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paye pour exister
Article mis en ligne le 6 août 2013
dernière modification le 1er août 2013

Je découvre sur le blog de Jade Lemaître que Google a déposé le brevet d’un système de monétisation des commentaires sur Internet, qui permettrait aux internautes de payer pour que les commentaires qu’ils postent apparaissent en meilleure place. On le constate souvent, seuls les premiers commentaires émis à la suite d’un article ont des chances d’être lus par de nombreuses personnes. Les suivants ne sont généralement lus que par ceux qui les ont écrits, par le modérateur et par les participants à d’éventuelles conversations. Si un tel système semble inutile dans le cadre de la plupart des blogs amateurs, qui n’attirent qu’un faible public de commentateurs1, on peut imaginer qu’il ait du succès sur des blogs très suivis et surtout, sur les sites de la presse en ligne, où certaines rubriques « société » ont des centaines de commentateurs assidus.

L’an dernier, Facebook a commencé à proposer aux détenteurs d’une page « corporate » de payer pour que les articles publiés soient particulièrement mis en avant. Plus récemment, ce sont les échanges par message privé entre utilisateurs qui sont devenus optionnellement payants. Envoyer un message privé à une personne avec qui l’on n’a pas de contact coûte 0,76 euro ce tarif peut augmenter, en fonction du nombre de demandes. (...)

Le point commun entre ces nouveaux moyens de monétiser les échanges, c’est qu’ils prélèvent leur dîme sur le droit à exister pour autrui, et qu’ils condamnent ceux qui en refusent ce principe à devenir plus ou moins inexistants. Pour que cela fonctionne, il faut par ailleurs que tout le monde ne paie pas, puisque pour qu’il y ait des gens remarquables, il en faut bien d’autres qui soient invisibles.
Google et Facebook réintroduisent donc de la hiérarchie dans le réseau Internet qui s’est toujours caractérisé par l’égalité entre les personnes qui y sont connectées2. (...)

chacun de nous doit être conscient des risques qu’il encourt à remettre non seulement ses productions (articles, images) mais aussi une partie de sa vie sociale entre les mains de multinationales qui nous voient moins comme des clients en droit d’exiger un service que comme une matière première, un carburant. Et contrairement au pétrole, nous n’avons même pas l’argument de la rareté pour espérer être considérés comme précieux. (...)

La tendance semble être à une inflation du nombre des dispositions qui rendent Internet inégalitaire. À ce sujet, on souhaitera un bon anniversaire à la Quadrature du Net, qui œuvre depuis cinq ans, déjà, pour défendre Internet contre ceux qui menacent l’indépendance du réseau. [↩]