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« Nous, antifascistes de toute la France, appelons à construire un front uni de résistance »
#electionslegislatives #antifascisme
Article mis en ligne le 7 juillet 2024
dernière modification le 6 juillet 2024

« Quand l’extrême droite arrive au pouvoir, elle ne le lâche pas », préviennent des collectifs et groupes antifascistes de toute la France qui, dans cette tribune, appellent à s’organiser durablement, quel que soit le résultat des élections.

Le Rassemblement National est désormais aux portes du pouvoir en France.

La dédiabolisation de ce parti, la banalisation de ses idées par les médias et une partie de la classe politique, ou encore les politiques antisociales et racistes de Macron, ont contribué à l’accélération d’une montée en puissance commencée il y a plus de 45 ans. Ce phénomène est aussi largement alimenté par les partis politiques « traditionnels » qui, de moins en moins populaires, comptent sur la stratégie du « barrage républicain » pour garantir leur élection.

Cette situation, bien qu’inquiétante, n’a rien de surprenant. D’abord parce que les idées portées par le Rassemblement National et leurs sbires ne sont plus cantonnées à l’extrême droite. Grâce à la propagande des médias qui la galvanisent et diabolisent la gauche, les thématiques xénophobes et réactionnaires abreuvent les plateaux télé

La dédiabolisation, c’est aussi l’intégration des concepts racistes, islamophobes ou sécuritaires dans les programmes des partis de « l’arc républicain ». La loi immigration de janvier 2024, votée de concert avec les partis d’extrême droite, de droite et les macronistes en est le parfait exemple. (...)

« A l’Assemblée, les députés RN ont soutenu les macronistes dans 42% des cas »

Emmanuel Macron n’est pas en reste. Il s’est montré à de nombreuses reprises idéologiquement très proche de l’extrême droite en soutenant des lois racistes comme par exemple la loi séparatisme en 2021 ou bien la loi immigration en 2024, en réalisant des opérations colonialistes : Wuambushu en 2023 à Mayotte, ou plus récemment en Kanaky, ou encore en mettant en place des réformes violentes sur le travail et le chômage, très souvent validées à grand renfort de 49.3.

Sa dernière prouesse est donc la dissolution de l’Assemblée Nationale qui place le RN proche d’une accession au pouvoir, après être arrivé en tête lors du scrutin européen. (...)

Le RN a aussi permis de normaliser un racisme décomplexé en France. La plupart des gens votent pour le RN d’abord par racisme. Que ce racisme soit le résultat d’une désinformation orchestrée ou qu’il préexiste, voter pour le RN ou Reconquête ! revient à soutenir un parti raciste.

« Dans son sillage une multitude de groupuscules ultraviolents » (...)

Il semble bon de rappeler que le RN, « républicain » et « présentable », a placé nombre de candidats antisémites, islamophobes et suprémacistes blancs dont les propos racistes et les photos accablantes ont été rendus publics ces derniers jours. Il traine également dans son sillage une multitude de groupuscules ultraviolents, parfois terroristes, qui, galvanisés par une victoire électorale, en profiteraient pour répandre leur violence en toute impunité. (...)

Les régimes fascistes sont caractérisés par une consolidation rapide et implacable du pouvoir, ce qui se traduit par la suppression des institutions "démocratiques", le contrôle des médias, et l’utilisation de la violence pour éliminer toute opposition. Un schéma politique qui ressemble fortement à ce que nous vivons, mais qui serait encore plus prégnant avec leur accession au pouvoir. En s’accaparant tous les leviers de l’État, renforcés en leurs faveurs ces dernières années, les fascistes pourraient s’assurer que les mécanismes de contre-pouvoir soient neutralisés.

À la veille du second tour des élections législatives, il est bien évident que tout ne se résumera pas aux urnes parce que l’extrême droite est déjà là et le sera encore après les élections, quel qu’en soit le résultat. (...)

L’urgence aujourd’hui est d’empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir. Ce scénario serait catastrophique : il doit être considéré avec sérieux et notre préparation doit être à la mesure du danger. C’est pour toutes ces raisons que nous, antifascistes de toute la France, appelons dès aujourd’hui à construire un front uni de résistance. Ne laissons pas l’extrême droite déjà trop présente dans la société française prendre le pouvoir. Car quand l’extrême droite arrive au pouvoir, elle ne le lâche pas.

Les groupes antifascistes dont nous faisons partie sont engagés contre l’extrême droite et se battent pour une société différente dont la solidarité, l’anticapitalisme, la lutte contre toute forme de ségrégation et la justice sociale sont les piliers. Nous luttons sur plusieurs fronts : que ce soit dans les organisations, les rues et évidemment sur le plan idéologique. Le combat antifasciste s’étend aussi bien contre le capitalisme et l’État, qui sont complices et moteurs de ces mouvements réactionnaires, que contre les groupes et partis d’extrême droite qui sont de plus en plus proactifs en France comme partout ailleurs dans le monde.

En revanche il est important de préciser que nous ne prétendons à aucune hégémonie sur ce que pourrait être la lutte antifasciste. Elle est l’affaire de tous et toutes, et nos différents groupes ne constituent que des choix de réponses, d’outils et de structuration dans une "boîte à outils de lutte" qui en comporte beaucoup d’autres. Cela dépasse de loin le seul monde militant (...)

Dans notre société rongée par la casse sociale et où les divisions s’accroissent, il est du devoir de toutes et tous de se serrer les coudes, et de rappeler les intérêts communs. Car le fascisme, même s’il n’est pas que cela, est l’outil de la classe dominante : il nous sépare pour mieux nous écraser.
De la campagne aux quartiers abandonnés sciemment par l’État, de la métropole aux territoires coloniaux, les oppresseurs sont les mêmes !

Le fascisme est l’ennemi et l’affaire de tous et toutes.

Alors nous l’affirmons ici : à bas l’unité nationale, vive l’unité populaire, et mort au fascisme, quelle qu’en soit la forme !