
On parle beaucoup du rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de la désinformation. Mais qu’en est-il de celui des moteurs de recherche et notamment du plus utilisé d’entre eux, celui de Google ?
« Google est ton ami », une phrase que l’on a tous déjà entendue et peut-être même souvent prononcée. Mais est-ce vraiment une bonne idée de conseiller à quelqu’un de regarder sur un moteur de recherche pour vérifier une information ?
Des chercheurs de l’Université de New York et de Stanford ont mis en place cinq expérimentations pour étudier l’influence de l’utilisation de Google sur la désinformation. Leur article, publié dans la revue scientifique Nature mercredi 20 décembre, explique que « chercher en ligne pour évaluer l’info » (en anglais « search online to evaluate news », SOTEN) peut renforcer la crédibilité d’articles trompeurs ou de fausses informations. (...)
Renforcer la crédibilité des articles de désinformation
De ces cinq expériences, les chercheurs en retirent que l’utilisation de moteurs de recherche pour évaluer des articles de presse faux ou trompeurs augmente la probabilité que les participants les perçoivent comme vrais. La cinquième explique un peu plus comment ce mécanisme de renforcement se met en place. (...)
on peut constater que faire une recherche dans Google n’influence pas les personnes interrogées si le moteur ne propose que des sources fiables ou que des sources non fiables. Par contre, si les résultats du moteur proposent de 25 à 50% de sources problématiques, les utilisateurs vont plus avoir tendance à juger vraie une information pourtant « fausse ou trompeuse ». Dans un article d’explication publié en parallèle, deux des auteurs expliquent avoir d’abord conçu la première expérience, puis les trois suivantes pour l’infirmer ou la confirmer. Mais ils racontent avoir eu « l’impression de nous enfoncer dans un trou de lapin, car nous continuions à trouver le même effet, mais nous n’en comprenions pas le mécanisme ». C’est seulement avec la cinquième expérience et l’introduction du plug-in de navigateur qu’ils ont pu collecter et examiner minutieusement les résultats de Google, « ce qui nous a permis de découvrir que la qualité des informations renvoyées par les recherches pouvait expliquer les croyances des participants ».