
Pour que vive le Festival des passeurs·ses d’humanité.
Pour que les initiatives associatives et citoyennes soient considérées comme une formidable richesse.
Près de 200 acteurs et actrices de l’économie locale, de l’agriculture, du tourisme, de la vie associative et de la culture publient ce plaidoyer-pétition pour un mieux-vivre ensemble dans la Vallée de la Roya.
Plaidoyer pour un mieux-vivre ensemble dans la Roya
Rebond après la tempête
Si la tempête Alex a porté un coup dur à la vallée de la Roya, elle a aussi mis en lumière qu’elle avait frappé dans un endroit attachant. La Roya attire malgré son isolement, elle est singulière par son histoire et son archéologie, vivante par son savoir-faire agro-pastoral et ses initiatives multiples et renversante par sa beauté sauvage.
La tempête a aussi suscité des solidarités nouvelles, avec un renforcement de certains services publics et l’engagement massif de personnes pour nous aider depuis la Côte et de bien plus loin. Les habitants de la Roya ont fait corps pour encaisser.
Qui peut oublier ces moments uniques de cohésion dans la vallée ?
La tempête a aussi libéré des énergies, révélé des talents et fait naître des projets. Désormais, la vie avance, les plantes s’installent à nouveau sur les berges de la Roya, nous continuons à vivre ici, sensibles à la fragilité du monde et décidés à ce que notre vallée soit un endroit où il fait bon vivre, à tous points de vue.
Ça va, ça vient, mais la Roya on s’en souvient !
Rappelons les mouvements de population dans la vallée depuis le début du XXe siècle :
Beaucoup sont partis pour toujours, pour construire une vie ailleurs, une vie meilleure, devenant peut-être « des étrangers » loin de la Roya.
Certains sont partis puis revenus, d’autres n’ont fait que passer, marquant pourtant le paysage à jamais : militaires, mineurs, ouvriers de la ligne de train, des conduites forcées et des barrages, bûcherons, aides-bergers ou bergers-transhumants. D’autres encore n’ont jamais eu à partir.
On peut s’étonner que la Roya attire encore aujourd’hui de nouveaux habitants. Ils reprennent parfois les oliveraies, les châtaigneraies, les terres maraîchères, les scieries, les troupeaux, les vignes ou les emplois liés à l’artisanat et aux services. Ils complètent et enrichissent les savoirs et savoir-faire déjà présents sur le territoire.
Presque tous ceux qui vivent dans la Roya ont une attache viscérale à ce territoire : ce bout de terre, ce sillon étroit, abrupt et exigeant entre deux crêtes qui plongent vers la mer.
Vallée de la diversité
La diversité a toujours existé, les débats d’idées aussi, nous ne sommes pas toujours d’accord, mais après tout, ou plutôt, avant tout :
Nous avons tous choisi de vivre ici, nous devons nous épauler au nom de ce choix et pas nous déchirer !
Chacun peut choisir de célébrer la fête qui la ou le réjouit, et pourquoi pas plusieurs : fêtes patronales ou paysannes, A Stacada, Saint-Éloi, Saint Roch, baleti, fête de la Tourte, de la Mousse, de la Bière, de la Soupe, de la Brebis Brigasque, aubades, festins, Route des Orgues ou Festival des Passeur·ses d’Humanité ! Quelle diversité ! Tout le monde devrait pouvoir trouver sa place !
Rétrécissement ?
Or, nous observons qu’il devient de plus en plus difficile d’organiser le Festival des Passeur·ses d’humanité dans la Vallée : La Brigue ne l’accueille plus depuis deux ans, Fontan n’a jamais souhaité le recevoir, cette année la Mairie de Tende propose des conditions tellement restrictives et différentes des autres années, qu’elles rendent le Festival impossible sur sa commune.*
Pour que vive le Festival des Passeur·ses d’humanité et pour un soutien équitable au monde associatif
On peut aimer un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout le festival des Passeur·ses d’humanité mais une chose est sûre : il contribue à faire vivre nos villages, hôtels, gîtes, restaurants, locations et de nombreux commerçants le soutiennent.
Le festival apporte de l’oxygène avec des débats d’idées autour de valeurs humanistes. Il propose des spectacles et des concerts pour tous et à prix modique. Il fait découvrir la vallée à de nombreux visiteurs, fidèles d’année en année. Et, surtout, il met à l’honneur le patrimoine, les artistes et les artisans de la Roya !
Avec notre diversité de sensibilités, nous voulons dire aux élus et aux pouvoirs publics que la citoyenneté est une chance pour la vallée.
Après les épreuves que nous avons connues : tempête Alex, Covid, menaces sur le train, travaux du tunnel et maintenant avalanche d’amendes, nous disons que nos villages ne peuvent se priver d’aucune initiative qui apporte de la vie !
Nous demandons aux élus de conduire une concertation de bonne volonté avec les organisateurs du Festival des Passeur·ses d’humanité pour stabiliser les dates et les lieux des trois prochaines années. Et plus généralement, nous leur demandons de considérer la vie associative comme une formidable richesse qui dynamise notre vallée et de la soutenir équitablement.
Comme après la tempête, nous ne devons pas jouer les uns contre les autres mais essayer de nous comprendre et de coopérer.
*Cette année le festival sera accueilli dans les villages de Saorge et Breil sur Roya du 17 au 20 juillet. Merci à eux.