L’ offensive estivale de la Russie n’a permis de conquérir que quelques kilomètres carrés et aucune grande ville. Elle a coûté très cher à la Russie et se poursuit aujourd’hui sous la forme de combats intenses. À l’inverse, rien n’indique que l’Ukraine soit en mesure de lancer une offensive sur le champ de bataille pour le moment.
L’économie russe est en train de sombrer dans la crise. Les revenus provenant du pétrole et du gaz sont menacés de toutes parts : attaques ukrainiennes, sanctions et chute ou baisse des prix du pétrole.
Que se passe-t-il sur le front ?
La description de la situation sur le front est basée sur les observations d’un certain nombre d’observateurs russophones de la guerre en Ukraine, notamment l’analyste militaire Yuri Fyodorov, qui anime chaque matin une émission sur la chaîne YouTube Breakfast Show.
Les mouvements au front ont été extrêmement lents pendant plusieurs années. Au printemps, la Russie a tenté d’établir deux nouveaux fronts dans les oblasts de Kharkhiv et de Soumy. Les combats se poursuivent dans ces régions, mais l’armée russe n’a pas progressé de beaucoup de kilomètres en Ukraine. Dans l’oblast de Soumy, elle est même en train d’être repoussée.
Pokrovsk : combats au sud et à l’intérieur de la ville (...)
De petites unités russes parviennent régulièrement à pénétrer dans la ville, qui est actuellement en ruines, mais elles n’ont pas réussi à s’y stabiliser.
La situation n’est pas des plus favorables pour les forces ukrainiennes dans la ville. Le risque d’encerclement persiste, et il y a également un risque important que la Russie s’empare de la ville de Pokrovsk. Dans ce cas, il leur aura fallu environ un an et demi pour conquérir une ville qui comptait environ 61 000 habitants avant la guerre. (...)
Une autre ville où des combats ont lieu à l’intérieur et aux alentours est Koupiansk, dans le sud-est de l’oblast de Kharkiv. Ces combats durent depuis longtemps et, là encore, on ne peut exclure que l’Ukraine doive se retirer à un moment donné.
Si l’Ukraine doit abandonner le contrôle de ces villes, cela pourrait entraîner des problèmes logistiques ailleurs sur le front.
En août, l’armée russe a tenté une percée au nord-est de Pokrovsk, qui aurait contribué à l’encerclement de la ville. L’Ukraine a déployé des forces d’élite pour la combattre, et les forces russes sont désormais encerclées et en passe d’être vaincues. L’image est tirée du podcast « Breakfast Show » avec l’analyste militaire Yuri Fyodorov.
La guerre s’est également développée autour de la ville de Vovjansk, à la frontière entre l’oblast de Kharkiv et la Russie. La ville a été complètement détruite dès le début de la guerre et abandonnée par ses quelque 20 000 habitants. Elle a ensuite été libérée lorsque l’Ukraine a chassé les forces russes de Kharkiv, mais elle a été à nouveau attaquée il y a environ un an, et depuis, des combats ont lieu dans et autour de la ville.
L’Ukraine a maintenant attaqué un barrage à Belgorod, à quelques kilomètres au nord de la frontière entre la Russie et l’Ukraine. En conséquence, les deux fleuves Siverdonetsk et Vovtjansk ont vu leur niveau d’eau monter, et les Ukrainiens espèrent ainsi compliquer la tâche des troupes d’invasion à Vovjansk.
Sinon, la guerre a lentement changé de nature. L’armée russe a changé de tactique, passant d’attaques en grands groupes à l’aide de véhicules blindés à des attaques en petits groupes, avec toutes sortes de véhicules.
Cela s’explique en partie par le fait que la Russie manque désormais de véhicules blindés, et en partie par le fait que la domination des drones rend désormais très difficile l’utilisation efficace des véhicules blindés, y compris des chars.
Dans l’ensemble, la ligne de front s’est désormais considérablement élargie (20 à 30 kilomètres, ce qui correspond à la portée des petits drones) et est en train de passer d’une véritable guerre de front à une guerre où de petits groupes apparaissent et s’affrontent.
Lourdes pertes russes (...)
Les pertes de l’armée ukrainienne sont probablement également importantes. En tout cas, des informations régulières indiquent qu’il est difficile de trouver suffisamment de soldats. Mais l’Ukraine ne publie pas de chiffres, et les chiffres russes ne sont guère fiables.
