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le Café Pédagogique/SNES-FSU
« Le système éducatif est à l’os, on manque de tout dans le 2nd degré »
#EducationNationale #secondDegre
Article mis en ligne le 3 septembre 2025
dernière modification le 31 août 2025

« L’école ne tient plus qu’à un fil » alerte le SNES-FSU jeudi 28 août. Pour sa secrétaire générale, Sophie Vénétitay, la situation est critique et « aujourd’hui, le système éducatif est à l’os » : manque de personnels, réformes déconnectées, salaires stagnants, précarité. Le syndicat annonce une rentrée de lutte, avec une première journée de mobilisation nationale le 10 septembre.

Dès l’ouverture de la conférence de presse de rentrée, le ton est donné : « Aujourd’hui, le système éducatif est à l’os. On manque de tout dans le second degré. » Sophie Vénétitay lance : « On peut l’affirmer avec certitude : il n’y aura pas un professeur devant chaque classe lundi. Les élèves auront des M. X ou Mme Y sur leurs emplois du temps. »

Cette pénurie s’étend à tous les personnels : enseignants, AED, CPE, psyEN, AESH. « C’est la rentrée de la pénurie, à tous les étages. » La situation, estime-t-elle, est « à un point de bascule », où « l’école publique ne tient plus que par le dévouement de ses personnels ». Une école « sur le fil », comme les professionnels qui la font vivre, analyse le syndicat majoritaire des enseignants du Second degré. La secrétaire générale Sophie Vénétitay, et ses adjoints Gwenaël Le Paih et Emmanuel Séchet ont décrit la pénurie de moyens dans le second degré.

Une logique budgétaire « à rebours des besoins »

Depuis la présidence d’Emmanuel Macron en 2018, il y a 8 000 élèves de plus dans le second degré mais 8 265 suppressions de postes. (...)

Une crise de sens des métiers

Au-delà du manque de moyens, le syndicat décrit une profonde crise du sens dans les métiers de l’éducation. « On assiste à des glissements : les psyEN se rapprochent du champ de la santé, les CPE basculent dans une logique sécuritaire », alerte Sophie Vénétitay. Le cœur du métier enseignant, lui, est mis à mal par une succession de réformes.

Un indicateur inquiétant vient confirmer ce malaise : une consultation interne du SNES-FSU a recueilli 10 000 réponses en dix jours, et parmi elles, 2/3 des collègues disent avoir envisagé de démissionner, en raison de la dégradation de leurs conditions de travail. « Le système ne tient plus. Il vacille. »

Des réformes de standardisation, des pratiques pédagogiques rejetées (...)

une « réforme de tri », qui marque une « tentative de standardisation des pratiques pédagogiques » sans lien avec la réalité du terrain : « Ce n’est pas en classant les élèves en groupes de niveau qu’on les fera progresser. » Le SNES-FSU a d’ailleurs redéposé un recours pour annuler le décret concerné.

Bac Blanquer : « Depuis six ans, on rafistole en permanence »

Au lycée, la réforme du baccalauréat Blanquer reste une source de tensions majeures. (...)

Le contrôle continu est pointé du doigt pour le stress généré, la pression et son rôle dans les inégalités en particulier à cause de Parcoursup ». Le SNES-FSU plaide pour un retour à des épreuves terminales, anonymes et nationales.

Le cas des mathématiques

Autre sujet de tension : la place des mathématiques au lycée. La création d’une épreuve en 1ère générale et technologique est perçue comme un replâtrage (...)

Le décrochage salarial et des carrières bloquées

Côté rémunérations, Emmanuel Séchet dresse un constat amer : « Il n’y aura aucune mesure salariale en 2025, comme en 2024. » Le point d’indice stagne, et les enseignants décrochent face à l’inflation. Le salaire indiciaire des enseignants plafonne à 1,08 SMIC, soit 1 850 € nets en début de carrière, alors qu’une rémunération à 2 000 € avait été annoncée.

Le milieu de carrière n’est pas mieux loti, avec l’abandon de la revalorisation prévue en septembre. Et en fin de carrière, ce sont près de 40 000 certifiés bloqués dans le deuxième grade de la hors-classe, touchant environ 2,3 SMIC, contre 3,5 SMIC en 1989.

Précarité : AESH, AED, contractuels oubliés

La précarité reste un angle mort majeur du ministère. Les AESH sont particulièrement concernés : le déploiement des Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) est dénoncé comme « une mesure d’adaptation à la pénurie », prise sans concertation, qui risque d’invisibiliser les situations de handicap.

Le syndicat souligne aussi la conséquence de la mesure d’accompagnement des élèves durant la pause méridienne : non accompagnée d’une hausse de la quotité horaire des AESH, elle conduit à une baisse du temps d’accompagnement sur d’autres temps de la journée. Comme les autres organisations syndicales, le SNES-FSU demande la création d’un statut de fonctionnaire de catégorie B.

Inclusion, violences, harcèlement : des dispositifs sans moyens (...)

« Les personnels vont être confrontés à des paroles difficiles, parfois traumatiques, sans formation suffisante, ni temps collectif pour les traiter », déplore la secrétaire générale du SNES-FSU. Elle relève que le questionnaire mis en place par le ministère « recueille des témoignages très lourds, mais l’anonymat empêche le traitement des situations. »

Le syndicat insiste sur la nécessité d’un vrai travail collectif, d’équipes pluridisciplinaires formées, et d’un engagement clair de l’État employeur dans la protection des personnels contre les menaces – y compris de la part de groupuscules réactionnaires, comme certains « parents vigilants ».

Une mobilisation dès septembre

Face à cet état des lieux, le SNES-FSU appelle à une rentrée de lutte. Un préavis de grève est déjà déposé, afin de couvrir les mobilisations locales et des outils de mobilisation, des ressources pour défendre l’autonomie pédagogique et la professionnalité des enseignants. Si une journée nationale d’action est prévue pour exiger un autre budget pour l’Éducation, le syndicat soutient et accompagne la mobilisation du 10 septembre, jugeant que la colère dépasse le champ de l’Ecole.