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Ligue des Droits de l’Homme/Tribune collective, 31 octobre 2023
“Levez l’assignation à résidence perpétuelle de Kamel Daoudi pour lui et sa famille”
#KamelDaoudi #CEDH #France
Article mis en ligne le 3 novembre 2023
dernière modification le 2 novembre 2023

Dans cette tribune, plus de 70 personnalités attachées aux libertés, dont la Rapporteuse spéciale des nations unies sur les droits de l’Homme et la lutte antiterroriste, demandent à l’État français de faire cesser l’assignation à résidence longue de quinze ans, aussi cruelle qu’arbitraire, que subissent Kamel Daoudi, sa femme et leurs quatre enfants. Tribune ouverte à signature individuelle.

Le 14 septembre 2023, la Cour Européenne des droits de l’Homme (CEDH) a rejeté la requête de Kamel Daoudi, déposée cinq ans auparavant, demandant la levée d’une assignation à résidence qui dure depuis quinze ans.

Elle a jugé qu’elle ne pouvait se prononcer sur le fond (les violations du droit à la vie privée et familiale et du droit à la liberté perpétrées par l’État français), tant que Kamel n’aurait pas épuisé toutes les voies de recours internes en France. Kamel a toujours cherché, par le Droit, à faire reconnaître ses droits. Depuis quinze ans pourtant, Kamel Daoudi, sa femme et leurs quatre enfants se voient opposer une fin de non-recevoir par les tribunaux français, à leur demande simple, celle de reprendre une vie familiale normale.
La CEDH représentait donc le « dernier espoir légal » pour toute une famille : le coup était trop rude pour Sandra Georges, sa femme, mère de leurs quatre enfants et professeure des écoles, qui entamait, acte de résistance ultime, une grève de la faim et de la soif dans la foulée d’une décision aussi cruelle.

Sandra et leurs quatre enfants vivent en effet, au même titre que Kamel, les conséquences sociales et psychiques d’une telle privation de liberté

Qu’ont-ils fait pour mériter cela ? La réponse tient en un mot. Rien.

Retour en arrière. En 2001, Kamel Daoudi est arrêté puis condamné pour « association de malfaiteurs en relation avec un projet d’entreprise terroriste ». Il a toujours nié, et la justice a reconnu qu’il n’y avait aucune preuve d’attentat, sauf « les aveux » d’un co-accusé extorqués sous la torture aux Émirats Arabes Unis.

Déchu de sa nationalité française, condamné à une peine de six ans de prison, assortie d’une interdiction du territoire français, il a purgé l’intégralité de sa peine. Son renvoi prévu vers l’Algérie, pays où il n’a aucune attache si ce n’est sa nationalité, a été interdit en 2009 par la CEDH au vu des risques de traitements cruels, inhumains et dégradants qu’il y encourrait.

Vivant en France depuis l’âge de 5 ans et ayant acquis la nationalité française par naturalisation dont il a été privé le 27 mai 2002 pendant l’instruction même de son dossier, Kamel Daoudi se trouve depuis relégué dans un no man’s land : à la fois interdit de territoire français et inexpulsable en Algérie ; à la fois sorti de prison et privé de sa liberté, de se déplacer, de travailler, de vivre avec sa famille, de reprendre une vie normale. Kamel Daoudi vit dans un état de quarantaine sociale depuis 15 ans.

Depuis 15 ans, les services de renseignement, sur demande des services juridiques du ministère de la Justice, s’acharnent à invoquer une supposée dangerosité par des accusations aussi absurdes qu’infondées. (...)

Ce qui permet une telle situation, c’est d’abord la législation française, qui permet à l’État d’assigner à résidence de manière indéfinie un étranger dans l’attente de son expulsion (...)

Dans un État de droit, comme il est impossible de « prouver son innocence », c’est à la justice d’établir la culpabilité d’une personne accusée. Dans le cas de Kamel Daoudi, c’est l’inverse (...)

La décision de la CEDH, pour cruelle qu’elle soit, a une vertu : elle indique que la responsabilité première d’une telle situation, indigne d’un État de droit, incombe aux plus hautes autorités françaises, en premier lieu aux ministres de l’Intérieur et de la Justice. À tout moment, pour peu qu’ils fassent preuve de courage, d’humanité, et de respect des droits fondamentaux, ils peuvent y mettre fin. Dans le cas contraire, une famille entière aura pour tout horizon une assignation à résidence à perpétuité.

Car si la loi française permet, elle n’oblige en rien le gouvernement à y recourir de manière aussi arbitraire. (...)

Pour signer la tribune à titre individuel, merci de suivre ce lien

Voir aussi :

 (le Media)
KAMEL DAOUDI, CONFINÉ DEPUIS 12 ANS

Condamné pour association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste à 9 ans de prisons ramenés à 6 en appel, Kamel Daoudi, ingénieur en informatique franco-algérien de 45 ans a été arrêté en septembre 2001 après un voyage de 3 mois en Afghanistan.

Présenté dans la presse comme le webmaster de Ben Laden, suspecté sans preuves d’avoir préparé un attentat contre l’ambassade américaine à Paris, après une instruction bâclée et sous pression américaine et quatre ans en quartier de haute sécurité, il sort en 2008 et refuse son extradition en Algérie où il n’a vécu que quatre ans et ne connaît personne.

La Cour européenne des droits de l’homme reconnaît l’iniquité de cette expulsion, mais l’administration française et le Ministère de l’Intérieur ne veulent rien entendre. (...)