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La journaliste Nassira El Moaddem harcelée : la machine médiatique, caisse de résonance de la fachosphère
#cyberharcèlement #medias #extremedroite #fachosphere #nassiraelmoaddem
Article mis en ligne le 5 mai 2024
dernière modification le 4 mai 2024

Le cyberharcèlement dont fait l’objet notre consœur d’“Arrêt sur images” n’a rien d’un hasard. Tweet monté en épingle sur CNews, réaction outrée d’un député RN, fake news : le système, qui met la machine médiatique à contribution, est bien rodé.

C‘est l’histoire d’un cyberharcèlement qui se double d’une machine de propagande. Les messages de haine se succèdent, espacés de moins de dix minutes. Puis, à l’heure des directs sur CNews ou C8, ils arrivent en rafales, plusieurs par minute. La journaliste du site Arrêt sur images qui les reçoit, Nassira El Moaddem, n’est plus en mesure de les compter (...)

Mercredi, Nassira El Moaddem a laissé exploser sa colère sur X devant une lettre de la Fédération française de football qui interdit le port des collants et casques pour des principes de laïcité, sobrement rebaptisée « détournement du principe de neutralité ». « Pays de racistes dégénérés. Il n’y a pas d’autres mots. La honte », a tweeté la journaliste. Les propos auraient pu ne susciter que leur lot d’indignations habituelles s’ils n’avaient pas nourri rapidement le plateau du 1er mai de Jean-Marc Morandini sur CNews avec l’intervention du député RN Julien Odoul. Celui-ci multiplie en direct les fausses informations, appelle Radio France et France Télévisions à licencier la jeune femme qui n’y travaille pas, et intime à Nassira El Moaddem de quitter le pays (une cagnotte a été lancée pour lui payer son billet).
Banalisation

Puis le sujet se répand dans les médias de Vincent Bolloré. Après Pascal Praud, c’est l’équipe de Cyril Hanouna qui cherche même à inviter la journaliste mais celle-ci publie le SMS et répond en ligne : « Je ne viendrai pas car vous faites partie du problème en participant activement à la banalisation des discours de l’extrême droite raciste, islamophobe et attentatoire aux libertés. » Le dialogue se tend sur X, le présentateur consacre une demi-heure au sujet et appelle une nouvelle fois Radio France à licencier une journaliste qui n’est pas dans ses effectifs.

Au point de susciter une réponse de la radio publique, probablement la cible, elle aussi, de dizaines ou centaines d’injonctions. « Nous avons bien reçu vos messages et comprenons votre réaction », commente la direction de France Inter sur X. Elle rappelle que Nassira El Moaddem a collaboré « ponctuellement » deux étés et que ses propos n’engagent pas la rédaction. Le message est plus tard tronqué de « nous comprenons votre réaction », devant le tollé qu’il suscite (1). (...)

ce processus est avant tout le résultat d’une machine médiatique dont l’efficacité et la toxicité se vérifient avec plus d’éclat à chaque polémique : se servir d’un réseau audiovisuel comme d’une immense chambre d’écho à polémiques nauséabondes dopées aux fake news. (...)

CNews et compagnie ont réussi à faire submerger de messages de haine la jeune femme, qui continue de répondre courageusement, mais aussi à limiter le nombre de ses défenseurs. La SDJ de Télérama apporte tout son soutien à Nassira El Moaddem.