
Le 4 juin, la mairie de Toulouse a annoncé des coupes budgétaires drastiques contre le centre communal d’action sociale (CCAS), entraînant de nombreuses suppressions de postes et fermetures de services. Une attaque contre les travailleurs sociaux et les personnes les plus vulnérables, dont les femmes et les personnes exilées payeront le prix, et face à laquelle il faut faire front.
Le 4 juin, les travailleurs du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Toulouse ont appris la nouvelle brutale : la mairie, le Conseil départemental et la préfecture taillent drastiquement dans le financement de ce service public de l’action sociale. Concrètement, le Pôle Accueil, Information et Orientation (PAIO), qui accueille de manière inconditionnelle toute personne sans-abri, doit fermer au 1er juillet, la prise en charge inconditionnelle des femmes victimes de violences conjugales est supprimée, le pôle Mère isolée avec enfant du Service Intégré d’Accueil et d’Orientation (SIAO) doit fermer au 31 décembre, des remises à la rue de familles hébergées à l’hôtel sont programmées et le service de protection de l’enfance est aussi touché. Une attaque austéritaire inédite contre les travailleurs sociaux, qui font face à de nombreuses suppressions de postes et à des fermetures de services, et les personnes les plus vulnérables et marginalisées, dont la prise en charge est sévèrement menacée.
La destruction d’un service public unique en France (...)
rassemblement devant le siège de Toulouse Métropole, le 10 juin dernier, à l’appel de Sud Collectivités Territoriales. « Les gens qui accueillent du public, les gens de terrain, c’est eux qui sont visés. On est à une trentaine de postes menacés rien que sur le Pôle Lutte contre les exclusions du CCAS ! », détaillait Véronique, déléguée Sud Mairie. « Le PAIO a toujours fait face à un manque de moyens, les budgets n’ont jamais suivi l’inflation », ajoutait Sandrine, représentante du personnel du SIAO. « Mais cette fois on juge que le service ne sert à rien, on l’arrête, il disparaît. »
Cette attaque révèle la volonté de l’Etat de détruire un service public unique en France, qui existe depuis 34 ans et permet une prise en charge plus digne des personnes à la rue. En effet, le statut public du SIAO, l’accueil inconditionnel des personnes sans-abris ou la prise en charge inconditionnelle des femmes victimes de violences conjugales n’a pas d’égal dans les autres villes de France. « La particularité du Samu social à Toulouse, c’est d’être un service public qui permet une prise en charge sans discrimination des personnes à la rue », témoigne une infirmière du CHU Purpan qui travaille régulièrement avec ce service. « Cela permet par exemple aux plus précaires d’avoir accès à des soins, ce qui n’est pas toujours le cas dans d’autres villes où des services privés ont la possibilité de faire une sélection avant la prise en charge ».
Cet accueil inconditionnel, revendiqué par les travailleurs sociaux comme un acquis essentiel, est considéré par les institutions comme un service de luxe dont il faut se débarrasser au nom de l’austérité. (...)
Un tri raciste et sexiste, au nom de l’austérité
Derrière ces économies sur le dos des plus vulnérables, les femmes et les personnes exilées sont en première ligne. À l’été 2023, la préfecture avait déjà tenté d’expulser des femmes victimes de violences conjugales et des familles entières de centres d’hébergement d’urgence, en visant prioritairement les personnes sans-papiers. Une politique raciste et sexiste que poursuit Patrick Lecuyer, le nouveau directeur de la Direction départementale de l’Emploi, du Travail et de la Solidarité (DDETS) de la préfecture de Haute-Garonne, qui a déjà remis à la rue des centaines de personnes aux côtés du maire d’extrême droite Christian Estrosi.
En octobre dernier, les travailleurs sociaux du Pôle hôtel du SIAO ont appris qu’ils devaient identifier 131 ménages « non régularisables » hébergés en hôtel afin de leur proposer des « aides au retour volontaire » (ARV) dans leur pays d’origine (une expulsion du territoire déguisée). Un refus des familles aurait été synonyme d’expulsion sèche de l’hôtel. « C’est un vrai tri raciste, basé sur une logique de préférence nationale », déplore une travailleuse sociale.
Dans un contexte de durcissement de la politique xénophobe du gouvernement, comme en témoignent les récentes circulaires Retailleau, la pression à l’expulsion des personnes sans-papiers des centres d’hébergement d’urgence se renforce au nom des coupes budgétaires. (...)
« Dans certains cas, des travailleurs sociaux se sont même vu demander de procéder eux-mêmes aux expulsions, en totale illégalité – une expulsion forcée relevant normalement d’une décision de justice et de l’intervention de la police. Toutes ces attaques contre le secteur social répondent à une logique à la fois austéritaire et raciste. Face à cela, il est essentiel de politiser nos luttes et de les inscrire dans un cadre clairement antiraciste. La régularisation de tous les sans-papiers doit être une revendication centrale de notre mobilisation. »
Cette même logique de tri s’applique aux femmes les plus vulnérables, notamment celles victimes de violences conjugales. (...)
Face à la politique austéritaire de Moudenc, il faut converger le 20 juin !
Cette attaque s’inscrit plus largement dans un contexte de coupes budgétaires menées par la mairie de Jean-Luc Moudenc. Appliquant avec zèle la politique austéritaire du gouvernement Bayrou, renforcée au nom du tournant militariste, le maire de Toulouse coupe violemment dans les finances des secteurs culturel, associatif et social. Face à cette situation, les agents des bibliothèques ont relevé la tête et ont impulsé une coordination des secteurs en lutte contre l’austérité.
Les victoires partielles arrachées par plusieurs secteurs de la coordination témoignent que les suppressions de postes et de services ne sont pas une fatalité et que la mairie peut reculer sur son offensive. Les acquis stratégiques de la lutte des agents des bibliothèques montrent la voie à suivre (...)
Pour affronter massivement ces attaques austéritaire, refuser la casse du service public et la fragilisation des personnes les plus vulnérables, il est nécessaire de venir nombreuses et nombreux au rassemblement devant le PAIO, 66 bis avenue Etienne Billières, mardi 17 juin à 17h, puis de converger avec les autres secteurs en lutte le vendredi 20 juin, à PAIO, 66 bis avenue Etienne Billières,, à l’appel de la Coordination contre l’austérité !