
(...) UNE IDEE FRAICHE POUR LA PLANETE : LE CROCUS (RESUME)
Buts : capturer le CO2 pour diminuer l’effet de serre, préserver l’eau douce et les grands équilibres, tout en nourrissant un maximum d’êtres vivants et en assurant des emplois aux humains.
Principes :
– cette monnaie est créée par l’ONU au sein de laquelle une nouvelle « branche » est créée : le Fonds monétaire organique (FMO) ;
– sa masse monétaire est l’exact reflet de la biomasse saine des terres émergées ; c’est à dire d’une part la nature sauvage, et d’autre part les terres cultivées vertueusement (sans engrais ni produits chimiques de synthèse donc SAUF : monoculture, élevage intensif, OGM) ;
– les pays volontaires perçoivent tous les ans des crocus correspondants à l’augmentation de leur biomasse saine, certifiée par la communauté scientifique mondiale ;
– chaque gouvernement reverse les crocus exclusivement aux personnes physiques qui cultivent la terre (petits paysans ou salariés agricoles) et/ou protègent la biodiversité ;
– seules ces personnes sont autorisées à échanger des crocus, soit contre la monnaie de leur pays, soit contre la monnaie locale sociétale de leur collectivité locale ;
– et tout cela par quel miracle ? Sur l’impulsion des citoyen(ne)s du monde (vous, moi, les autres) via une gigantesque pétition sur internet.
Le slogan est tout trouvé : « Ensemble construisons un monde verdoyant » « Juntos construir un mundo verde » « Together build a green world ».
En étant suffisamment nombreux et si le « buzz » se fait partout, dans les familles, les associations, sur les réseaux sociaux, dans les milieux informés, dans la presse libre, on n’a pas fini d’entendre parler du crocus car… notre souris a du pouvoir !
Fin du résumé du projet.
REMARQUES ET RESERVES
Les finalités de ce projet sont hautement défendables, et je me suis déjà fait l’avocat du caractère central, bien qu’ignoré par la COP 21, de la restauration des sols comme moyen très important de lutte contre le réchauffement climatique, indépendamment de ses autres bénéfices : voir ce billet du 20 mars 2015 : « L’agriculture et les sols comme enjeux climatiques majeurs ».
Quant à la référence à la « biomasse saine au mètre carré » et à son accroissement, des scientifiques spécialistes de la question (ce que je ne suis pas) ont répondu à Hélène Nivoix que cela tenait la route comme unité de mesure, moyennant toutefois certaines conventions de pondération sur lesquelles je passe.
Par ailleurs, utiliser des incitations ou « récompenses » en monnaie complémentaire dédiée n’est pas à exclure dans certains cas pour encourager les pratiques soutenables, ici celles qui concernent les sols et la biomasse des terres. D’autant qu’on est ici très éloigné de la « mise à prix » de la nature sur un mode marchand.
Enfin, cette monnaie n’a pas vocation à supplanter le système monétaire et financier en place, avec tous ses défauts et ses risques, elle est clairement complémentaire et c’est par d’autres combats qu’il faudra reprendre le contrôle de la monnaie, même si l’existence de cette monnaie “crocus” pourrait constituer un petit contrepoids.
A côté de ces atouts, bien d’autres questions se posent, qui me rendent plus réservé. Je n’en cite que quelques-unes, notamment sur deux présupposés discutables. Le premier est cette idée, je cite : « nous avons tous besoin de manger, et c’est la biomasse végétale saine qui est la véritable richesse ici-bas ». C’est une idée très « physiocratique », ce qui n’est pas un péché, mais ce qui me pose un problème comme avocat d’une conception « riche » de ce qui fait la richesse des sociétés (voir mes écrits sur les nouveaux indicateurs de richesse). (...)
Aucune des monnaies complémentaires existantes ou en projet n’a besoin d’un “étalon” physique. Et si l’on veut vraiment récompenser monétairement certaines activités jugées vertueuses, on peut très bien le faire en euros, en dollars ou en toute autre monnaie “immatérielle” actuelle.
Et puis, qu’est-ce qui peut justifier que les bénéficiaires de cette monnaie mondiale soient les seules personnes physiques participant à l’entretien ou à l’expansion de la biomasse saine ? Si l’objectif est la justice climatique, bien d’autres personnes ou organisations y contribuent, hors des travaux de la terre, dans les énergies, la mobilité douce et bien d’autres pratiques. (...)