
Tandis que l’extrême droite tisse un suaire noir sur l’Europe et qu’en France la dissolution de l’Assemblée nationale a créé une dramaturgie extrême autour du cauchemar d’un retour au pouvoir de l’extrême droite en France, le sursaut civique des législatives doit perdurer. Le danger est en effet grand de voir la démocratie illibérale triompher en France comme c’est le cas dans plusieurs États européens déjà, avec ses régressions en matière de libertés et de droits fondamentaux, ses fièvres identitaires, ses politiques de rejet, de nationalisme exacerbé et ses politiques antimigrants de plus en plus inhumaines.
À l’heure où les deux périls vitaux pesant sur l’avenir de l’humanité sont l’inhabitabilité de la Terre et la menace de la guerre, on assiste au reflux des idées humanistes, égalitaristes et écologistes. Or, ce sont les forces sociales porteuses de ces idées qui pourront demain répondre à ces deux menaces majeures. À condition de mener et de gagner la bataille culturelle que les tenants des idées de rejet, de repli et de haine sont en train de remporter. Cela prendra du temps, de l’énergie car il faut réinvestir le champ culturel, médiatique en recréant des corps intermédiaires afin de répondre au délitement de notre société. (...)
L’urgence pour le NFP est de construire, de renforcer, de structurer au long cours le nouveau front démocratique et humaniste sans abdiquer sur l’exigence de justice sociale et environnementale et de rupture à l’ordre libéral productiviste. Cela se fera en dépassant le seul cadre de convergences interpartidaires mais en mobilisant la société civile, la jeunesse, le monde scientifique, intellectuel, culturel, syndical, associatif qui aspire au changement. (...)
Il faudra pour cela créer une coopérative « La Fabrique des Communs » avec pour mission première la réparation, la bifurcation et la réconciliation de notre société balkanisée. Cette instance horizontale aura pour objectif de mettre dans le débat public de nouvelles utopies concrètes car c’est l’espoir qu’il convient de réhabiliter pour rendre fécondes de légitimes colères et éviter le triomphe des passions tristes. (...)
Cela passe aussi, et cela est capital, par l’échelon local en créant de nouvelles « oasis de fraternité » comme nous y invite Edgar Morin.
La sécurité sociale de l’alimentation, les communautés locales énergétiques, l’industrie low-tech adaptée aux besoins des territoires, le revenu de transition écologique permettant de former aux nouveaux métiers sont autant de nouveaux horizons à explorer, à expérimenter, ici et maintenant, pour recréer du commun, de l’autonomie émancipatrice. (...)
Tout commence demain. En agissant du local au global. En faisant notre la formule d’Édouard Glissant « agis dans ton lieu, pense avec le monde ».
Les chantiers sont vastes. (...)