
Le fils aîné de Joël Le Scouarnec est venu témoigner, vendredi, devant la cour criminelle du Morbihan pour éclairer la personnalité de l’accusé ainsi que le contexte familial. L’accusé a révélé avoir commis des abus sexuels sur sa petite-fille. Le parquet de Lorient a fait savoir à la presse que "des suites judiciaires seraient données".
L’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, jugé à Vannes (Morbihan) pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients, en grande majorité mineurs, a avoué vendredi 28 février devant son fils aîné avoir commis des "abus sexuels" sur la fille de ce dernier.
"Je reconnais des actes d’abus sexuels sur ma petite-fille", a-t-il déclaré, en présence de son fils aîné, venu témoigner devant la cour criminelle du Morbihan pour éclairer la personnalité de l’accusé et le contexte familial, marqué par des incestes et des agressions sexuelles multiples, commises ou non par Joël Le Scouarnec.
Après ces révélations, le témoin et sa compagne, mère de l’enfant, ont été pris en charge par des psychologues.
La victime, âgée de 12 ans, étant toujours mineure, les actes sont "non-prescrits", a souligné l’avocat général. Le parquet de Lorient a fait savoir à la presse que "des suites judiciaires seraient données" aux déclarations de Joël Le Scouarnec. (...)
"Un grand traumatisme et beaucoup de colère"
Le fils aîné, qui dit ne plus avoir de contact avec sa mère depuis 2017, est allé voir son père après sa détention "pour comprendre ce qu’il faisait là", raconte-t-il. Il repartira ce jour-là sans aucune explication : son père lui dira juste avoir commis des faits "graves".
Le fils sombre dans la dépression, puis l’alcoolisme pendant deux ans après la condamnation en 2020, à Saintes (Charente-Maritime), de son père à quinze ans de réclusion pour les violences sexuelles commises sur quatre enfants, dont ses deux nièces.
Au procès de Saintes, l’avocat général lui a lu un extrait des carnets où l’accusé note scrupuleusement les noms de ses victimes et ce qu’il leur inflige : cet extrait concerne sa fille, âgée alors d’environ 2 ans, devant laquelle Joël Le Scouarnec se serait notamment exhibé.
"Ça a créé un grand traumatisme chez moi et beaucoup de colère", se souvient devant la cour le quadragénaire. Il n’avait cependant pas porté plainte à l’époque.
Pleurs de l’enquêtrice
La cour appelle ensuite par visioconférence une enquêtrice de la gendarmerie qui a épluché les carnets de l’horreur de Joël Le Scouarnec.
Visiblement très éprouvée, celle-ci a fondu en larmes en revivant sa découverte des 300 000 fichiers pédopornographiques trouvés dans les ordinateurs de l’accusé en 2017 à Jonzac (Charente-Maritime).
Le gendarme qui a dirigé l’enquête lui a succédé à la barre pour être interrogé notamment sur ces éléments, dont des clichés ont été projetés à la cour. (...)
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– Au procès Le Scouarnec, l’exemple de Gisèle Pelicot est une source d’inspiration et de courage
Hors norme, le procès du chirurgien Joël Le Scouarnec qui s’est ouvert lundi devant la cour criminelle du Morbihan comporte des similitudes avec le procès de Mazan. Gisèle Pelicot est d’ailleurs, pour l’une des victimes du procès Le Scouarnec, un exemple de courage et une inspiration pour briser la loi du silence.
Lorsque les gendarmes l’ont appelé à l’été 2019 pour l’informer qu’il avait probablement été abusé sexuellement une vingtaine d’années auparavant par le chirurgien l’ayant opéré, enfant, pour une appendicite, Louis-Marie ne les a d’abord pas crus. Aujourd’hui, il témoigne, encouragé par l’exemple de Gisèle Pelicot.
À 35 ans, Louis-Marie est l’une des 299 victimes présumées du docteur Joël Le Scouarnec, dont le procès s’est ouvert lundi 24 février à Vannes (Morbihan) pour viols et agressions sexuelles aggravés, essentiellement sur des mineurs, la plus grande affaire de pédocriminalité jamais jugée en France. (...)
"Il y a eu le mouvement #MeToo, il y a eu Madame Pelicot qui a été extrêmement courageuse, et je pense qu’elle a raison, la honte c’est pas à nous [les victimes] de l’avoir", raconte-t-il.
Afin de préserver sa famille, son identité complète ne sera pas divulguée. (...)