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l’Humanité
« La non-violence a été un guide » : le parcours militant de François Marchand, bâtisseur de paix et résistant pacifique
#nonViolence #resistance
Article mis en ligne le 28 octobre 2025
dernière modification le 22 octobre 2025

Objecteur de conscience, fondateur en 2001 de Non-Violence XXI, cet ingénieur à la retraite poursuit son engagement de militant associatif.

C’est le fil conducteur de toute une vie. François Marchand, l’un des fondateurs de l’association Non-Violence XXI, l’affirme avec force.

« La non-violence a été un guide, une réflexion permanente » dont les germes remontent au début de sa vie d’adulte. « J’ai eu 18 ans en 1968. J’étais un peu jeune, mais de cette génération. »
Refuser le service militaire, un choix lourd de conséquences

Cet engagement prend son sessor lorsque François Marchand refuse l’usage des armes et le service militaire, et obtient le statut d’objecteur de conscience en 1974. Il dit encore « non » aux deux ans au sein de l’Office national des forêts que ce choix lui coûte.

« À l’époque, c’était compliqué. J’ai écopé d’un procès pour insoumission en 1978. » Trois mois de prison avec sursis et, tout de même, dix ans de privation de droits civiques. « Vous interviewez un repris de justice », précise-t-il, taquin. La Fédération des objecteurs, dont il devient président, sera dissoute au tournant des années 1980 pour propagande du statut d’objecteur.

Cette conviction inébranlable a façonné jusqu’à la carrière professionnelle de cet ingénieur dans le secteur des transports, chez Veolia. « Je suis monté assez haut. Les gens me disaient : « Qu’est-ce que tu fous là ? » » En 1999, alors responsable technique, il se voit confier l’appel d’offres pour le projet du tramway de Jérusalem.

« On a peut-être frôlé la paix à ce moment-là, on commençait à y croire », raconte François Marchand. Pendant un an et demi, il se rend régulièrement à Tel-Aviv et Jérusalem. Mais ce militant sincère ne tarde pas à déchanter. « Je me suis aperçu que ce projet de tramway était un projet de colonisation. »

Il s’interrompt, reconnaît : « Quand on est cadre supérieur, on est obligé d’avaler des couleuvres de temps en temps. Mais là, je ne l’ai pas avalée. » Veolia remporte le marché, mais François Marchand, lui, se retire du projet en avril 2002 et adresse un courrier à ses collègues et aux partenaires. « J’ai été objecteur de conscience pour la deuxième fois de ma vie », confie-t-il. Il échappe au licenciement.
Un infatigable militant de la non-violence

À 75 ans, il compte à son actif un long parcours de résistance à la violence, concrétisé dans un engagement associatif. Dès 1974, avec la création du Mouvement pour une alternative non-violente, ou encore, jusqu’à récemment, au sein du conseil d’administration de la Nonviolent Peaceforce, une ONG internationale intervenant dans des zones de conflit, « pour faire de la protection non violente. » (...)

Si, au départ, les associations membres n’étaient qu’une douzaine, elles sont 20 aujourd’hui. « On regroupe toutes les organisations non violentes françaises, aime-t-il à dire, depuis les plus sages, comme l’Association française pour la communication non violente, aux plus turbulentes, comme Extinction Rebellion, les Amis de la Terre, et Greenpeace, qui vient d’adhérer. »
Se préparer à résister à l’extrême droite

La violence, elle, reste bannie. Ce qui n’empêche pas les coups d’éclat. « La désobéissance civile est une action forte. Il peut y avoir des sabotages non violents, qui respectent la sécurité physique et morale des gens. Par exemple, faucher des champs d’OGM. » L’exemple n’est sans doute pas choisi au hasard : José Bové compte au nombre des personnalités membres de l’association.

Le contexte international n’est jamais en reste pour mettre à l’épreuve ces principes. « Aujourd’hui, si j’étais en Ukraine, qu’est-ce que je ferais ? s’interroge François Marchand. J’aimerais qu’on développe la défense civile non violente. »

Et lorsqu’on lui demande ce que cela signifie concrètement, il tranche : « Refuser de collaborer avec l’agresseur. » Face à tous les autoritarismes. (...)