De multiples appels aux boycotts ont été lancés concernant le festival de BD d’Angoulême. L’événement, prévu début 2026, ne se tiendra pas selon « Libération ». Une information démentie par l’organisation du festival auprès de « Ouest-France ».
« L’horizon n’a jamais semblé aussi apocalyptique. Le festival a beau avoir le cuir dur, cette annulation de l’édition 2026 pourrait bien signifier sa disparition définitive », avait affirmé l’un des deux directeurs artistiques du FIBD (Festival international de la bande dessinée d’Angoulême), Fausto Fasulo, à Libération.
(...) La société organisatrice très critiquée
Depuis la dernière édition de l’événement fin janvier, la société 9e Art + qui l’organise depuis 2007 est critiquée de toutes parts pour son manque de transparence, de supposées dérives commerciales et le limogeage, en 2024, d’une salariée après qu’elle eut déposé plainte pour viol.
Alors que de nombreuses autrices et auteurs appelaient au boycott, les grands éditeurs ne s’y rendront pas, toujours selon Libération. (...)
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– (Radio France)
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Suite à des menaces de boycott des auteurs, et surtout des autrices de BD et aux désengagements multiples, les grands éditeurs seraient, selon le journal Libération, prêts à ne pas venir en janvier 2026. Ce qui conduirait à l’annulation du festival. Suite à des menaces de boycott des auteurs, et surtout des autrices de BD et aux désengagements multiples, les grands éditeurs seraient, selon le journal Libération, prêts à ne pas venir en janvier 2026. Ce qui conduirait à l’annulation du festival. (...)
Le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême traverse la plus grave crise de son histoire. Depuis janvier 2025, révélations sur des violences sexuelles, accusations de management toxique et bataille pour le contrôle de l’événement ont ébranlé cette institution culturelle. Le samedi 8 novembre, le Festival révélait les résultats d’un appel à projet pour la gestion et l’organisation du Festival après 2027. Elle reconduisait Franck Bondoux, et sa société 9e art +, et elle enjoignait la Cité de la BD d’Angoulême à collaborer avec eux. Mais les appels à boycotter le festival par les auteurs de BD, dont certains récipiendaires du Grand prix, et des grands noms de l’édition, se multiplient. (...)
Une plainte pour viol qui déclenche la tempête
Tout commence avec l’enquête publiée par L’Humanité Magazine signé Lucie Servin le 23 janvier 2025, qui révèle le licenciement d’une salariée du festival après avoir porté plainte pour un viol qu’elle aurait subi lors de l’édition 2024. Chloé, prénom d’emprunt, raconte s’être réveillée "en panique, nue dans un lit" après une soirée du festival, sans aucun souvenir des heures précédentes. Selon son témoignage dans Elle Magazine du 31 janvier 2025, elle aurait été licenciée pour "faute grave" onze jours avant d’atteindre ses six mois d’ancienneté, la société 9e Art+ lui reprochant un "comportement inapproprié" et un "état d’ébriété". L’affaire soulève une vague d’indignation dans le milieu de la bande dessinée. Le Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA) lui adresse un message de solidarité : "Nous te croyons." Une enquête de l’Inspection du travail pour licenciement discriminatoire est en cours, et la plainte pour viol a finalement été transmise au parquet d’Angoulême le 11 février 2025, un an après son dépôt initial à Paris. (...)
Un projet de fusion contesté et un bras de fer institutionnel
Au-delà de l’affaire Chloé, c’est toute la gestion du festival par la société 9e Art+, dirigée par Franck Bondoux depuis 2007, qui est remise en cause. (...)
Un appel à projets controversé et des menaces massives de boycott (...)
Dans ce climat délétère, 400 auteurs et professionnels ont signé en avril un appel au boycott publié dans L’Humanité, une pétition en ligne dépassant les 2 000 signatures. Le symbole le plus fort vient d’Anouk Ricard, Grand Prix 2025, qui annonce le 14 octobre renoncer à participer au festival et à l’exposition qui devait lui être consacrée : "C’est un choix personnel, réfléchi, en accord avec mes convictions et en soutien aux voix qui demandent un changement nécessaire et qui appellent au boycott", explique-t-elle sur Instagram.
Plusieurs éditeurs indépendants (L’Association, 6 pieds sous terre, Même Pas Mal, Exemplaire ) annoncent également qu’ils ne viendront pas. Le 10 novembre, plusieurs Grands Prix dont Florence Cestac, Riad Sattouf ou Jacques Tardi déclarent boycotter aussi l’évènement "en danger de mort". L’autrice Pénélope Bagieu déclare, elle, dans la matinale de France Inter du 11 novembre 2025 : "Comme toujours, seul le collectif fonctionne. On avait demandé un appel d’offre publique avec d’autres candidatures pour reprendre le festival. Or ça n’a pas été fluide. Malheureusement, pour se faire entendre, il ne reste plus beaucoup d’autres solutions que de ne pas aller au festival, au moins cette année. Il faut du changement à Angoulême." (...)
D’autres désengagements suivent
Le 11 novembre, c’est l’annonce de gros éditeurs de BD du groupe Média Participations - Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Kana et Urban Comics – de ne pas se rendre à la 53e édition du festival de BD prévue du 29 janvier au 1er février 2026. "Se rendre à Angoulême avec la très grande majorité des autrices et des auteurs qui n’y sont pas, n’a absolument aucun sens", note Stéphane Aznar, directeur général des Éditions Dargaud. Suivi le 12 novembre par le Groupe Delcourt qui informe qu’en"l’état actuel des choses, il ne participera pas à l’édition 2026 et appelle à une refonte urgente du festival".*
Puis, coup de théâtre, le 13 novembre, l’association organisatrice a annoncé un nouveau processus de sélection pour le choix du futur organisateur de l’événement et que 9e art + ne serait plus en lice en 2027. Ensuite, le 14 novembre, l’association, FIBD, qui gère le célèbre festival de BD, décide d’écarter l’actuel organisateur, 9e Art+, et son directeur très décrié, Franck Bondoux, de l’appel d’offres pour l’édition de 2028. Dans le même temps, les autrices appellent au boycott et se mobilisent sous le slogan #girlcott. Enfin, le 19 novembre 2025, le journal Libération annonce que l’édition 2026 du festival est annulée. Ce que ne confirme pas encore le SNE, le syndicat des éditeurs.