
Plus que jamais, les contre-pouvoirs, pourtant nécessaires à la vie démocratique, sont neutralisés. En faisant obstacle à la lutte contre la corruption, cette décision renforce une culture de l’impunité qu’Anticor combat depuis plus de vingt ans.
Il ne faut pas s’étonner de la défiance croissante envers les institutions de la République. Il ne faut pas s’étonner que les deux tiers de nos concitoyens pensent que la démocratie ne fonctionne pas bien et que la politique suscite avant tout de la méfiance, du dégoût et de l’ennui.
Nous ne pourrons plus nous constituer partie civile. Nous ne porterons plus une parole citoyenne lors des procès. Mais nous résisterons avec toutes les armes du droit : nous saisirons la justice administrative contre ce refus d’agrément. Nous continuerons à signaler des dossiers, mettant le pouvoir au défi de poursuivre des personnalités défaillantes. Nous agirons avec les autres associations de lutte contre la corruption et avec l’appui de milliers de nos concitoyens.
Un enjeu diplomatique
La décision de la ministre des affaires étrangères est aussi dommageable la crédibilité notre pays. En effet, sur son site, le ministère affirme que la lutte contre la corruption est au cœur de la politique étrangère de la France. Ce serait « un engagement sans faille. »
Il soutient que « la corruption affecte la légitimité des institutions et de l’État, mine l’efficacité des politiques publiques ainsi que la confiance des citoyens envers leur gouvernement. »
Il proclame que « la corruption a des effets négatifs sur le développement économique du fait du détournement des richesses, de la confiscation des ressources naturelles ou du découragement des investisseurs. » Dans cette perspective, « la France réaffirme aussi sa volonté de placer la société civile au cœur de son action de lutte contre la corruption. »
Enfin, il fait valoir « l’originalité de l’approche française. »
Paradoxalement, en France, cette originalité va à l’encontre de la société civile. La décision de non-renouvellement de l’agrément n’est donc pas seulement une mauvaise nouvelle pour Anticor. Mettant en évidence le double discours du ministère, elle porte aussi atteinte à la crédibilité de notre action diplomatique en ce domaine. (...)