
Les 22 et 23 septembre prochain, le Sommet de l’avenir rassemblera chefs d’État et gouvernements des membres des Nations Unies pour aboutir à un nouveau consensus international – un moment essentiel pour montrer que la coopération internationale reste cruciale pour faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Dans ce contexte, Robert Simon, animateur du réseau Solidarité internationale du MAN, co-écrit une tribune parue dans La Croix aux côtés de responsables de collectifs citoyens pour demander une réforme de l’ONU qui intègre les propositions de la société civile pour élaborer un pacte pour "une mondialité plus juste, plus sobre, plus fraternelle".
Voici le texte, paru dans La Croix, dans son intégralité :
Avant l’invasion de l’Ukraine, le président français évoquait l’état de mort cérébrale dans lequel se trouvait l’Otan. Depuis, la question de la défense européenne est devenue, à juste titre, un enjeu majeur de débat public. Mais ne peut-on lancer la même alerte à propos de l’ONU, alors que l’humanité elle-même se trouve doublement menacée par le risque de voir sa planète devenir inhabitable et par celui de voir la guerre et la barbarie menacer le cœur des droits humains ?
Cette question décisive mérite d’être posée au moment où l’ONU, dans l’indifférence de nos débats publics, organise un sommet important sur son avenir. Les signataires de cette tribune veulent contribuer à ouvrir ce débat essentiel.
Les 22 et 23 septembre se tiendra le sommet de l’avenir rassemblant les chefs d’État et de gouvernement des États membres des Nations unies ; l’objectif est d’aboutir à un nouveau consensus international pour l’amélioration du présent et la préservation de l’avenir. Ce sommet sera essentiel pour démontrer que la coopération internationale demeure cruciale pour faire face aux défis actuels et à venir. (...)
En cette période cruciale où l’humanité est à la croisée des chemins, il ne faut pas que ce sommet débouche sur des compromis boiteux et des résolutions vagues, mais sur des décisions courageuses qui seront réellement mises en œuvre dans la durée et évaluées pour en corriger et en améliorer l’exécution. La communauté des nations, qui doit se doter d’un ensemble de règles et de moyens pour rendre responsables les parties prenantes de leurs positions et décisions, puis pour les faire respecter, doit en priorité réformer l’ONU.
Près de quatre-vingts ans après la rédaction de la charte de l’ONU, en juin 1945, il faut démocratiser et responsabiliser la gouvernance mondiale, ce qui passe par une remise en cause du rôle des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, et donc de leur volonté de domination sur les affaires du monde.
De nombreuses propositions de réforme de l’ONU ont été faites pour tenir, dont les suivantes : encadrer le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité dont la composition serait revue ; renforcer la justice internationale et le respect de ses décisions par l’ONU et les nations ; créer une assemblée parlementaire des Nations unies et/ou une assemblée citoyenne ; accroître les pouvoirs de l’Assemblée générale et du secrétaire général, mais aussi leurs moyens en veillant au paiement des cotisations et en créant une fiscalité au profit de l’ONU.
L’ONU est réformable si on s’appuie sur une large volonté politique privilégiant le dialogue à l’affrontement, la coopération à la compétition, le respect à la domination, la solidarité à l’égoïsme, l’ouverture au repli. Pour dépasser le thème de la sécurité basée sur la force, il faut donner du sens à une mondialité basée sur la volonté de coconstruire un devenir commun. Ceci requiert que l’humanité entière trouve un langage commun dépassant les différences de cultures et de régimes afin d’élaborer un pacte pour une mondialité plus juste, plus sobre et plus fraternelle.