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mondoweiss (traduction DeepL.com/Translator)/Cinthya Silverstein, activiste visuelle, écrivaine et organisatrice d’arts communautaires
Les Juifs peuvent rejeter la violence et l’inhumanité du sionisme en embrassant la diaspora.
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #sionisme #juifs
Article mis en ligne le 24 juin 2025
dernière modification le 22 juin 2025

Le sionisme offre une identité unificatrice à de nombreux Juifs américains. Mais en tant que Juif par choix, né au Mexique et élevé aux États-Unis, j’ai découvert que les théories de la diaspora des penseurs noirs, indigènes et chicanx m’ont aidé à comprendre ma propre identité.

Parmi les Juifs américains, l’identité juive a souvent été présentée comme un problème à résoudre, le plus souvent dans le cadre du sionisme et du projet d’État-nation israélien. Cette perspective insiste sur le fait que l’identité juive doit être fondée sur l’existence d’un État, le militarisme et la loyauté envers un territoire spécifique. Mais qu’en est-il si l’impulsion de résoudre la diaspora par le nationalisme n’est rien d’autre qu’un piège qui nous entraîne dans la violence et l’inhumanité ?

Plutôt que de me tourner vers l’État-nation pour résoudre la vulnérabilité juive, j’ai trouvé plus de clarté, de force et de possibilités dans le travail des penseurs noirs, indigènes et chicanx dont les théories de la diaspora rejettent une fermeture nationaliste. Ce concept m’a aidé à comprendre ma propre identité. En tant que juive par choix, née au Mexique et élevée aux États-Unis, je ne peux exister dans aucun autre paradigme. Ces cadres nous rappellent que la diaspora n’est pas un problème à résoudre, mais une condition avec son propre pouvoir, son éthique et sa sagesse. Ils modèlent pour nous une manière d’être dans le monde qui honore la complexité, la fragmentation et la rupture historique sans se précipiter sur l’idée d’un État comme solution.

Ces penseurs diasporiques comprennent que l’État-nation n’est pas neutre, qu’il s’agit d’une construction forgée par l’empire et maintenue par l’exclusion. Dans le monde post-colonial, Edward Said nous rappelle qu’"aucun d’entre nous n’est complètement libre de la lutte pour la géographie". Ariella Azoulay approfondit cette critique en soutenant que la citoyenneté elle-même est une invention coloniale, qui n’accorde des droits qu’en produisant des étrangers. Dans son livre Potential History, elle nous invite à désapprendre l’impérialisme et à rejeter l’idée que l’État est la seule voie vers la dignité.

L’ouvrage de Paul Gilroy, The Black Atlantic, remet en question les notions classiques de diaspora en montrant que la traite transatlantique des esclaves a donné naissance à de nouvelles formations diasporiques qui ne sont pas enracinées dans le retour ou l’assimilation, mais dans la perte, la nostalgie, la résistance et la créativité culturelle. Stuart Hall décrit l’identité diasporique comme un processus de "devenir" plutôt que d’"être", marqué par l’hybridité, la rupture et la réinvention. Borderlands/La Frontera de Gloria Anzaldúa offre une perspective particulièrement puissante pour réfléchir à la diaspora juive. Anzaldúa écrit à partir de l’expérience des Chicanx qui ont directement vécu la redéfinition des frontières autour d’eux. Après la conquête américaine, les peuples indigènes, autrefois classés dans une identité nationaliste en tant que Mexicains, se sont retrouvés considérés comme des étrangers sur leur propre terre. Pour Anzaldúa, les frontières ne sont pas seulement physiques, mais aussi psychiques, émotionnelles et spirituelles. À travers ces expériences, elle nomme une forme de conscience qui s’épanouit dans la contradiction et la pluralité : la conciencia de la mestiza (la conscience de la métisse).

Le cadre d’Anzaldúa m’aide à donner un sens à la nature fragmentée et stratifiée de ma propre vie, non pas comme quelque chose à réconcilier, mais à embrasser. Cette conscience de la métisse ne cherche pas à aplanir les différences, mais à vivre pleinement en leur sein. Elle résonne avec ce que j’ai trouvé dans la tradition diasporique juive : un peuple façonné non pas par des frontières ou des armées, mais par le texte, la mémoire, le rituel et la résilience. C’est peut-être la raison pour laquelle, au début de ma vingtaine, je me suis sentie appelée à faire partie du peuple juif.

