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Qui financera l’eau dans les années à venir ? A propos du droit universel à l’eau, de la protection et de la qualité de l’eau bien commun de la Terre
#eau #servicepublic #privatisation
Article mis en ligne le 22 mars 2024
dernière modification le 20 mars 2024

Qui financera l’eau dans les années à venir ? A propos du droit universel à l’eau, de la protection et de la qualité de l’eau bien commun de la Terre

Ce 22 mars est la 31è édition de la Journée mondiale de l’eau instaurée par l’ONU. Le constat est non seulement décevant, il est dramatique.

L’intolérable et l’inadmissible

Au niveau du droit universel à l’eau, à la vie, plus de 2 milliards d’êtres humains sont encore privés du droit à accéder à la source de vie qu’est l’eau potable, et 4,2 milliards ne disposent d’aucun service hygiénique (toilettes, par exemple). En outre, 4 milliards se trouvent dans un état de stress hydrique élevé (la disponibilité d’eau nécessaire pour vivre dans leur territoire est inférieure à 1.000 m³ par an, par personne, tous usages confondus). On peut imaginer les conséquences sur leur santé et espérance de vie.

Les dirigeants du monde ont abandonné l’objectif d’assurer le droit à l’eau pour tous (selon l’OMS, la FAO et l’UNICEF, au moins 50 litres/jour /par personne). L’objectif donné à la Première décennie internationale de l’ONU (1981-1991) fut l’eau pour tous (années ‘90). Il ne fut pas atteint. Des lors, l’objectif de la Deuxième décennie internationale de l’eau (2005-2015) fut plus « modeste » : assurer l’eau potable à la moitié des personnes sans accès. Échec également. Les ambitions de la Troisième décennie (2018-2028) sont tombées bien bas : simplement, garantir le droit à l’eau à un maximum de personnes !

En outre, il faut savoir que à partir de 1992, les dirigeants mondiaux ont modifié la définition de la portée du « droit à l’eau ». Celui-ci n’est plus « l’accès à un minimum vital d’eau potable pour tous garanti par la collectivité via les finances publiques, par des entreprises publiques ». Il est devenu, comme consacré officiellement par le grand accord mondial de l’ONU représenté par les Objectifs de Développement du Millénaire (2000-2015), « l’accès à l’eau potable sur des bases équitables et à prix abordable » géré par des entreprises privées, même cotées en Bourse, sur la base d’un contrat dit de délégation au privé d’un service public. » Un véritable renversement dans la conception de l’eau, réduite à « bien économique » de marché. (...)

L’intolérable, l’inadmissible, valent aussi au niveau de l’eau en tant que bien commun mondial essentiel pour la vie. A ce sujet, le drame se joue par l’aggravation des processus de dégradation, de contamination et de pollution de la qualité biochimique des eaux (qu’elles soient de surface ou souterraines, y compris les eaux des océans). (...)

au fait que plus la finance privée domine l’économie de la finance globale, plus la pression sur la finance privée pour qu’elle intervienne dans la résolution des problèmes globaux ne fait que croître, et plus la finance privée évalue les choix à faire entre les investissements de manière stricte en fonction de ses critères clés : rendement/ROI-RONA, positionnement sur le marché, alliances/conflits, …)

Ces modifications dans les relations de pouvoir entre finance publique et finance privée interviennent dans un contexte mondial marqué par une crise structurelle de la vie da la Planète (désastre climatique, dévastations des systèmes écologiques) provoquée par une « gestion » des ressources terrestres inspirée par un modèle capitaliste de croissance prédatrice. Or, tout indique que la crise est appelée à s’aggraver, notamment dans le domaine de l’eau (...)

Dans une logique de responsabilité collective et solidaire à l’échelle planétaire ainsi que de gouvernement politique public participatif, on peut identifier les enjeux suivants :

  • le financement pour garantir à tous la provision de l’eau potable et pour l’hygiène, sans discrimination et sans retards ultérieurs, en tant que droit humain universel ;
  • le financement pour protéger l’eau, bien commun public mondial (en relation avec l’alimentation, la santé et le logement) ;
  • le financement pour lutter contre la pollution des eaux ;
  • le financement des institutions nécessaires, à l’échelle « locale » et mondiale, pour assurer un gouvernement de l’eau (et des autres biens communs mondiaux mentionnés) fondé sur la participation effective des citoyens ;
  • un enjeu particulier, urgent aussi, est le financement de l’eau minérale et de source en bouteille (460 milliards de bouteilles en plastique en 2023 !) Leur production, transport, commercialisation (...)

L’humanité risque de se trouver dans une condition paradoxale : celle de dépendre de la finance privée pour faire face et éliminer les inégalités et les injustices créées par le système économique qui nourrit la puissance de la finance privée. (...)

Il faut s’orienter vers un système de gouvernement public de la vie, du local au planétaire, centré sur l’interconnexion entre eau, alimentation et santé dans le contexte d’une politique publique de la connaissance (non seulement de la science et de la technologie), le tout fondé sur un système économico-financier de nature coopérative et solidariste.