L’intelligence artificielle peut-elle vraiment enrichir les entreprises d’énergie fossile et lutter en même temps contre le changement climatique ? Le géant de la technologie répond par l’affirmative.

Les dirigeants de Microsoft ont récemment réfléchi à la fin du monde. Dans un livre blanc publié à la fin de l’année dernière, Brad Smith, vice-président et président de la société, et Melanie Nakagawa, responsable du développement durable, ont décrit une "crise planétaire" que l’IA pourrait contribuer à résoudre. Imaginez un outil assisté par l’IA qui aide à réduire le gaspillage alimentaire, pour ne citer qu’un exemple tiré du document, ou une technologie future qui pourrait "accélérer la décarbonisation" en utilisant l’IA pour inventer de nouveaux modèles de technologies vertes.

Mais alors que Microsoft tente d’asseoir sa réputation de leader de l’IA en matière d’innovation climatique, l’entreprise vend également son IA à des entreprises du secteur des combustibles fossiles. Des centaines de pages de documents internes que j’ai obtenus, ainsi que des entretiens que j’ai menés au cours de l’année écoulée avec 15 employés et cadres, anciens et actuels, montrent que le géant de la technologie a cherché à commercialiser la technologie auprès d’entreprises telles qu’ExxonMobil et Chevron comme un outil puissant pour trouver et développer de nouvelles réserves de pétrole et de gaz et maximiser leur production, tout en s’engageant publiquement à réduire les émissions de manière radicale. (...)

C’est là que réside le nœud du problème : dans ce nouveau paradigme de l’IA générative, l’incertitude règne sur la certitude, la spéculation domine la réalité, la science s’en remet à la foi. Le battage médiatique autour de l’IA générative accélère l’extraction des combustibles fossiles alors que la technologie consomme des quantités d’énergie sans précédent. (...)