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"On a peur qu’un enfant prenne une balle perdue en sortant de l’école" : après trois fusillades, l’angoisse des familles à Villeurbanne. Le maire explique en appeler, sans succès, à Gérald Darmanin pour régler la situation depuis longtemps.
#drogue #insecurite #Villeurbanne #Darmanin
Article mis en ligne le 12 novembre 2023
dernière modification le 11 novembre 2023

Trois fusillades en cinq jours dans le quartier du Tonkin, à Villeurbanne. Depuis dimanche 5 novembre, les familles vivant à proximité des lieux vivent dans l’angoisse : les fusillades, dont l’une a fait un blessé grave, ont eu lieu à proximité directe d’écoles. Le maire PS est allé ce vendredi matin à la rencontre des riverains.

"Monsieur le Maire, je peux vous poser une question ?" Cédric Van Styvandael acquiesce. "J’ai une fille de six ans. Ils tirent. Je fais comment ? Je fais comment ? Dites-moi ! Et si ça avait touché ma fille ? Je fais comment ? La police sert à quoi ? Mais fille est traumatisée, elle a six ans, je viens de la mettre de force à l’école. Mais on est où ici ? On n’est pas en France ?", questionne une jeune femme. De l’emportement, de la colère, mais surtout beaucoup d’angoisse dans les mots de cette mère.

"Je peux juste entendre votre colère. Je n’ai pas la réponse, mais je comprends". Le maire avoue son impuissance, mais il tente de rassurer : "depuis trois ans, je vous assure, il n’y a jamais eu autant d’interpellations, de saisies sur ce quartier et vous voyez qu’il y a plus d’interventions. Mais ça génère beaucoup de tensions autour du trafic de drogue. Il faut continuer. Il ne faut pas qu’on lâche" (...)

Des parents morts d’inquiétude

Ces familles et ces riverains vivent dans l’anxiété depuis dimanche dernier. Trois fusillades en moins d’une semaine ont éclaté - pour deux d’entre elles - en pleine journée dans le quartier du Tonkin. Situation d’autant plus inquiétante que les tirs ont eu lieu en pleine journée et à proximité d’établissements scolaires et de crèches. Mercredi midi, au moins une douzaine de tirs ont été entendus et autant de douilles retrouvées au sol. Les trois fusillades ont eu lieu toujours à proximité de points de deal, dans un secteur compris entre la rue Général Dayan et l’avenue Dutrievoz. Des enquêtes sont en cours, mais dans ce quartier le sentiment d’insécurité grandit. (...)

Pour Sabrina, l’impact de ces événements n’est pas sans effet : "on se retrouve avec des enfants confinés, des alarmes anti-intrusion qui sonnent, c’est hyper anxiogène pour les enfants cette situation", explique la mère de famille. "Mais ce sont surtout les enfants notre priorité ! On a peur qu’un enfant prenne une balle perdue en sortant de l’école. Là, la présence des policiers nous rassure. Mais combien de temps va-t-on les avoir ?" s’interroge-t-elle. (...)

"Tous les parents d’élèves, on remercie tous les personnels de l’école pour ce qu’ils font au quotidien pour protéger nos enfants de cette angoisse permanente. Ils ont les mots et la pédagogie". "Ma fille, en moyenne section, a entendu l’alarme anti-intrusion à deux reprises hier, elle en a été très affectée. On a essayé de la rassurer en lui parlant d’un jeu", explique-t-elle. (...)

Mais c’est un climat d’insécurité plus global, lié aux problèmes de trafic de drogue, que dénoncent certains parents. "Ça fait des années que ça dure. On habite à côté. Ici, on ne sait jamais ce qui va se passer, explique un père de famille. Vous allez chercher du pain, vous passez à côté des dealers. Il suffit qu’ils ne soient pas bien tournés et vous vous faites agresser parce que vous n’avez pas de sécurité... Et voilà. On vit dans la peur permanente", raconte Rémy. Le père de famille se sent impuissant face à un trafic de drogue qui a "pignon sur rue". (...)

Lundi soir, un collectif d’habitants du quartier a mené une action devant un point de deal. (...)

Sylvie accuse : "Gérald Darmanin, qui était venu il y a deux ans, avait dit qu’il allait éradiquer, immeuble par immeuble, les points de deal : fanfaronnades ! Rodomontades !", tempête-t-elle. (...)

En 2021, le ministre de l’Intérieur avait effectivement fait le déplacement dans la Métropole de Lyon, afin d’officialiser des mesures pour lutter contre les trafics de drogue. Autre mesure annoncée : la promesse pour le Tonkin, à Villeurbanne, d’intégrer le dispositif "quartiers "témoins".

L’appel du maire de Villeurbanne... (...)

Le maire explique en appeler, sans succès, à Gérald Darmanin pour régler la situation depuis longtemps. (...)

... et le silence de la place Beauvau

Jeudi soir, alors que le maire de Villeurbanne s’est rendu sur le lieu de la troisième fusillade en compagnie de la préfète de Région, Fabienne Buccio, il a de nouveau lancé un appel à Gérald Darmanin. Dans un message posté sur le réseau social X, le maire de Villeurbanne s’interroge sur "le silence" du ministre de l’Intérieur. "Encore une fusillade au Tonkin ! Heureusement pas de blessé. Gérald Darmanin pourquoi ce silence ?", écrit l’édile jeudi soir. (...)

Et au lendemain de la troisième fusillade, le maire de Villeurbanne tire la sonnette d’alarme et met en garde contre un risque de pourrissement de la situation. "Peut-être que depuis Paris, Villeurbanne n’est pas Marseille. Je n’ai pas envie que cela devienne un lieu où il y a des règlements de comptes quotidiens. Pour cela, il faut se mobiliser maintenant. Si on laisse le quartier s’enfoncer dans un trafic de drogue important, nous serons tous coupables de notre inaction. Nous, nous avons pris nos responsabilités, Monsieur le ministre, prenez les vôtres !", assène le maire PS de Villeurbanne à l’adresse du ministre de l’Intérieur.