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LGV Bordeaux-Toulouse : elles défendent un chêne et finissent au tribunal
#LGVBordeauxToulouse
Article mis en ligne le 11 novembre 2025
dernière modification le 8 novembre 2025

(...) Comme deux autres opposantes à la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, elle comparaissait libre devant les juges pour des faits d’occupation, de dégradations et de violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique. Le parquet requiert 140 heures de travaux d’intérêt général et 1 000 euros d’amende avec sursis pour refus de prélèvement ADN pour deux des trois opposantes, ainsi que des peines d’inéligibilité et d’interdiction de territoire en Haute-Garonne de deux à trois ans, avec exécution provisoire pour les trois prévenues. Le délibéré se tiendra le 4 décembre. (...)

Comme deux autres opposantes à la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, elle comparaissait libre devant les juges pour des faits d’occupation, de dégradations et de violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique. Le parquet requiert 140 heures de travaux d’intérêt général et 1 000 euros d’amende avec sursis pour refus de prélèvement ADN pour deux des trois opposantes, ainsi que des peines d’inéligibilité et d’interdiction de territoire en Haute-Garonne de deux à trois ans, avec exécution provisoire pour les trois prévenues. Le délibéré se tiendra le 4 décembre. (...)

Les faits qui leur sont reprochés se sont déroulés le 29 août à Saint-Jory, au nord de Toulouse. Un peu avant 5 heures du matin, un groupe d’opposants, dont faisaient partie les trois prévenues, a tenté de s’approcher et de grimper à un chêne qui devait être abattu par la SNCF dans le cadre de travaux préparatoires à la LGV menés dans le secteur.

Saint-Jory est un lieu central de l’opposition à la LGV, puisque la zad de la « Guinguette vaillante », installée sur les bords de la Garonne au nord de la commune, permettait jusqu’à peu de visibiliser cette lutte.
Une action « symbolique »

Alertée par un système d’alarme posé sur place, la gendarmerie est rapidement arrivée sur les lieux avant d’interpeller les trois opposantes et de constater qu’une partie du barbelé posé autour du chêne avait été sectionnée. L’un des gendarmes a affirmé qu’une des opposantes lui a « sauté dessus » au moment de son interpellation, pour tenter de reprendre le téléphone qu’il lui avait subtilisé.

Face à la présidente du tribunal, les trois opposantes ont expliqué sans détour leur action. « Notre objectif, c’était de monter dans ce chêne bicentenaire pour éviter sa coupe. C’était symbolique, pour alerter les médias et les habitants de Saint-Jory sur ce qu’il se passe ici. On a eu raison, puisque le chêne a été abattu quelques jours plus tard », précise l’une d’entre elles. (...)

Pour revenir sur les faits de violence, la présidente a décidé de visionner la caméra-piéton de l’un des gendarmes présents lors de l’intervention. La salle d’audience, pleine à craquer, a découvert ces images sur un petit écran d’ordinateur. « Le gendarme m’a subtilisé mon téléphone et lisait mes conversations privées, regardait mes photos, a expliqué Léa. Je lui ai dit à plusieurs reprises de verrouiller mon téléphone, que c’était mon intimité. » L’opposante a alors tenté de le verrouiller en le saisissant, avant d’être plaquée au sol. « Connasse, connasse ! » peut-on entendre sur la vidéo.

Absent de la salle, le gendarme au cœur de cette altercation a fait savoir par écrit à la présidente qu’il demandait 800 euros de préjudice moral.

« C’est une consultation au rabais »

Trois témoins ont également défilé à la barre, notamment pour expliquer les raisons de l’opposition à la LGV Bordeaux-Toulouse. (...)

Malgré un recours sur le fond déposé en juin 2024, et qui n’a pas encore été jugé, les travaux préparatoires au nord de Toulouse et au sud de Bordeaux ont déjà commencé. Ceux concernant les 220 kilomètres de ligne nouvelle entre les deux villes ne sauraient tarder. (...)

Dans une lettre transmise à la présidente, où elle justifiait notamment ses actions d’opposition à la LGV, Léa a assuré qu’il ne lui restait « plus grand-chose pour tenter d’alerter et freiner les travaux pour éviter cette politique du fait accompli. Je n’évalue plus nos actions seulement à l’aune de leur efficacité future, mais aussi à celle de leur sincérité et de la dignité qu’elles apportent au présent. »