
Le 21 décembre, les habitants de Montpellier pourront emprunter leurs transports en commun gratuitement. L’aboutissement d’une politique menée localement depuis plusieurs années et qui a le vent dans le dos ailleurs en France et en Europe.
La bascule totale de Montpellier est une petite révolution. Car jusque-là, la gratuité d’accès aux transports en commun était plutôt réservée à des villes moyennes.
Le 21 décembre 2023 sera quoi qu’il arrive un moment qui fera date dans l’histoire des transports en commun en France. (...)
Cette décision est l’aboutissement d’une promesse de campagne, celle de Michaël Delafosse (Parti socialiste) et de ses alliés Verts après leur large victoire aux élections municipales de 2020. Dès septembre 2020, les transports en commun deviennent gratuits le week-end. Un an plus tard, la gratuité est étendue aux mineurs et aux plus de 65 ans. Un peu plus de deux ans plus tard, donc, la gratuité pour l’usager devient totale.
Cette mesure politique a l’immense avantage de concilier deux questions qui sont parfois contradictoires : celle « de la fin du mois » (elle est bonne le pouvoir d’achat des ménages) et celle « de la fin du monde » (elle est bonne pour le climat). Les expériences menées ailleurs, et notamment à Dunkerque, ont en effet prouvé que la gratuité entraîne un bond de la fréquentation et un (modeste) transfert d’automobilistes vers les transports en commun. La mesure semble aussi profiter au commerce de centre-ville et n’entraîne pas de hausse significative des incivilités, comme certains le craignent parfois.
Malgré ces avantages, la mesure fait l’objet d’une globale opposition de la part des principaux acteurs économiques du monde des transports, et notamment des autorités organisatrices. Car, en économie, il n’y a pas de repas gratuit : ce que les usagers ne paient plus directement à l’automate doit être trouvé ailleurs.
35 millions d’euros à trouver (...)
Les entreprises et les contribuables pourront-ils prendre le relais ? Les élus montpelliérains comptent sur le dynamisme économique de l’agglomération et une montée en puissance du versement mobilité pour combler le manque à gagner des recettes des usagers.
Côté contribuable, la majorité métropolitaine a promis de ne pas augmenter les impôts locaux. Voilà pourquoi nombre d’acteurs s’inquiètent d’une possible dégradation du service, notamment sous la forme d’une baisse de l’offre (fréquence, amplitude horaire…). (...)