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Pourquoi les économistes disparaissent du paysage médiatique
#economistes #medias
Article mis en ligne le 5 février 2024
dernière modification le 1er février 2024

Patrick Artus ne sera pas reconduit à Natixis. Et avec lui, c’est un roc, un incontournable de la macro-économie, une institution à lui seul qui se sépare de son employeur. Le concernant, Guillaume de Calignon des Échos a parlé avec affection de « Lucky Luke de l’économie » tant il canardait plus vite que son ombre ses analyses au fil de l’eau, cela durant cinq décennies. S’imposant comme point de référence incontournable. On pourrait parler aussi de « tonton flingueur », tant son phrasé sans langue de bois, son autorité bonhomme, en imposaient. Au-delà de son cas, c’est toute une race d’économistes, ancrés dans les faits, en connexion avec le monde de l’entreprise, de la finance ou de l’administration, celui de l’académie la plus rigoureuse et du politique qui s’efface peu à peu (...)

Et avec eux, l’économie sort peu à peu de la lumière médiatique. Les débats enflammés autour des crises, des réformes, des turbulences financières ne semblent plus mobiliser l’attention. Pourquoi une telle désaffection ? (...)

Et ce sont aujourd’hui les thématiques géopolitiques, sécuritaires, sociétales ou sociales qui ont pris le dessus. La conjoncture encore en apesanteur, sans stigmates clairs d’une vraie dégradation, endort les cerveaux. (...)

Crise de renouvellement des idées

Il existe aussi des raisons de fond qui bloquent la relève. Elles tiennent à la situation de crise que traverse la discipline, ne parvenant pas à renouveler ses paradigmes. Indéniablement, l’économie peine à embrasser les problématiques nouvelles qu’elle a elle-même contribué à enraciner : le bouclage social, environnemental, voire financier. Plus que jamais, elle échoue à rationaliser les désordres contemporains et à produire des projections éclairantes (...)

Autre raison de fond également, l’intérêt même de la profession. L’abstraction et la technicisation mathématiques de l’enseignement, la perte de reconnaissance des cursus de politique ou d’histoire économique, les critères d’évaluation survalorisant les publications strictement académiques, ce que l’on appelle la course aux étoiles. Tout cela éloigne la profession du débat public. (...)

Combattre le cloisonnement des cultures et des milieux

C’est dommage, car ces économistes pragmatiques, capables de faire la jonction entre l’abstraction universitaire, les acteurs concrets de la vie économique, les politiques, ouverts à d’autres disciplines, sont aussi ceux qui forgent un dialogue permanent entre la théorie et les faits et font entrer l’économie dans le politique, permettant aux citoyens de s’en emparer. Ce sont aussi des têtes chercheuses en termes d’idées nouvelles (...)