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Maccarthysme made in France
#maccarthysme
Article mis en ligne le 11 mars 2025
dernière modification le 9 mars 2025

Le Maccarthysme est un épisode politique qui a eu lieu aux USA dans les années 1950. En pleine guerre froide, c’est un moment de paranoïa collective et de répression totalitaire visant toutes les personnes supposément proches du communisme. Il s’agit d’un véritable moment d’inquisition, qui a visé des milliers de personnes – y compris des intellectuels et responsables politiques – ayant des idées pacifistes, féministes, réclamant plus de justice sociale, ou tout simplement apparentées à la gauche.

Dans la France de 2025, un nouveau Maccarthysme s’abat contre toute expression anticolonialiste et anti-racistes. Rien que ces derniers jours, un journaliste a été mis à pied, une eurodéputée insoumise menacée, une manifestation féministe interdite et une assemblée étudiante censurée. Tour d’horizon.

Rima Hassan visée par les autorités pour avoir parlé d’une entreprise complice du génocide à Gaza

Le 1er mars, l’eurodéputée insoumise et juriste Rima Hassan partageait une information d’intérêt public : l’entreprise marseillaise Eurolinks fabrique « les munitions retrouvées sur les corps de centaines de victimes palestiniennes » à Gaza. Elle ajoutait « Israël représente plus de 7% du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise Eurolinks basée à Marseille ».

Rima Hassan a-t-elle révélé un scoop ? Même pas. Cela fait des mois que des mobilisations publiques à Marseille dénoncent cette entreprise qui arme le génocide commis contre le peuple palestinien. Dès le mois de mars 2024, il y a un an, les médias Disclose et Marsactu révélaient que l’entreprise marseillaise exportait des petites pièces métalliques servant à relier entre elles des balles de fusils mitrailleurs et permettant des tirs en rafale de l’armée israélienne. Depuis, la justice internationale a émis un mandat d’arrêt contre les dirigeants israéliens pour « crimes contre l’humanité ». Dans une société normale, cette entreprise devrait être dénoncée par tous les bords politiques et les autorités françaises l’auraient sanctionnée. C’est tout l’inverse qui s’est passé.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a déclaré que les posts de Rima Hassan appelaient à « la vindicte » contre cette pauvre entreprise. Et le préfet de police des Bouches-du-Rhône a signalé au parquet les publications de l’élue, estimant qu’elles sont « susceptibles d’inciter à la violence ». Dire la vérité est devenu une incitation à la violence.

Ces derniers jours, l’eurodéputée a déjà subi une offensive raciste gravissime : l’extrême droite, puis deux ministres macronistes, ont appelé à retirer à l’élue sa nationalité française pour avoir rappelé dans les médias que, selon le droit international, un peuple colonisé a le droit de se défendre.

Jean-Michel Aphatie viré de RTL

Jean-Michel Aphatie, figure bien connue des médias dominants et trop souvent brosse à reluire des puissants, n’est pas connu pour être un farouche opposant. Mais, désormais, il suffit d’émettre un avis allant à l’encontre de la doxa d’extrême droite pour être menacé. (...)

Il ne souhaite pas s’excuser ou revenir sur ses propos. Une victime de la « cancel culture » fasciste, une de plus.

Interdiction de dénoncer l’extrême droite à la fac de Reims

Une assemblée générale antifasciste devait avoir lieu à l’Université Reims Champagne-Ardenne, ce mercredi 22 janvier. Mais le Rassemblement National est monté au créneau, a interpellé la présidence de la fac, et a obtenu son interdiction. La réunion était annoncée comme une « présentation de l’histoire de l’antifascisme et de l’extrême droite en France ». (...)

Exclusions à Science Po

Avant les vacances scolaires, un rassemblement était organisé à Science Po Paris, à l’appel des syndicats étudiants, pour réclamer la reconnaissance du génocide en Palestine, la fin de la répression ainsi que la rupture des partenariats avec les universités israéliennes complices du génocide.

Trois étudiant-es – dont la présidente de l’Union étudiante de Sciences Po, un des syndicats du campus – ont été convoqué-es dans les bureaux de l’administration le jour même. La direction de l’établissement leur a annoncé une « exclusion temporaire avec interdiction d’accès aux locaux et aux enceintes de l’École ». Et tout cela aux motifs de garantie du « bon ordre » et de la « sûreté de l’établissement ».

Il y a quelques jours, ces trois étudiant-es ont appris leur exclusion pour 30 jours. Des sanctions très lourdes, qui touchent la représentante d’une organisation syndicale et constituent donc une étape de plus dans la répression au sein de l’établissement. En cinq mois, ce dispositif d’exclusion a été utilisé 40 fois à l’encontre d’étudiant-es luttant pour la Palestine.

Une marche féministe interdite

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses organisations féministes organisaient une manifestation nocturne prévue le vendredi 7 mars, dans le cadre de la journée de lutte internationale pour les droits des femmes et des minorités de genre. Un appel liant la question du droit des femmes et les questions anti-racistes et anti-colonialistes. Parmi les signataires, on trouvait des organisations pour la Palestine, dont Urgence Palestine et Samidoun.

Le Préfet de Paris Laurent Nunez a décidé d’interdire cette marche (...)

Le même préfet avait autorisé des mobilisations néo-nazies à Paris, notamment le 11 mai 2024 sous protection policière. Des étendards fascistes et des gros bras cagoulés avaient défilé en plein Paris en scandant des slogans racistes. Le préfet n’avait pas parlé « d’appels à la haine » à leur sujet. Mais quand il faut dénoncer un génocide, il monte au créneau.

Le 21 avril 2024, une grande manifestation « contre le racisme et l’islamophobie » à l’appel de très nombreuses organisations avait déjà été interdite par le préfet de Paris. (...)

Maccarthysme à la française

Dans la France en cours de fascisation, énoncer de simples vérités est désormais dangereux. Parler d’une entreprise d’armement, de l’histoire de l’extrême droite ou de la guerre d’Algérie est devenu répréhensible. (...)