Dans la nuit du 3 au 4 décembre, Parlement européen et États membres ont trouvé un compromis sur les nouvelles techniques génomiques (NGT). Une réforme présentée comme une réponse au changement climatique et à la concurrence internationale, mais vivement contestée par les ONG et la filière bio.
Après des mois de négociations, l’Union européenne a arrêté dans la nuit du 3 au 4 décembre 2025 un cadre pour autoriser certaines nouvelles techniques génomiques (NGT), qualifiées de "nouveaux OGM" par leurs opposants. Cet accord, qui n’a plus qu’à être validé formellement par le Parlement et le Conseil, marque un tournant majeur dans la politique agricole européenne, toujours dominée par une grande prudence envers les OGM.
(...) Les négociateurs ont acté une distinction centrale entre deux catégories de plantes génétiquement modifiées. Les NGT de catégorie 1, obtenues par un nombre limité de mutations sans ajout d’ADN étranger, seront désormais considérées comme équivalentes aux variétés "classiques". Elles bénéficieront d’un régime beaucoup plus léger : pas d’évaluation lourde comme pour les OGM transgéniques, ni d’étiquetage sur les produits finaux.
Les NGT capables de résister aux herbicides ou de produire des insecticides resteront interdites, au nom de la durabilité. Quant aux NGT de catégorie 2, aux modifications plus profondes, elles resteront soumises au cadre OGM strict. (...)
Les semences restent légalement des OGM, mais ne sont plus "transgéniques". Les défenseurs de ces techniques – syndicats agricoles et semenciers – y voient un levier pour créer des variétés plus résistantes à la sécheresse, aux maladies, ou nécessitant moins d’intrants. "Cette technologie permettra de cultiver des plantes résistantes au changement climatique", s’est réjouie l’eurodéputée Jessica Polfjärd (PPE). (...)
ourquoi les ONG environnementales et la filière bio sont-elles vent debout ?
Les associations dénoncent une "pente dangereuse". Charlotte Labauge – de l’ONG Pollinis qui se bat pour la protection des abeilles – critique notamment l’absence d’étiquetage sur les produits finis contenant des NGT de catégorie 1 : "une atteinte grave aux droits fondamentaux des consommateurs". Les producteurs bio s’inquiètent d’une menace sur leurs filières, alors même que l’accord confirme qu’aucune NGT ne pourra être utilisée en agriculture biologique.
Autre sujet brûlant : les brevets. Les ONG redoutent une concentration des droits de propriété intellectuelle "aux mains de multinationales, au détriment de petits agriculteurs". (...)
L’accord doit encore être validé formellement par les États membres et par les eurodéputés. Il était ardemment soutenu par le Danemark, qui assure la présidence du Conseil jusqu’à fin décembre. Si ces votes confirment le compromis, l’UE fera entrer dans son droit une nouvelle génération d’OGM… qui promet de continuer à diviser.