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Librairie queer vandalisée à Nantes : “C’est notre identité entière qui est visée”
#minorites #extremedroite #culture
Article mis en ligne le 31 mai 2025
dernière modification le 28 mai 2025

Violemment ciblée début mai, la librairie indépendante Les Vagues n’a pas fermé ses portes, en acte de résistance. Et est devenue bien malgré elle un nouvel exemple du mouvement de censure opéré par les groupuscules d’extrême droite.

Les atteintes à la liberté de création et de diffusion perpétrées par des mouvements se revendiquant pour la plupart de l’extrême droite se multiplient. Plus un mois désormais sans des tentatives d’intimidation, des annulations de spectacles ou des attaques contre des lieux de culture. Dans la nuit du 8 au 9 mai, la librairie Les Vagues, à Nantes, a ainsi été la cible d’un acte de vandalisme à caractère LGBTphobe. Les caméras de surveillance de la ville ont capté, aux alentours de minuit et demi, l’attaque de deux hommes s’acharnant sur ses vitrines.

Des stickers du Comité du 9 mai, un groupuscule d’extrême droite, ont été retrouvés à l’aube dans les rues adjacentes. Si l’implication directe de ce mouvement dans la destruction des vitrines de la librairie n’a pas été formellement établie, difficile de ne pas faire le lien entre cette « revendication » et la manifestation organisée le lendemain à Paris, à l’appel de ce même groupuscule, en souvenir d’un de ses militants, Sébastien Deyzieu, mort accidentellement le 7 mai 1994 en chutant d’un toit lors d’une poursuite avec les forces de l’ordre. Dans un contexte marqué par la montée des violences homophobes, les fondateurs de la librairie estiment cependant que « le but n’est pas de trouver quel groupuscule est l’auteur de cette attaque ». Et insistent : « Ce n’est pas un problème isolé, mais bien le résultat d’un système fasciste. » (...)

Un lieu refuge

Malgré les dégâts, Amandine et Maxime ont fait le choix de rouvrir immédiatement la librairie. « C’était le meilleur moyen de leur faire un gros doigt d’honneur », expliquent-ils. La semaine suivante, la rencontre littéraire du mardi a été maintenue, malgré l’attente des réparations. Là aussi, une manière de signifier que la librairie veut continuer à incarner ce qu’elle a toujours été : un refuge, un lieu de résistance et de culture pour les communautés marginalisées. (...)

Les fondateurs ne comptent pas sur une aide hypothétique des pouvoirs publics pour continuer leur aventure. « La région des Pays de la Loire a déjà fait des coupes budgétaires monstrueuses à la culture, mais on fait sans, on s’organise, on se soutient, et surtout, on ne nous fera pas taire. » La librairie a toutefois reçu l’appui de la Mairie de Nantes comme de nombreuses figures du monde du livre, mais aussi d’anonymes. Un soutien suivi d’effets puisque la mise en place d’une cagnotte a permis de récolter en quelques jours plus de 13 600 euros pour réparer et sécuriser Les Vagues. Cet élan a également donné un nouveau souffle à la librairie, dont le nom et la cause ont depuis été largement relayés sur les réseaux sociaux.