, en fin d’après-midi. Avec au bout du compte un consensus large pour approuver l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine : l’Assemblée l’a approuvé, en début de soirée, à 377 voix pour, 99 contre et 101 abstentions.

Il faut dire que Gabriel Attal, soucieux d’emporter une majorité la plus large possible, a tenté de ne pas cliver outre mesure, avec un exercice d’équilibre délicat : envoyer un message de fermeté sans avoir l’air d’un « va-t-en-guerre » – reproche adressé à Emmanuel Macron depuis sa récente sortie polémique sur l’envoi de « troupes au sol » en Ukraine.

(...) un accord contenant peu de nouveautés et n’ayant pas le statut de traité. Au lieu de cela, les représentant·es des formations politiques ont plutôt saisi l’occasion pour redire la gravité du moment actuel, son caractère historique… et leurs visions opposées de la conduite à tenir pour éviter de courir vers l’abîme d’une guerre mondiale. (...)

L’initiative aurait pu de fait être saluée si elle n’arrivait pas si tard, et si elle n’avait pas été annoncée dans un calendrier particulier : après la signature d’un accord bilatéral de sécurité (et non avant, mettant les parlementaires devant le fait accompli) et après des déclarations très contestées d’Emmanuel Macron sur l’éventuel envoi de troupes au sol. Surtout, ce débat a été annoncé à l’orée de la campagne pour les élections européennes, où l’Ukraine semble vue par la majorité comme un sujet tout trouvé pour décrédibiliser et fractionner son opposition. (...)

Les gauches, désunies sur la manière de mettre fin au conflit

Alors que le camp présidentiel et la droite Les Républicains (LR) ont entériné sans barguigner l’accord, les gauches se sont quant à elles montrées désunies, le PCF et La France insoumise (LFI) ayant voté contre, le Parti socialiste (PS) et les Écologiste, pour.

Ces divisions ne sont pas nouvelles (...)

Dans les tribunes, le débat était écouté attentivement par un spectateur pas comme les autres : l’ambassadeur ukrainien à Paris. Si les désunions françaises sur la conduite à tenir vis-à-vis de son pays ne l’ont sans doute pas rassuré, il a pu se raccrocher à une perspective concrète à moyen terme : toutes les formations politiques ou presque se sont prononcées en faveur de l’utilisation d’avoirs russes gelés pour soutenir financièrement l’Ukraine. « J’espère que nous aurons un débat [à ce sujet] dans les prochaines semaines », s’est réjoui le député Horizons Laurent Marcangeli.

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 (France24)Le Sénat approuve à son tour très largement l’accord de sécurité entre la France et l’Ukraine

Dans un hémicycle qui ne compte aucun élu de La France insoumise et seulement trois du Rassemblement national, l’immense majorité des sénateurs Les Républicains ont voté pour. (...)

Dans un hémicycle relativement clairsemé, les propos controversés du président de la République, Emmanuel Macron, sur l’hypothèse d’envoyer des troupes occidentales au sol ont notamment été au cœur des prises de parole.

"Ces déclarations changeantes, ces tête-à-queue ont eu pour résultat d’isoler la France, de diviser et de déconcerter nos alliés", a lancé le chef de file des Républicains au Sénat Bruno Retailleau, alertant aussi sur l’hypothèse d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’Otan qui l’ont "interpellé". "Notre vote est un vote de soutien à l’Ukraine, en aucun cas de soutien au gouvernement", a-t-il ajouté.

De son côté, Gabriel Attal a maintenu la ligne gouvernementale : "Nous ne nous fixons pas de limite face à une Russie qui, elle, n’en fixe aucune", a-t-il affirmé. (...)