
Quand la dette assassine les économies. Quand l’aide publique se mue en outil colonial. Quand le FMI règne. Quand Areva profite. Quand Monsanto stérilise. Quand Total exploite. Quand le président obéit aux intérêts privés (les siens comme ceux de ses amis). Quand la faim ne quitte plus les corps. Quand la pauvreté est la norme. Quand la survie est impossible. Quand la police cogne. Quand l’armée attaque. Quand les femmes n’ont pas de droits. Quand Frontex assassine. Quand les enfants travaillent. Quand la terre est privatisée et polluée. Quand la dictature dicte. Quand la solidarité internationale est une fable. Quand le changement climatique assèche. Quand l’eau potable est inaccessible. Quand on meurt à 36 ans. Quand on n’a pas de travail. Quand on n’a pas de droits. Quand on est persécuté. Quand on vit dans un pays devenu zone franche. Quand on est prisonnier. Quand on a peur.
On migre.
(...)
Il y a des frontières, des murs, des barbelés, des mers, des océans. Il y a des passeurs, des barques, des bateaux, des soutes.
Il y a Frontex et son armée.
Il y a des politiques migratoires et des politiciens pillards.
Il y a des papiers et des sans-papiers. Il y a des guerres et des réfugiés. Il y a des centres fermés et des expulsions. Il y a des injustices, des crimes, des morts.
Il n’y a pas de mot.
Il y a l’extrême droite qui monte au point qu’en Grèce, des citoyens étrangers sont obligés de fuir leur pays d’adoption pour échapper à Aube Dorée.
Il y a des Roms qu’on persécute aux quatre coins de l’Europe.
Il y a les Afghans à qui on refuse le statut de réfugié.
Il y a tous les autres.
Il y a notre silence quotidien.
Il y a la rage et la colère.
Il y a des responsables.
Il y a des luttes.