
Plusieurs inondations ont touché le Pas-de-Calais depuis décembre 2023. Malgré la gravité et la répétition de ces épisodes, les projets immobiliers continuent de s’y développer. Le premier ministre y est attendu lundi pour suivre le plan de résilience régional. (...)
L’objet du débat dans la commune, ce sont deux permis de construire, censés aboutir à la création de 30 nouveaux logements non loin du centre-ville.
Seulement, les terrains visés par ces permis de construire ont été inondés à deux reprises, comme l’atteste une vidéo que Mediapart a pu consulter. Ils se situent même à seulement quelques mètres du fleuve Aa, à l’origine des crues. Noël Bodelle, apprenant l’information, a alors remis un recours gracieux en mairie. La réponse du maire est arrivée un mois plus tard, lui notifiant le rejet de son recours. (...)
« Je ne suis pas contre les habitations, mais il faut au moins geler les permis de construire et étudier de nouveau les risques », explique le Wizernois. Son expression est au pluriel, car les projets immobiliers concernés par le risque inondation sont nombreux.
À Arques, par exemple, le conseil municipal se fixait l’année passée un objectif : réaliser 375 logements d’ici à 2028 pour la commune de 9 000 habitant·es, dont les images de la place principale sous les eaux sont encore dans les têtes. « Parmi ces projets, il y en a un dont les travaux ont dû être stoppés à cause des inondations », assure Noël Bodelle.
La tension autour de ce sujet est allée crescendo. À Saint-Martin-lez-Tatinghem, le projet d’extension d’une zone d’activité, là aussi contesté, était trop lent aux yeux de Joël Duquenoy, président de la communauté de communes. Alors l’élu s’est permis un coup de pression, promettant dans les colonnes de La Voix du Nord en avril 2023 que le projet serait mené « coûte que coûte ». « J’ai déjà prévenu le sous-préfet : un jour, il verra arriver des grues sur la zone même si nous n’avons pas obtenu les autorisations nécessaires », arguait-il, toujours dans le même journal.
Et à mesure que l’inquiétude gagne les ménages face à l’eau, le débat s’étend. Il ne porte plus uniquement sur les projets qui risquent directement d’être inondés. À Ardres, par exemple, un lotissement est dans les cartons, pour 172 logements au total, étendu sur sept hectares de zones agricoles. Le terrain n’a certes pas été inondé, mais ce qui inquiète, c’est le ruissellement vers le bas de l’eau qui ne serait plus absorbée par la terre. (...)
Dans le cas des projets directement impactés par les risques d’inondation, la justification municipale est toujours la même : le plan local d’urbanisme (PLU) et le plan de prévention des risques inondation (PPRI) sont respectés. (...)
Alors que pour les détracteurs des projets immobiliers, les contours de la prévention posent question. Beaucoup des habitantes et habitants mobilisés appellent à une révision de ces plans, dont les prévisions ont été dépassées par la réalité. Le ministère de la transition écologique et de la cohésion du territoire indique, lui, qu’une mission d’inspection a été lancée et qu’elle est « de nature à alimenter les réflexions sur la nécessité de mettre à jour le PPRI, mise à jour qui relève de la compétence du préfet ». (...)
En réaction à ces nombreux projets, signe que la tension va montant, une association a été créée : Stop inondations s’est fixé comme objectif de recenser, petit à petit, les projets d’urbanisation posant question. Une pétition est aussi en cours d’élaboration pour demander le gel de l’essentiel des permis de construire, afin de les réétudier. (...)