Le 23 septembre 2023 sur le boulevard de Clichy à Paris, en pleine manifestation organisée « Contre le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques », un policier sort et pointe son arme de service en direction d’un groupe de personnes. Cette scène, filmée par le street reporter de Blast sur place, a été publiée sur les réseaux sociaux.
Par la suite, aux yeux de la presse mainstream et moins étonnamment, de titres de droite, le site d’information et d’investigation journalistique est devenu le symbole de l’inverse d’un journalisme de qualité. Toutes les critiques portent sur l’absence de déontologie, le point de vue biaisé idéologiquement, la falsification de la réalité. On y entend l’antienne propre à une tradition associée à l’ultragauche : la désinformation, la décontextualisation, le floutage et la manipulation des images et des sons.
Cette grille de lecture des événements mérite d’être déconstruite et éclairée différemment. (...)
Au fond, il s’agit du récit d’une perte de sang-froid et de contrôle collectif : celui du policier comme celui des manifestants. Bien évidemment, pointer son arme n’est pas anodin et a dû être motivé par une nécessité d’urgence ou un sentiment humain qui peut, aussi être de façon compréhensible, la peur.
Cela relève surtout d’une législation hautement codifiée et modifiée par la loi du 28 février 2017 relative à la sécurité nationale. (...)
Investir un terrain (...)
l’innocence de l’œil est impossible parce qu’inévitablement augmentée d’émotions, de croyances et de connaissances. (...)
Le journaliste comme témoin assisté
Cet épisode a l’intérêt de poser la question du statut du journaliste dans la société actuelle. Est-il simplement témoin ou pour reprendre une terminologie juridique, devenu malgré lui un témoin assisté des événements ? (...)
Chaque année, les sondages révèlent à quel point, le journaliste est isolé et ciblé (...)
Les déclarations à géométrie variable d’Emmanuel Macron ont ainsi fait beaucoup de mal à la profession. (...)
Blast n’est pas le seul site d’information à subir des pressions et de violentes critiques. Pensons à Mediapart ou plus récemment à Disclose. Peut-être est-il temps d’engager un débat transversal et commun à tous les médias concernés par la dégradation des conditions de travail et la nécessité de protéger une profession qui, paradoxalement, n’a jamais été aussi fragilisée dans une démocratie occidentale. Laissons travailler les journalistes !
Ils ne sont pas responsables des changements sociaux, mais ce serait une grande faute professionnelle que d’omettre de les relater. (...)