
Rexhino « Gino » Abazaj restera en France. La cour d’appel de Paris a refusé son extradition mercredi 9 avril, estimant un risque de jugement partial et d’atteinte à ses droits en Hongrie. Il y est accusé d’avoir participé en février 2023 à une action contre une manifestation néonazie à Budapest.
13 h 50, la décision tombe : « La cour refuse la remise de l’autorité judiciaire à la Hongrie de Rexhino Abazaj. » Dans la salle de la cour d’appel de Paris, les larmes s’invitent au milieu des accolades et embrassades. Et alors que la cour lève le 9 avril le contrôle judiciaire du militant d’origine albanaise, c’est un soulagement qui parcourt la foule de camarades antifascistes de Rexhino Abazaj, dit « Gino ».
Par cette décision, les juges estiment que s’il était transféré en Hongrie, le pays pourrait ne pas respecter les articles 3 et 6 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). En d’autres termes, il serait susceptible de subir de la torture et de ne pas avoir un procès équitable. Il y risquait jusqu’à vingt-quatre ans de prison. « On va enfin le voir ailleurs qu’au tribunal », se réjouit sa sœur, encore sous le choc.
Poing levé à sa sortie, le militant antifasciste laisse couler lui aussi une larme de soulagement. « Je ne suis pas très stressé », assurait-il avant le début du délibéré. Désormais fixé, il se fend d’un discours ému : « Nous allons nous reposer, bien sûr, mais nous n’allons pas lâcher. »
« Gino » était accusé d’avoir participé à Budapest en février 2023 à une action contre une manifestation néonazie annuelle appelée « Jour de l’honneur ». Chaque année, ce rassemblement réunit des centaines de militants néofascistes venus de toute l’Europe pour commémorer d’anciens soldats de la Wehrmacht, de la SS, des collaborateurs hongrois et leur bataille de février 1945 contre l’Armée rouge.
Placé en détention en novembre 2024 au centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), l’Albanais de 32 ans avait été remis en liberté à la mi-mars. Disposant d’une carte de résident permanent en Italie, il vivait en France depuis quelques mois lorsqu’il a refusé, le 20 novembre, son extradition vers la Hongrie. (...)
Une décision forte alors que la Hongrie de Viktor Orbán ne cesse de remettre en cause les principes de l’État de droit. (...)
D’autres activistes encore poursuivis
Rexhino Abazaj pourra désormais retrouver les siens pour de bon, sans pour autant quitter la France de manière sereine, car le mandat d’arrêt qui le vise est toujours effectif dans les autres pays de l’Union européenne.
La décision aura un écho pour les dix-sept autres militant·es antifascistes, en majorité venu·es d’Allemagne et d’Italie, condamné·es ou en cours de procédure dans la même affaire. (...)
L’Italienne Ilaria Salis a quant à elle passé plus d’un an en détention provisoire dans des conditions dénoncées comme inhumaines avant d’être libérée grâce à son immunité parlementaire, acquise lors de son élection comme eurodéputée en juin 2024.