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« Le Pen donnée gagnante » : rampe de lancement médiatico-sondagière pour le RN
#medias #extremedroite
Article mis en ligne le 5 mars 2024
dernière modification le 3 mars 2024

« Seule alternative crédible », « vote attrape-tout », « grande gagnante des multiples crises sociales » : assurément Marine Le Pen et le RN n’ont pas à se plaindre du matraquage sondagier incessant qui agite le journalisme politique à plus de trois ans de la prochaine élection présidentielle. Après avoir promu, légitimé et mis en scène sous forme de prophétie auto-réalisatrice un duel entre Macron et Le Pen sept années durant [1], ce journalisme d’anticipation nous offre ces derniers jours son nouveau pronostic : une victoire inéluctable de l’extrême droite en 2027.

L’élection présidentielle n’est prévue que dans trois ans, les candidats ne sont pas encore connus ? Ce n’est pas un obstacle pour des journalistes politiques qui prétendent informer en dissertant sans fin sur des prévisions, des projections, des tendances, des hypothèses échafaudées sur du sable sondagier. La dernière livraison en date ? Un sondage Ifop-Fiducial sur le second tour de l’élection présidentielle de 2027, commandé et mis en Une par l’hebdomadaire Valeurs actuelles : (...)

On ne s’étonne guère de voir CNews embrayer aussitôt (7/02) : « Bientôt une femme présidente ? » (...)

De façon générale, c’est toute la galaxie Bolloré qui se mobilise. (...)

Mais le sondage agite bien au-delà de la seule sphère des médias Bolloré. Comme lors d’épisodes similaires, le (pseudo) événement sondagier fait le tour de tous les plateaux. (...)

Le journalisme politique appréhende la politique comme une course de petits chevaux ? On peut compter sur Jean-Michel Aphatie pour filer la métaphore face à François Ruffin (...)

Et sur Public Sénat (10/02), c’est à Georges-Marc Benamou qu’il revient de tirer la sonnette d’alarme, en toute objectivité :

La question, c’est est-ce que Macron va laisser le pays à Marine Le Pen. Cela dit, c’est peut-être un peu tôt, 3 ans, il peut se passer des choses, à une condition : c’est que le bloc central centre-gauche, centre-droit et Les républicains, ne présente pas plein de candidats. À ce moment-là, le risque c’est la multitude des candidats, c’est d’avoir Marine Le Pen face à Jean-Luc Mélenchon, ce qui serait le cauchemar de la France.

Un commentaire qui n’apprend rien sur la vie politique française mais qui dit tout des préférences politiques de Georges-Marc Benamou…

Pour clôturer le tout en beauté, finissons avec Laurent Joffrin. Dans son éditorial, titré « Le Pen favorite » (LeJournal.info, 7/02), il félicite l’extrême droite pour « une opération de banalisation fort réussie », et fustige « les outrances de LFI », ou « feue la NUPES, entraînée par Mélenchon dans un pré carré radical où elle s’est enfermée avant d’imploser ». (...)

La banalisation médiatique du Rassemblement national est maintenant acquise, mais elle est, manifestement, à entretenir. Déclarations individuelles, « analyse » de sondages et des stratégies de communication plutôt que des propositions politiques, approbation des discours de l’extrême droite (notamment sur l’immigration), condamnation des « outrances » de la gauche de gauche : le fond de l’air médiatique s’obscurcit de jour en jour.