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La Méditerranée à l’épreuve d’un réchauffement extrêmement rapide
#rechauffementclimatique #secheresse #Mediterranee
Article mis en ligne le 23 mai 2024
dernière modification le 20 mai 2024

Le pourtour de la Méditerranée est l’une des régions qui se réchauffe le plus vite au monde, subissant une sécheresse critique. De la Sicile à la Tunisie, en passant par l’Andalousie, le manque d’eau devient une triste habitude.

De la Sardaigne au Portugal, en passant par le sud de la France et l’Espagne, ces régions manquent cruellement d’eau. Le Maghreb est même considéré en « extrême gravité » par ce rapport.

Il ne s’agit pas d’un épisode exceptionnel, mais bien d’un phénomène durable, installé depuis plusieurs années et dû à une combinaison de températures élevées et de manque de précipitations. (...)

Le printemps avance désormais et, malgré quelques pluies, la situation ne s’améliore pas sur le pourtour méditerranéen, laissant craindre le pire pour l’été à venir.
En Sicile, des réservoirs d’eau vides (...)

La situation a poussé le gouvernement italien à décréter l’état d’urgence dans la région le 7 mai, pour une durée d’un an, tandis que des restrictions d’eau ont été établies pour un million d’habitants, sur les 5 millions que compte l’île. (...)

Ces dernières décennies, les conséquences de la sécheresse sont d’ailleurs aggravées par une mauvaise gestion et l’état préoccupant de nombreuses infrastructures hydrauliques : sur les vingt-six barrages de l’île, plusieurs sont depuis longtemps hors service, et de très nombreuses canalisations sont vétustes. (...)

« Les Siciliens n’ont pour la majorité toujours pas compris qu’il ne s’agit pas d’une urgence, mais d’un fait établi », assène Pepe Amato, membre de l’association écologiste Legambiente depuis quarante ans. La province voisine de Caltanissetta risque de se retrouver sans eau à partir du 6 juillet, le lac de barrage ressemblant davantage à une flaque qu’à un lac. (...) (...) (...)

Dans les terres intérieures de cette île très agricole, les nuances de vert des blés ont disparu. À la place, des champs aux trop courts épis couleur or, brûlés par le soleil, s’étendent à perte de vue. La situation des agriculteurs est alarmante. (...)

Face au dérèglement climatique, qui amène aussi son lot de pluies diluviennes — à l’image du printemps 2023 quand, en quelques minutes, la plupart de ses cultures ont été dévastées —, Alessio a diversifié ses cultures et teste des variétés plus résistantes à la sécheresse.

Un peu plus loin, en plein épandage d’insecticide au milieu de ses pêchers aux fruits réduits, Massimo, un agriculteur de 48 ans, ne sait pas ce que les nappes phréatiques où il pompe l’eau ont encore à offrir. « Le jour où on n’aura plus du tout d’eau, on verra ce qu’on fait et comment on s’adapte », dit-il. Alessio, lui, a peur « qu’au mois d’août, il ne reste ici qu’un désert ». (...)

En Tunisie, cinq ans de sécheresse (...)

conséquences de la raréfaction de l’eau : « L’année dernière, le prix du mètre cube est passé de 200 à 400 millimes [de 6 à 12 centimes d’euros] ! » (...)

dans la région, certains ruraux n’hésitent plus à utiliser des forages ou des raccordements illégaux pour faire des économies. (...)

En Andalousie, des prières pour le retour de l’eau

En Espagne, en décembre 2023, des écoliers sont allés jusqu’à écrire aux rois mages pour réclamer de l’eau. « Cette année, je ne veux ni un portable, ni une trottinette électrique », a tracé une jeune adolescente devant sa feuille. « Ce que je veux, c’est ouvrir le robinet et qu’il en sorte une eau propre », a complété une autre. « Prendre ma douche sans que ma peau ne démange », « Que mes grands-parents puissent cuisiner sans devoir porter de lourds jerricanes »… (...)

« Il n’y a pas de vraies mesures d’adaptation à la nouvelle réalité climatique » (...)

À l’avenir, selon le chapitre 4 du sixième rapport du Giec, consacré au bassin méditerranéen, les sécheresses devraient devenir « plus sévères, plus fréquentes et plus longues » en cas d’émissions de gaz à effet de serre modérées. Elles s’intensifieront « fortement » si notre recours aux énergies fossiles se poursuit de manière débridée.