La diaspora juive, loin d’être une blessure historique à guérir par le nationalisme, est une source de force. Son pouvoir réside dans son éthique relationnelle, dans la manière dont elle a permis au peuple juif de survivre sans empire. La création de l’État d’Israël n’a pas marqué la fin de la diaspora, car la plupart des Juifs vivent toujours en dehors de celle-ci. Ce n’est pas un échec. C’est un fait. Et peut-être un cadeau. La diaspora n’est pas quelque chose que nous devons surmonter ; c’est quelque chose que nous portons. Elle peut être un espace de survie, de refus et de possibilités créatives.

Pour de nombreux Juifs aux États-Unis, en particulier depuis la Seconde Guerre mondiale, le sionisme a apporté une sorte de soulagement nationaliste, un remède imaginaire à des siècles de déplacements et de persécutions. Mais l’idée que la sécurité juive peut ou doit être enracinée dans un État-nation doit être remise en question et rejetée. Le rêve d’un État n’a pas apporté la sécurité collective ; il a exigé la complicité dans le déplacement et la dépossession continus des Palestiniens et a enfermé l’identité juive dans un cadre qui donne la priorité aux frontières, à la souveraineté et au pouvoir militaire plutôt qu’à l’éthique, à la solidarité et à l’attention.

Plus encore, elle a encouragé les Juifs à considérer leur traumatisme comme exceptionnel et à rechercher la rédemption par la domination. Cependant, l’histoire juive n’est pas seulement une histoire de souffrance. C’est une histoire de résilience, de créativité et de liens par-delà les frontières. C’est une histoire de survie diasporique. Les traditions qui ont soutenu la vie juive, le shabbat, l’étude, le chant, le rituel et l’attention portée à la communauté, ont été forgées en dehors des identités et des loyautés nationales. Ces pratiques font écho à d’autres façons diasporiques de connaître et d’être.

Les théories noires, indigènes et chicanx de la diaspora nous montrent que d’autres voies sont possibles. Elles nous enseignent que la sécurité ne peut se construire sur l’exclusion et que la survie ne se mesure pas à l’aune de l’assimilation ou de la conquête, mais à celle de la continuité, des relations et de la mémoire culturelle. Elles nous demandent de reconsidérer l’appartenance, non pas comme une possession ou une revendication territoriale, mais comme une pratique de responsabilité mutuelle et un refus des notions impérialistes d’exclusion.

La pensée diasporique refuse également la pureté. Elle résiste à l’idée que nous devons être entiers, situés ou loyaux pour être réels. Elle valorise le fracturé, le pluriel, l’entre-deux. Ces traditions nous apprennent à vivre avec la rupture, à nous souvenir sans retour et à construire des communautés qui ne dépendent pas de l’empire pour exister.

Comme l’écrit Robin Kelley, "sans nouvelles visions, nous ne savons pas ce qu’il faut construire, mais seulement ce qu’il faut démolir. Nous avons besoin d’une révolution des valeurs". Il ne s’agit pas d’un appel à renoncer à la judéité, mais plutôt d’un appel à l’approfondir. Se souvenir que nos traditions se sont construites dans l’exil, que notre éthique a émergé de la diaspora, que nos chants, nos prières et nos histoires ont toujours gardé la mémoire de l’ailleurs. C’est un appel à la solidarité avec les autres peuples déplacés, non pas en revendiquant notre propre État et en doublant le paradigme impérialiste et nationaliste, mais en refusant la logique qui a rendu les États nécessaires en premier lieu.

La judéité, dans sa forme diasporique, offre une ressource puissante pour réimaginer la communauté. Elle nous enseigne que l’on peut se sentir chez soi dans la relation, et pas seulement dans le territoire. Elle nous invite à pratiquer une éthique de l’assistance enracinée dans l’aide mutuelle, la mémoire et le refus. Pour les Juifs et les autres personnes façonnées par la diaspora, il ne s’agit pas d’un handicap. C’est une invitation à repenser le foyer, à décentrer l’État, la violence qu’il porte intrinsèquement, et à s’engager dans une politique de présence et de réparation.