
Les syndicats de l’audiovisuel public, Radio France et France Télévisions en tête, ont annoncé un mouvement de grève de deux jours, lundi et mardi, pour protester contre le projet gouvernemental de rapprochement des entreprises. Le texte doit être examiné mardi en commission à l’Assemblée.
À France Télévisions, l’ensemble des syndicats a déposé un préavis de grève commun, pour les deux journées. À Radio France, l’intersyndicale a appelé à la grève mardi, et le syndicat CGT y a ajouté un deuxième préavis pour lundi, pour s’aligner sur le mouvement à France Télévisions.
Des préavis ont également été déposés dans les deux autres entreprises publiques potentiellement concernées par la réforme, France Médias Monde et l’INA (Institut national de l’audiovisuel).
Outre ces mouvements sociaux, la CGT organise une "soirée festive" lundi, à la Bourse du Travail à Paris, pour contester le projet de réforme porté par la ministre française de la Culture, Rachida Dati. (...)
Le texte sur lequel il s’appuie, une proposition de loi d’origine sénatoriale, doit être examiné mardi en commission à l’Assemblée nationale. Les opposants prévoient un rassemblement près du Palais Bourbon à partir de 14 heures. L’examen du texte dans l’hémicycle est inscrit à l’ordre du jour du 10 avril, mais il pourrait être décalé.
Une évolution du projet initial
Le texte prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait les entreprises concernées, sous l’autorité d’un ou d’une présidente.
"Ce projet de réforme de la gouvernance de l’audiovisuel public et les baisses budgétaires associées auront de graves conséquences s’il est adopté", écrivent les syndicats CGT, CFDT, FO, SNJ et SUD de France Télévisions dans leur préavis de grève.
"Ce projet aura pour conséquence de démanteler notre entreprise en la plaçant sous la tutelle de France Télévisions", jugent quant à eux les syndicats de Radio France dans leur préavis commun pour la journée de mardi.
Contrairement aux plans initiaux, France Médias Monde, la branche internationale de l’audiovisuel public français, pourrait être exclue de cette holding. C’est ce que préconise finalement le gouvernement, dans une évaluation de la réforme consultée par l’AFP. (...)
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– Comment l’audiovisuel public est-il financé dans les autres pays européens ?
Participation en fonction des revenus, prélèvement sur la facture d’électricité, fin de la gratuité de certaines émissions… À l’heure où la redevance audiovisuelle est en passe d’être supprimée par le gouvernement français, France 24 vous propose un tour d’horizon des modèles de financement des médias de service public chez nos voisins européens.
Après quasiment 90 ans d’existence, la redevance audiovisuelle vit ses derniers mois. Promesse de campagne du président Macron, la fin de cette taxe a été confirmée en Conseil des ministres le 11 mai. L’exécutif a assuré que l’impôt serait "supprimé de manière pérenne dès cette année".
D’un montant de 138 euros en 2021, cette contribution à l’audiovisuel public, qui concerne France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, Arte France et l’INA, est payée chaque année par 23 millions de foyers possédant une télévision. Sa disparition engendre une perte de 3,2 milliards d’euros de financement pour ces médias publics.
Le gouvernement a assuré que la fin de la redevance n’entraînera pas de baisse des moyens de l’audiovisuel public et souhaite désormais remplacer ce prélèvement par un budget courant sur plusieurs années. "Autrement dit, le vote, chaque année, dans le cadre du projet de loi de finances [au Parlement], des montants qui seront consacrés à l’audiovisuel public", explique Julia Cagé, économiste spécialiste des médias, dans un rapport qui explore de nouvelles formes de financement de la redevance audiovisuelle. En effet, la suppression de la redevance sera intégrée au projet de loi de finances rectificative (PLFR) présenté au Parlement début juillet.
Pour la chercheuse, ce mode de financement peut poser problème car il va à l’encontre de "l’existence d’un financement pérenne, pluriannuel et indépendant des cycles des majorités politiques".
Vers une BBC payante au Royaume-Uni ?
Dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat, la France n’est pas le seul pays à renoncer à sa redevance audiovisuelle. Au Royaume-Uni, où elle finance trois quarts des ressources de la BBC, le gouvernement de Boris Johnson a annoncé sa suppression pour 2027. Plusieurs pistes sont à l’étude outre-Manche : les conservateurs britanniques pourraient autoriser la diffusion de publicité, fermer certaines chaînes de la BCC, imposer une taxe aux fournisseurs d’accès à Internet ou encore rendre payantes certaines émissions ou stations sur le modèle des plateformes comme Netflix ou Amazon Prime, ce qui poserait un sérieux problème d’égalité d’accès à un service public.
En attendant, les Britanniques continuent chaque année de payer 159 livres de redevance, soit 190 euros.
La redevance versée directement à l’audiovisuel public en Allemagne
Au total, indique Julia Cagé, 13 des 27 pays membres de l’Union européenne continuent de recourir à la redevance, parmi lesquels la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, l’Italie ou encore le Portugal.
Les Français sont loin de payer le plus cher leur participation aux médias de service public. (...)