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"L’heure est grave" : à Paris, les mineurs isolés en recours se mobilisent pour ne plus dormir à la rue
#MNA #sansabris #Paris
Article mis en ligne le 14 avril 2024
dernière modification le 13 avril 2024

Depuis le samedi 6 avril, environ 250 mineurs non accompagnés en recours devant la justice pour faire reconnaître leur minorité occupent la maison des Métallos, un établissement culturel parisien. Ils réclament des hébergements durables, l’accès à la scolarité et dénoncent, comme de nombreuses associations, le "nettoyage social" à l’approche des Jeux olympiques. Une manifestation avait lieu à Paris ce vendredi."L’État se fout totalement de nous"

Pour faire entendre leur détresse, avec des dizaines d’autres mineurs isolés en recours, ils ont créé le collectif des jeunes du parc de Belleville et occupent depuis le 6 avril la maison des Métallos, un lieu culturel de la capitale. L’objectif ? "Faire connaître leur situation et sortir de la précarité", précise Fousséni, un autre mineur du collectif.

Comme des dizaines de mineurs, il est actuellement logé dans des gymnases parisiens mais tous doivent bientôt être évacués vers des "sas régionaux". Certains évoquent Marseille. "Comment on va faire nos recours à Paris si on nous envoie si loin ? L’État se fout totalement de nous", tance Fousséni. (...)

Un mois à Gambetta, un autre à Belleville ou encore à Montreuil, ce jeune guinéen de 16 ans vit à la rue depuis son arrivée. "C’est vraiment la galère. Trouver de la nourriture, dormir au sec... C’est très dur", confesse le jeune homme. Et d’ajouter : "Tous les petits endroits qu’on trouve, la police finit par venir nous en chasser. Notre vie est en danger. Nous n’avons plus de tentes, rien".

Selon lui, une telle situation "ne peut plus durer". "Vous ne vous rendez pas compte à quel point c’est l’enfer. Nous avons des amis qui sont en profonde dépression à cause de la dureté de la vie ici", explique-t-il. "Tout ce qu’on demande, c’est d’être traité dignement, un logement, avoir accès à une formation, pouvoir travailler et vivre...". (...)

"L’État se fout totalement de nous"

Pour faire entendre leur détresse, avec des dizaines d’autres mineurs isolés en recours, ils ont créé le collectif des jeunes du parc de Belleville et occupent depuis le 6 avril la maison des Métallos, un lieu culturel de la capitale. L’objectif ? "Faire connaître leur situation et sortir de la précarité", précise Fousséni, un autre mineur du collectif. (...)

Comme des dizaines de mineurs, il est actuellement logé dans des gymnases parisiens mais tous doivent bientôt être évacués vers des "sas régionaux". Certains évoquent Marseille. "Comment on va faire nos recours à Paris si on nous envoie si loin ? L’État se fout totalement de nous", tance Fousséni. (...)

Ainsi, les jeunes réclament d’obtenir des hébergements le temps de leur parcours administratif, avoir accès l’éducation ou encore aux transports gratuits. Et pour cela, ils ont organisé une manifestation ce samedi à laquelle quelques centaines de personnes, dont des associations et des élus, ont participé. "Il faut qu’on se fasse entendre et qu’on arrive à rassembler derrière notre collectif car nous avons besoin d’aide, nous n’y arriverons pas seuls", ajoute le jeune homme. (...)

Au son des djembés et derrière une grande banderole rappelant que "l’heure est grave", ils ont marché de la place de la République jusqu’à la maison des Métallos occupée. Et dans le cortège, le soutien à ces jeunes est sans faille. "La place de ces mineurs n’est pas dans la rue", estime Abdoulaye du collectif de sans-papiers CSP75, habitué à ce genre de rassemblements.

Concernant le "nettoyage" de Paris, il dénonce une politique "inhumaine". (...)

Eric Coquerel, député la France insoumise de Seine-Saint-Denis, dénonce également ce "nettoyage social" opéré à l’approche des JO 2024 (...)

"Nous ne partirons pas", ont assuré les militants de ce collectif de jeunes inédit. "L’occupation va se poursuivre autant que possible", confirme Mathieu Pastor de la Marche des solidarités. (...)

Depuis l’évacuation du parc de Belleville en octobre dernier, il suit ces jeunes qui s’organisent. "Je n’ai jamais vu ça. Ils ont fait le tour des camps de Paris pour se rassembler et se structurer, ont fait des AG, etc. C’est la première fois que des jeunes mineurs isolés se regroupent au sein d’un collectif", selon lui.

"Ils sentent que quelque chose se passe et que changer les choses est possible et certains retrouvent espoir de ne plus vivre à la rue", dit-il. Selon une enquête menée par la Coordination nationale jeunes exilés en danger (CNJED) auprès d’une centaine d’associations et collectifs actifs dans 83 départements, "au moins 3 477 jeunes isolés étrangers" seraient en cours de procédure pour faire reconnaître leur minorité en France. Et parmi eux, plus d’un tiers, au mois de mars, étaient à la rue sans aucune solution de logement.