
Frappés par des inondations sans précédent pour la troisième fois en deux mois, les habitants de l’ouest du Pas-de-Calais sont à bout de nerfs. Las de fuir leurs foyers, certains envisagent de ne plus revenir chez eux.
À l’heure d’écrire ces lignes, une digue menaçait de rompre, et des évacuations étaient en cours.
Une « grande fatigue psychologique »
Dans l’ouest du département, l’Aa, la Lys, la Canche, la Hem et leurs affluents ont à nouveau débordé de leur lit les mardi 2 et mercredi 3 janvier. Pour la troisième fois en moins de deux mois. Les localités affectées sont souvent les mêmes : à peine sèches de la dernière inondation, de nombreuses maisons ont à nouveau bu la tasse. Un cauchemar sans fin. (...)
« Certains ont décidé d’entreprendre des travaux, d’autres ne reviendront pas » (...)
« On est solidaires entre nous, heureusement », déclare Jean-Claude, riverain. À ses côtés, deux jeunes hommes, la vingtaine-trentaine, ironisent. « Tu crois qu’ils vont encore nous envoyer Macron ? », dit l’un. « Non, ce sera Darmanin, tu verras », rétorque Thomas. « Ah non il n’a aucun intérêt à venir, il ne peut pas gazer l’eau ! », conclut, hilare, son ami. (...)
Derrière la bonne humeur de façade se cache toutefois une immense colère. « Rien n’a été fait ici. Quand tu vois le prix des taxes qu’on paie pour les wateringues [des canaux d’évacuation], et quand on voit leur manque d’entretien..., glisse, amer, Jean-Claude. Et puis à force de tout bétonner, de faire des logements partout, y a plus rien qui retient l’eau. » (...)
« On veut vivre en sécurité, maintenant il faut agir. Endiguez, ou rasez ce quartier. »
Un couple a choisi « de ne pas revenir » (...)
« J’ai tout perdu, il ne me reste strictement rien. Le maire et la communauté de communes parlent de raser ces maisons. Moi, j’ai donné l’aval. » (...)
Résigné et convaincu du caractère inhabitable de sa maison, le couple ira faire sa vie ailleurs. (...)