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Mediapart/La lettre enquête
"Personne n’y comprend rien" COULISSES. Un film pour vous et grâce à vous
#Sarkozy #Libye #Mediapart
Article mis en ligne le 14 janvier 2025
dernière modification le 11 janvier 2025

De Brest, de Toulouse, de Nantes ou d’ailleurs, les journalistes qui reviennent des projections-débats organisées depuis la sortie du film Personne n’y comprend rien n’en reviennent pas : partout des files d’attente, des spectateurs refusés, des salles supplémentaires ouvertes en catastrophe par des gérants de salle ultra-motivés.

Et partout une ferveur immense. Des remerciements. Des applaudissements. Des spectateurs et des spectatrices qui ont parfois parcouru plus de 100 kilomètres pour venir voir le film en salle et qui débattent pendant 1 h 30, 2 heures, 2 h 30. Insensé.

Cela parait immodeste de rapporter cela. Ça l’est. Mais c’est un fait, et cela fait chaud au cœur. Surtout après tant d’années à crier dans le désert autour d’une affaire qui nous paraît si importante et qui passe enfin en procès.
Pour Étienne Ollagnier, président de Jour2Fête, le distributeur du film, « c’est un démarrage historique qui rappelle celui de Merci Patron ! ».

Ne nous enflammons pas. « Mais c’est vrai que c’est extrêmement encourageant, se réjouit Yannick Kergoat, le réalisateur du film. En venant, les gens ont l’impression de réaliser un acte démocratique et ils sont heureux car le film rend les coups qu’ils prennent depuis des années avec les mensonges de Nicolas Sarkozy. Face à cela, le film ne fait pas de grande leçon de morale mais rétablit les faits. Beaucoup de personnes me disent apprécier la sobriété du film. Il n’y a pas d’effets ni d’artifices. »

Ce film n’est pour l’instant distribué que dans une cinquantaine de salles en France, ce qui est bien modeste, à l’image de son processus de fabrication. Nous n’avions pas les moyens de fabriquer un tel documentaire et cela va sans dire : nous ne comptions ni sur le soutien de Canal +, ni sur le conseil régional d’Île-de-France de Valérie Pécresse, ni sur aucune subvention étatique.

Mais nous rêvions d’un film. Pour percer le mur de l’indifférence. Pour partir à la rencontre des spectateurs. Pour offrir un contre-récit au bulldozer médiatique dominant.

Le financement, ce sont finalement 10 000 généreux donateurs qui l’ont apporté, à hauteur de 500 000 euros, soit le financement participatif le plus important de l’histoire du cinéma. (...)

L’isolement au moment du financement s’est par certains aspects prolongé au moment de la sortie. Jeudi soir, à l’Espace Saint-Michel, un spectateur a demandé lors du débat qui suivait le film : « J’ai voulu comprendre pourquoi mon cinéma MK2 ne diffusait pas le film. J’ai donc tapé Marin Karmitz + Sarkozy sur Google. Et je crois que j’ai compris. » Le fondateur de MK2 était surnommé « l’autre ministre de la culture de Nicolas Sarkozy ».

« Il y a une censure des grands réseaux, analyse calmement Yannick Kergoat. À part Pathé, qui l’a programmé dans deux salles à Paris et c’est presque un acte politique ! Mais pour le reste, c’est une censure désolante et il faut en parler. »

En parler car les Lillois, par exemple, qui n’ont plus de salle indépendante dans leur ville, sont privés d’un film qu’ils ont parfois financé.

Heureusement, la France compte aussi un formidable tissu de salles de cinéma qui n’appartiennent pas à de grands groupes. Le moment est venu de s’y presser !