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« On va continuer à se battre » : les opposants à la loi Duplomb maintiennent la pression
#loiDuplomb #agriculture #pesticides #AssembleeNationale #cancer #resistances
Article mis en ligne le 17 juillet 2025

Recours au Conseil constitutionnel, interpellation de députés, boycott de produits... Après le vote définitif de la loi Duplomb, ses opposants vont multiplier les stratégies pour limiter ses effets néfastes pour l’environnement.

La lutte contre la loi Duplomb n’est pas terminée. Au lendemain de l’adoption par l’Assemblée nationale de ce texte qui réintroduit des pesticides dangereux et facilite la création de mégabassines et d’élevages industriels, parlementaires et associations écologistes préparent la riposte. Les députés écologistes, insoumis et communistes aiguisent leurs arguments juridiques pour saisir le Conseil constitutionnel dans les prochains jours. Les socialistes prévoient également de déposer un recours de leur côté.

Chacun se montre cependant prudent : l’espoir de faire tomber la loi est mince. En limiter la casse tiendrait « de la bonne surprise », dit une cheville ouvrière de ces recours. (...)

« La loi est là, dont acte : on va continuer à se battre, assure Jacques Caplat, coordinateur des campagnes agriculture et alimentation de l’ONG Agir pour l’environnement. On aura moins d’outils en notre faveur, alors on en inventera d’autres. » Son association a par exemple mis en ligne la plateforme Parlementerre, qui liste les députés ayant voté la loi Duplomb et permet de les interpeller par e-mail ou sur les réseaux sociaux. « Il faut que les politiques assument leur choix devant les citoyens, souligne Jacques Caplat. On incite nos adhérents à les interpeller poliment, sans harcèlement ni menaces. »

Le regard de l’opinion pèse sur les votes. La bataille contre la loi Duplomb a vu la mobilisation inédite de médecins, scientifiques et malades du cancer pour en dénoncer les conséquences toxiques. « Grâce à cette mobilisation, le nombre d’élus qui se sont abstenus ou ont voté contre leur famille politique a été significatif, assure la députée écologiste Delphine Batho. (...)

Les associations ne sont pas non plus résignées à céder un pouce au Palais-Bourbon. (...)

On espère convaincre des parlementaires de manière transpartisane pour les faire débattre en niche parlementaire de textes simples, comme l’observation de la concentration foncière. » (...)

Boycott et pression sur les industriels (...)

Lire aussi :

 Loi Duplomb : le malaise de ces députés qui ont voté pour

Interpellés en masse par des citoyens, les députés qui ont voté la loi Duplomb oscillent entre silence, fébrilité et agressivité. Le signe d’un malaise au sujet d’un texte qui réautorise des pesticides et promeut les mégabassines.

« Honte à vous ! » « Je suis profondément en colère », « Je ne comprends pas », « Quelle déception... » Depuis l’adoption de la loi Duplomb le 8 juillet à l’Assemblée nationale, nombreux sont les citoyens et citoyennes mécontents à avoir interpellé leurs députés pour leur demander des comptes, avec cette question brûlante : pourquoi avoir voté cette loi qui facilite l’usage de pesticides cancérigènes et néfastes pour l’environnement, tels que l’acétamipiride ? Absence de réponse, gêne, fébrilité, voire menaces... les réactions des députés interpellés traduisent un certain malaise.

C’est ce qu’a constaté Éléonore [1], 37 ans, pour qui ce vote est « déshonorant ». Grâce à la plateforme Parlementerre, lancée par l’association Agir pour l’environnement, elle raconte avoir interpellé une quinzaine de députés macronistes ayant voté pour, dont deux seulement ont répondu. (...)
Des plateformes en ligne pour interpeller les députés

Comme Éléonore, de nombreuses personnes ont interpellé leurs députés via des plateformes Parlementerre ou Shaketonpolitique, lancée par l’association Générations futures, qui permet également de remercier les députés qui ont voté contre et de télécharger des affiches avec leur nom et la mention « Votre député·e à voté pour la réintroduction des pesticides tueurs d’abeilles qui menacent la santé de toute la biodiversité. Lors des prochaines élections, souvenez-vous-en. ».

« Nous sommes à 304 279 interpellations. C’est une explosion jamais enregistrée sur notre plateforme, constate Hélène Mocquillon, chargée de communication de Générations futures. À titre d’exemple nous étions à 146 038 concernant la proposition de loi PFAS en février 2025. » De son côté, Agir pour l’environnement a enregistré 42 000 visiteurs uniques sur sa plateforme. (...)

Mais ces initiatives ne plaisent pas à tout le monde. Si la plupart des députés sollicités ne prennent pas la peine de répondre, certains réagissent de façon épidermique, menaçant même de poursuivre en justice pour diffamation les personnes les ayant interpellés. C’est ce qui est arrivé à Élodie Tribut, une artiste plasticienne de Haute-Savoie qui travaille sur les oiseaux et se sent à ce titre personnellement touchée par la loi Duplomb, du fait de ses effets sur la biodiversité.

Elle a publié un post sur Instagram intitulé « Le printemps sera bientôt silencieux », en identifiant entre autres la députée (Les Républicains) de son département Virginie Duby-Muller. (...)

De même, une bénévole de Générations futures souhaitant rester anonyme a placardé l’affiche téléchargeable de son député ayant voté la loi sur la devanture de son magasin bio. Peu de temps après, elle a été menacée de plainte pour diffamation par son député et son maire (tous deux Horizons) via des messages privés sur les réseaux sociaux. (...)

Il y a aussi ces députés qui se fendent de longs argumentaires pour justifier leur vote. (...)

Certains, enfin, jouent la carte du soutien aux agriculteurs, pourtant premières victimes des pesticides (...)

« On dirait que certains parlementaires découvrent que le scrutin est public, juge Stephen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’environnement. Mais ils ne peuvent pas être surpris que leur vote entraîne des réactions extrêmement vives. De la colère, même. On ne peut pas en permanence être les petits soldats de l’agrochimie et penser que ça ne se verra pas. Nous, on n’oubliera pas, et aux prochaines élections, on saura le leur rappeler. »

Plusieurs partis de gauche ont saisi le Conseil constitutionnel, qui doit encore se prononcer sur cette loi avant sa validation définitive.