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Libération
Sarkozy réclame la présomption d’innocence qu’il avait refusée à Zyed et Bouna
#Sarkozy #ZyedBouna #memoire
Article mis en ligne le 28 octobre 2025
dernière modification le 25 octobre 2025

En 2005, l’alors ministre de l’Intérieur traitait de voleurs les deux adolescents qui avaient fui la police avant de mourir électrocutés. Désormais incarcéré, il réclame la clémence d’un système qu’il a contribué à durcir, pointe l’écrivain Nadir Dendoune.

Il y a vingt ans, le 27 octobre 2005, trois gamins ont couru pour fuir la police. Zyed, Bouna et Muhittin. 15, 17 ans. Ils n’ont rien volé, rien cassé. Ils ont eu peur, simplement. Peur d’un contrôle de trop, peur d’une garde à vue de plus, peur de ce rapport de force qu’on apprend très jeune dans certains quartiers. Alors ils ont couru, comme on court pour sauver sa peau. Ils se sont réfugiés dans un transformateur EDF. Zyed et Bouna sont morts, électrocutés. Muhittin a survécu, brûlé, abîmé, marqué à vie.

Et pendant que la nouvelle de leur mort se répandait à peine, le ministre de l’Intérieur d’alors, Nicolas Sarkozy, n’a pas hésité une seconde : il les a traités de voleurs. Comme ça. Sans preuve, sans pudeur, sans attendre. La présomption d’innocence, il l’a jetée à la poubelle. Parce que, dans sa tête, ces gamins-là étaient déjà coupables. Coupables d’être pauvres, coupables d’être arabes et noirs, coupables d’habiter là où la République envoie les CRS au lieu d’envoyer des profs.

Vingt ans plus tard, l’histoire a une ironie que même les scénaristes n’auraient pas osée. Ce même Sarkozy, (...)