
La guerre civile entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (RSF) est un conflit dévastateur qui a éclaté en avril 2023, plongeant le Soudan dans une crise humanitaire et politique majeure. Les affrontements opposent les forces loyalistes du général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée soudanaise, aux milices paramilitaires des RSF, dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemedti.
La guerre civile entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (RSF) a profondément bouleversé le pays, impactant de nombreux aspects de la vie. Ce conflit a gravement affecté la scène littéraire, poussant écrivains, éditeurs et la liberté d’expression littéraire au bord de l’extinction. De nombreux écrivains, poètes et intellectuels soudanais ont été contraints à l’exil. Parmi eux se trouvait le Dr Muawiya.
Le Dr Muawiya Seyfeddin avait enfin l’occasion de retrouver sa famille. Il a rassemblé ses affaires, ajouté à ses livres bien-aimés ceux qu’il n’avait pas encore eu le temps de lire, puis s’est dirigé avec ses enfants vers la gare routière. Son sac était petit, mais son fardeau était lourd. Il espérait prendre un bus pour Vad Medani, la capitale de l’État d’Al Jazirah, afin de célébrer les festivités avec le reste de sa famille. Il essayait en vain d’acheter son billet en ligne, mais le système de communication, gravement touché par la guerre, ne fonctionnait pas. Soudain, des coups de feu ont éclaté. Déconcerté, le Dr Muawiya cherchait un abri tout en tenant fermement ses livres.
Pendant ce temps, sa famille attendait avec impatience son arrivée, avant de recevoir un appel tragique. Son frère a confié au journal Asharq Al-Awsat que Muawiya avait été grièvement blessé lors des échanges de tirs à la gare routière. Lorsqu’il a été transporté à l’hôpital, il n’a pas pu recevoir de soins, les équipements médicaux ne fonctionnant pas à cause des coupures d’électricité. Les hôpitaux, également touchés par les attaques armées, n’étaient pas en mesure de prodiguer les soins nécessaires. En raison d’une hémorragie massive, le Dr Muawiya a succombé à ses blessures.
Son corps sans vie a été ramené à la gare routière et déposé dans la salle funéraire d’une mosquée voisine. À ses côtés gisaient ses livres ensanglantés qu’il n’avait pas encore eu le temps de lire. (...)
La fuite de la mort continue
Le sort de Muawiya n’est qu’un exemple parmi des millions de tragédies qui frappent le peuple soudanais et sa scène littéraire. Des dizaines d’écrivains ont été assassinés, des centaines de librairies incendiées et des milliers de livres réduits en cendres.
Au milieu de cette catastrophe humanitaire, des dizaines de milliers de personnes ont péri et plus de 11 millions ont été déplacées. (...)
La guerre détruit les vies et le patrimoine culturel
Alors que des vies sont brisées, des familles séparées et des institutions culturelles détruites, les femmes écrivaines, artistes et militantes expriment leur colère, leur peur et leur douleur face à la guerre qui ravage leur patrie. (...)
Les bibliothèques en ruines et la famine grandissante
Selon l’ONU, les bibliothèques, librairies et centres culturels ont été dévastés par la guerre. La crise humanitaire au Soudan ne cesse de s’aggraver, et des millions de personnes sont menacées par la famine et les maladies.
Le nombre de déplacés internes dépasse aujourd’hui les 10 millions, et les responsables de l’ONU tirent la sonnette d’alarme.
Un travailleur humanitaire, sous anonymat, a confié à la BBC : « Le déni de la famine par les autorités ne fait qu’aggraver la situation et condamner des milliers d’innocents à la mort. » (...)
L’accès à l’aide humanitaire entravé
Alors que la population soudanaise a un besoin urgent d’aide, les autorités pro-militaires ont interdit l’acheminement de l’aide humanitaire vers la région du Darfour, où de nombreux intellectuels ont trouvé refuge. (...)
M.A, ancien propriétaire d’une maison d’édition, témoigne anonymement :
« Les enfants et les bébés meurent déjà de faim et de malnutrition. C’est une catastrophe humanitaire et il y aura probablement des morts à grande échelle. Malheureusement, notre priorité n’est plus l’édition ni les livres, notre seule priorité est de survivre. »
D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 694 000 Soudanais ont fui vers le Tchad, mais des millions d’autres restent piégés dans des conditions de vie extrêmes et ont désespérément besoin d’une aide humanitaire.
Exécutions extrajudiciaires (...)
Alors que le conflit s’intensifie, les dirigeants soudanais continuent d’ignorer les souffrances des civils. L’ONG « Femmes Journalistes sans Chaînes » a publié un rapport dénonçant l’échec des commandants de l’armée soudanaise à protéger les journalistes. (...)
Si la France parvient à faire aboutir son appel au cessez-le-feu, cela pourrait donner aux journalistes, écrivains et éditeurs une chance de reconstruire et de créer à nouveau