
Après deux mois de bras de fer avec les autorités nigériennes issues du putsch du 26 juillet, que Paris s’obstine à ne pas reconnaitre, Emmanuel Macron a enfin annoncé un calendrier de retrait pour les 1500 militaires français basés au Niger, où ils étaient restés présents dans un cadre juridique inédit depuis la fin officielle de l’opération Barkhane. L’association Survie, qui n’a eu de cesse d’alerter sur l’effet contre-productif et vain de la « guerre contre le terrorisme » à la française, rappelle que l’enjeu est plus large : c’est l’ensemble des militaires français présents sur le continent (bases permanentes, forces « de partenariat » au Tchad, coopérants militaires) que l’Élysée doit rapatrier en France.
(...) Pour Patrice Garesio, co-président de l’association Survie, « si on ne parle que du Niger, c’est l’arbre qui cache la forêt. Le débat public en France ne doit pas se limiter à un pays, au risque de recommencer à pleurer dans quelques semaines ou mois sur un prétendu "sentiment anti-français".
Le retrait des troupes françaises du Niger est une étape, mais c’est l’ensemble de la politique africaine de notre pays qu’il faut remettre à plat, et toute sa portée néocoloniale sur laquelle il faut commencer à ouvrir les yeux collectivement. »
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé aux partis politiques un débat parlementaire cet automne sur la politique africaine de la France [4] et que les décisions récentes sur la coopération culturelle et académique avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont soulevé un tollé légitime [5], l’association Survie appelle à ce que le débat public embrasse l’ensemble de la politique africaine de la France. Ses dimensions militaires, économiques et culturelles doivent enfin être mises en débat : c’est à ce pas vers la fin de notre colonialisme que nous invitent les peuples africains en lutte.