
Après le choc du premier tour, les collectifs citoyens du NFP ont repris la mobilisation de plus belle. Ils demandent désormais aux partis de s’engager résolument à les soutenir, notamment en zones rurales, pour qu’ils s’implantent après le 7 juillet.
« C’est un coup dur. On se prend la montée du RN en pleine face. » Le témoignage de Maxime Combes, l’économiste qui appelait à la constitution de centaines d’assemblées populaires locales du Nouveau Front populaire (NFP), ressemble à celui de beaucoup d’autres citoyen·nes de gauche depuis le soir du premier tour des élections législatives. (...)
Les camarades avec qui Maxime Combes assistait à la soirée électorale, dans une ferme alternative des monts du Lyonnais, ont encaissé le choc avec amertume. Ces habitant·es non encarté·es n’avaient pas ménagé leur peine pendant quinze jours, de porte-à-porte en tractages, de discussions de voisinage au militantisme en ligne, comme des milliers de personnes qui se sont jetées corps et âme dans cette campagne précipitée, avec au bout le risque d’une accession de l’extrême droite au pouvoir.
Encore une fois, ils devront « faire barrage » alors qu’ils espéraient voter pour une alternative de gauche et écologiste (...)
Mais les questions se bousculent dans leurs têtes alors qu’à l’évidence, le Rassemblement national (RN) va démultiplier son nombre de député·es et pourrait devenir majoritaire. « Des paroles se libèrent, des digues sautent... Que vont faire ces électeurs RN dans nos petites communes rurales après le 7 juillet ? Comment faire en sorte que personne ne se retrouve seul ? », questionne Maxime Combes, pour qui la campagne du NFP doit s’inscrire dans une stratégie pour faire reculer l’extrême droite à long terme.
Haro sur le fatalisme (...)
Pour l’heure, les collectifs citoyens qui ont germé partout sur le territoire restent concentrés sur l’immédiateté du scrutin du 7 juillet. L’ambition d’un NFP majoritaire à l’Assemblée nationale n’est plus vraiment d’actualité, mais l’objectif d’empêcher l’extrême droite de l’être est devenu plus urgent que jamais. (...)
« La suite », tout le monde y pense malgré un contexte qui incite au présentisme. Surtout dans les zones rurales, où le RN atteint des scores vertigineux. (...)
la faiblesse de la gauche partisane dans les zones rurales. Juliette Rousseau, militante et autrice non encartée, en témoigne aussi sur son compte Instagram. (...)
« La conviction qu’il faut qu’on se mêle de politique locale, et pas qu’institutionnelle, explique-t-elle. J’éprouve le sentiment urgent d’agir à notre échelle, et le député sortant s’inscrit dans cette logique-là. » (...)
Elle critique ainsi les « parachutages » qui ont eu lieu. « Nombre de gens qui font campagne pour des candidats parachutés dans la ruralité éprouvent de grandes difficultés : comment convaincre que la politique a du sens, si même la gauche leur signifie qu’elle pense sans eux ? »
Comme d’autres, elle redoute le récit politique qui risque d’être construit après le 7 juillet, visant à opposer la France des villages à celle des villes. Elle organise donc une marche faisant converger les bourgs et les tours, le 3 juillet, sur un lieu symbolique de la Résistance, à Châteaubriant : « L’idée est de construire un collectif dans la durée, avec les organisations locales, la Confédération paysanne, l’amicale laïque, la CGT, des associations, pour construire une lutte antifasciste à la campagne. Il faut que les gens d’ici fassent le lien entre la mémoire de la Résistance et ce qu’on vit aujourd’hui. » (...)
« On fait quoi le 8 ?, interpelle Lumir Lapray. Aujourd’hui, la mobilisation des indécis en France rurale dépend largement de l’engagement de la société civile et pas des partis. Qu’ont-ils prévu de faire pour pérenniser ça ? On ne se bat pas pour des places ni pour des thunes : à quel moment vont-ils interagir avec nous ? »
Maxime Combes se pose la même question. Quoi qu’il arrive le 7 juillet, la nécessité de structurer ces initiatives spontanées dans la durée le préoccupe. L’économiste rappelle le précédent des collectifs antilibéraux nés de la campagne contre le Traité constitutionnel européen en 2005, qui s’étaient rapidement essoufflés. « Le NFP veut-il rester un cartel de partis parisiens, ou un message national sera-t-il envoyé pour s’ancrer sur les territoires, avec des ressources dégagées ? Ce sont des questions ouvertes », conclut-il.