Attaques russes contre les civils et les infrastructures ukrainiens
Depuis longtemps, la Russie augmente le nombre de drones qu’elle utilise pour attaquer l’arrière-pays ukrainien. Certaines nuits, jusqu’à 500 drones attaquent, tandis que la Russie lance des missiles balistiques et des missiles de croisière depuis des avions et depuis le sol. (...)
La Russie attaque principalement les zones résidentielles civiles et, à l’approche de l’hiver, elle tente de s’en prendre aux infrastructures énergétiques afin de couper l’électricité, le chauffage et l’eau dans les villes ukrainiennes. La Russie attaque probablement aussi la production et les infrastructures militaires, mais l’Ukraine ne fait état d’aucune attaque de ce type.
Ces attaques font des victimes civiles et provoquent parfois des coupures d’électricité dans certaines villes ukrainiennes. Mais rien n’indique que cela soit en train de pousser l’Ukraine à se rendre.
Attaques ukrainiennes contre l’industrie pétrolière et gazière et la production militaire russes (...)
L’économie russe en voie de crise – le déficit public augmente (...)
Nouveau budget de l’État pour 2026
Au début du mois d’octobre, le ministère russe des Finances a présenté un nouveau budget de l’État pour 2026. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet dans cet article du journal anglophone (et encore autorisé) Moscow Times. (...)
De nombreuses entreprises ont instauré la semaine de quatre jours. Cela signifie une baisse des salaires et donc une diminution des recettes fiscales et des cotisations sociales, ce qui se traduit par une baisse des revenus.
Le secteur russe de l’essence est également touché. M. Lipsits affirme qu’il y a deux problèmes : le premier est la quantité d’essence, le second est le prix officiel de l’essence, car les raffineries de pétrole russes sont constamment attaquées. Cela entraîne une pénurie d’essence, et l’on a commencé à importer de l’essence de Biélorussie, mais la capacité n’est pas très importante. On tente maintenant de s’approvisionner au Kazakhstan, mais ce pays n’a pas non plus beaucoup d’essence en surplus.
Le deuxième problème est le prix. Pendant de nombreuses années, l’État russe a subventionné les prix de l’essence, mais il a cessé de le faire, ce qui a entraîné une forte hausse des prix. Les automobilistes russes risquent donc d’être confrontés à la fois à des hausses de prix et à une pénurie d’essence.
Les budgets régionaux sont également une catastrophe, selon M. Lipsits, car ils réduisent les dépenses consacrées à l’éducation et à la santé. Ces dernières années, les gouverneurs ont tenté de recruter des soldats pour l’armée en versant des primes importantes à ceux qui s’engageaient pour la guerre.
Les budgets régionaux ont payé les gens pour qu’ils partent à la guerre, ce qui a entraîné une pénurie de main-d’œuvre au niveau local. Mais le manque de main-d’œuvre signifie un manque de revenus, ce qui entraîne une réduction des dépenses sociales.
La Russie ne peut pas emprunter d’argent à l’étranger, même en Chine, où le gouvernement interdit l’achat de titres russes. Ils ne peuvent donc être vendus qu’à des personnes en Russie : une campagne a été lancée pour inciter les gens à acheter des titres. Mais il est difficile de les convaincre.
Igor Lipsits est très pessimiste. La Russie est en grande difficulté, même si la guerre cesse. Les quelque 600 000 personnes qui ont quitté la Russie ne reviendront probablement pas. Les morts de la guerre sont bien sûr irrémédiablement perdus, et nombreux sont ceux qui sont devenus invalides à la suite du conflit. Ils devront percevoir une pension jusqu’à la fin de leur vie.
La Russie a perdu une grande partie de son meilleur marché pour le pétrole et le gaz en Europe. D’autres secteurs sont également en difficulté. Même la fin de la guerre ne permettra pas un retour à la normale.
Lipsits ajoute que la Russie a conquis des territoires assez vastes en Ukraine, dont il faut s’occuper : réparations, transports, logements (...)
La situation internationale : Trump se répète
Le président américain Donald Trump change de politique si rapidement qu’on en a le vertige. (...)
J’ajouterai pour ma part que Trump est totalement imprévisible et peut changer à nouveau de politique. J’ajouterai également que les sanctions sont suivies de contre-mesures – et qu’elles doivent donc être suivies de près, ce que les États-Unis n’ont pas su faire jusqu’à présent. Et cela pose problème, surtout en ce moment, alors que l’appareil étatique américain est paralysé en raison de l’absence de budget (shutdown).