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RFI
Prison de haute sécurité en Guyane : colère des élus locaux contre « un bagne 2.0 »
#Darmanin #Guyane #prisons #colonialisme
Article mis en ligne le 24 mai 2025

Dimanche 18 mai, à l’occasion d’un déplacement en Guyane, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé la création d’un quartier de haute sécurité dans une future prison de 500 places qui doit voir le jour en 2028 à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville guyanaise. De quoi provoquer de vives réactions sur la scène politique locale de ce territoire d’Outre-mer qui a abrité un bagne pendant plusieurs dizaines d’années à partir de la moitié du XIXe siècle.

(...) Le garde des Sceaux a évoqué un quartier de 60 places dont 49 pourraient être réservées à des « narco-bandits », considérés, selon les mots de Gérald Darmanin, comme « extrêmement dangereux » en Guyane, en Guadeloupe et en Martinique.

Cette annonce s’inscrit dans un plan plus global, puisqu’en France métropolitaine, deux autres quartiers de haute sécurité doivent voir le jour pour lutter contre le narcotrafic, à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Condé-sur-Sarthe (Orne).

La Guyane est une plaque tournante du trafic de drogue de par sa proximité avec les pays producteurs d’Amérique du Sud. Chaque année des centaines de « mules » sont arrêtées à l’aéroport de Cayenne alors qu’elles tentent d’exporter des substances illicites dans leurs bagages ou dans des ballots ingérés. (...)

Le député de la 1re circonscription de Guyane Jean-Victor Castor a publié ce lundi 19 mai une lettre ouverte au Premier ministre François Bayrou contre cette annonce du ministre de la Justice. (...)

Davy Rimane, député de la 2e circonscription de Guyane, regrette de ne pas du tout avoir pu s’entretenir avec Gérald Darmanin en amont :

« Nul n’a été consulté, il n’a parlé de ça avec personne, il n’y a pas eu d’échange préalable à ce genre de décision. Toute la classe politique guyanaise s’est braquée parce que dans l’inconscient de la population guyanaise ça ramène automatiquement au bagne et les gens n’en veulent pas. Il faut qu’il fasse gaffe parce que ça faisait depuis 2017 que je n’ai pas vu une telle réaction vive et très claire de la part de la population. Donc, il faut qu’il fasse très très attention à ce qu’il pourrait dire par la suite. Il n’est pas question qu’on passe au bagne 2.0. » (...)

L’image du bagne, un souvenir douloureux pour les Guyanais

Lors de l’abolition de l’esclavage en France en 1848, les colonies perdent leur main-d’œuvre. Leurs représentants demandent donc à Paris de leur envoyer des travailleurs pour compenser.

Ce que le gouvernement de l’époque accepte en transférant des prisonniers métropolitains qu’ils regroupent dans le bagne en Guyane. Une sanction qui doit aussi prévenir la récidive des détenus.

Saint-Laurent-du-Maroni restera donc le port d’entrée du bagne entre 1850 et 1938, et pour l’historien Franck Sénateur, Gérald Darmanin fait une erreur avec son annonce, par méconnaissance du poids de cette histoire chez les Guyanais : (...)